Polémique. Un projet d'usine de bois de chauffage divise spécialistes de la forêt et élus

À Guéret (Creuse), le projet d'usine de granulés de chauffage mené par l'entreprise Biosyl ne satisfait pas tout le monde. D'un côté, la société et l'ONF qui louent la réutilisation de certains bois. De l'autre, des élus qui regrettent que tous les éléments d'une telle implantation ne soient pas pris en compte. Le conseil communautaire doit trancher le 16 novembre prochain.

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L'implantation d'une usine de granulés de chauffage (pellets) créée la discorde entre entrepreneurs, associatifs et politiques du côté de Guéret (Creuse). À la tête du projet, l’entreprise Biosyl, qui souhaite créer son troisième site en France, en réutilisant du bois issu de l’exploitation forestière. L’entreprise possède déjà une usine en Haute-Loire et dans la Nièvre. Ce lundi 16 octobre, la consultation publique s'est ouverte pour un mois.

"Offrir les moyens aux forestiers de faire de la gestion durable"

Cette nouvelle structure s’implanterait sur ce terrain de quatorze hectares, dans la zone industrielle au nord de Guéret. Biosyl, créée il y a environ dix ans, promeut "une énergie décarbonée, locale et made in France", selon son directeur général Antoine de Cockborne. "Biosyl est née dans une nécessité de trouver des débouchés pour les petits bois."

L'entrepreneur assure être au service des forestiers, "pour leur offrir les moyens de faire de la gestion durable". Un enjeu "très important" pour, selon lui, "rendre des forêts plus dynamiques, plus productives et plus captatrices de carbone."

Le territoire de la Creuse possède "des disponibilités et des ressources" qu'il souhaite utiliser avec parcimonie. "Les besoins de Biosyl sont seulement de 3,5% de l'accroissement naturel (l'équivalent du volume de bois supplémentaire produit naturellement à l'année, en plus du stock déjà existant)", garantit-il. 

Antoine de Cockborne peut compter sur l'Office national des forêts (ONF) pour pousser son projet et l'aider à son approvisionnement en bois. Jean-François Le Maoût, est le directeur de l'ONF Limousin. "L'ONF s'est engagée à hauteur de 10% de l'approvisionnement total de Biosyl, réparti sur cinq départements", avance-t-il. "Cela nous permet d'engager au plus vite nos régénérations d'arbres, avec un débouché supplémentaire pour l'exploitation de ces bois qui n'ont pas d'autres valeurs."

Il promet que ce partenariat ne va pas à l'encontre des règles "de gestion durable des forêts" fixée par l'office. "On ne va pas prélever plus parce que Biosyl nous achète un peu de bois", ajoute-t-il comme autre argument de préservation des forêts. 

Beaucoup d'entreprises déjà présentes sur ce secteur selon une députée

Sur le papier, le projet semble louable. Mais la lecture est différente pour Catherine Couturier, députée LFI de la Creuse. "C'est surprenant que ce dossier d'une telle dimension ne soit pas en enquête publique, c'est-à-dire en classement d'autorisation", amorce-t-elle. Avant de préciser, en montrant un registre de consultations : "Ce registre permet à chaque citoyen de porter des remarques. La première que je vais porter, c'est d'avoir une véritable enquête publique, avec ce qui est lié, comme des conséquences environnementales par exemple" indique-t-elle. 

L'élue rappelle que l'implantation prévue "se situe à proximité du méthaniseur, d'un projet photovoltaïque, et de l'entreprise Picoty classée Ceveso", regrettant que "ces éléments ne semblent pas pris en compte". 

Ce projet évalué à 25 millions d’euros sera présenté aux élus lors du conseil communautaire le 16 novembre prochain. Si le projet est validé, les travaux pourraient débuter au premier semestre 2024.

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