Les élus de la communauté d’agglomération du grand Guéret ont décidé de retirer ses délégations de vice-présidente à Marie Françoise Fournier. La tension avec Éric Correia, président de l’agglomération, reste importante.
A chacun d’entre eux, nous avons posé la même question : Comment quitter cette situation conflictuelle ?
D’ordinaire, les élus de l’agglomération travaillent en commissions. Les décisions sont prises lors d’une réunion de l’ensemble des vice-présidents chaque semaine. Marie Françoise Fournier se plaint de ne pas être prise au sérieux lors de ces bureaux de l’exécutif communautaire : “on ne prend pas notre parole en considération, on ironise quand on pose des questions. On ne nous prend pas au sérieux”.
Je souhaite qu’on me garantisse le droit de poser des questions et de garder ma liberté de parole.
C’est ce qui aurait poussé le 1er édile de la ville préfecture de la Creuse à demander le départ d’Eric Correia, ne comprenant pas le déficit de 3,6 millions d’euros, ni la hausse d’impôts envisagée.
De son côté, Eric Correia se dit dans l’incompréhension la plus totale quant à l’attitude de Marie Françoise Fournier : “Si les élus de Guéret sont dans une optique de travail, ça ne me pose aucun problème qu’ils réintègrent l’exécutif. On n'est pas dans une cour de récréation. C’est l’intérêt général qui doit primer.”
Eric Correia affirme avoir expliqué aux élus que l’augmentation de la fiscalité aurait pu être évitée si l'établissement public dont il a la charge n'avait pas reversé d’attributions de compensation aux 25 communes de l’agglomération. Pour cela, il aurait fallu que toutes soient d’accord. Une seule a refusé. Il aurait donc été impossible de combler le déficit autrement que par l’augmentation des impôts
Conseil communautaire agité
Mardi 11 mai 2021, 26 élus contre 25 ont donc décidé de ne pas maintenir Marie-Françoise Fournier à son poste de 14ème vice-présidente déléguée à la politique de la ville.
Le maire de Guéret a alors décidé de quitter la séance : "C’est un déni de démocratie à l’état pur, une agglomération qui va fonctionner sans sa ville-préfecture, qui pèse 40% de la population et 60% de ses ressources. On apporte la majorité des ressources et on n’a pas le doit d’être à la gouvernance".
Christophe Moutaud, adjoint au maire de Guéret, a de lui-même démissionné de ses fonctions de vice-président chargé de la mutualisation des travaux. Même chose pour François Vallés, conseiller municipal guéretois et conseiller délégué aux transports urbains à l’agglomération.
Avant ce vote, plusieurs élus ont déploré cette situation de crise.
Jean-Pierre Lécrivain, Maire de Jouillat (23) dénonce "une ambiance délétère", faite de "règlements de compte politiques", dans lesquels il se sent "pris en otage".
Henri Leclère, élu de Guéret, indique : "Nous sommes présents, en commission comme sur le terrain, je voulais simplement partager avec vous ce qu’un tel procès a de profondément blessant et injuste".
Sylvie Bourdier, candidate malheureuse à la mairie de Guéret, a déploré que nous soyons encore "dans les séquelles de la campagne guéretoise" des municipales
La séance s'est donc achevée prématurément avec le départ des élus guéretois.
► Le reportage de Annaick Demars, Robin Spiquel et Bastien Boulesteix.
Intervenants : Intervenants : Marie-Françoise Fournier , maire (SE) de Guéret ; Eric Corréia, président (PS) de l'agglomération du Grand Guéret ; Jean-Pierre Lécrivain, maire de Jouillat (23)