Comment rendre attractifs les métiers du bâtiment ? Place Bonnyaud à Guéret (23) les 14 et 15 octobre 2022, des entreprises creusoises viennent présenter leur secteur d’activités, de la maçonnerie à la menuiserie en passant par la peinture. Nous avons rencontré deux jeunes qui ont fait le choix de l'artisanat.
À seulement 17 ans, Antoine Simonnet est déjà en troisième année de baccalauréat professionnel. C'est tout naturellement que son choix s'est porté vers la menuiserie ; la matière noble qu'est le bois mais aussi son histoire personnelle l'ont poussé vers cette profession.
C'était la passion de mon grand-père, j'ai passé beaucoup de temps avec lui quand j'étais petit. De ce fait, j'ai toujours baigné dedans, ça m'a toujours plu. C'était un rêve d'enfant.
Antoine Simonnet, alternant en troisième année de bac professionnel
Antoine fait partie de ces jeunes qui préfèrent la vie active aux études longues. Il est rémunéré et alterne travail à Saint-Vaury (23) et école depuis le 11 juillet dernier.
Le BTP en mal de vocations
Mais pour l'entreprise qui l'emploie, il est compliqué de former des jeunes.
Il faut aller chercher les jeunes, les motiver en leur montrant que ce sont des métiers de passion, que travailler n'est pas qu'un gros mot et qu'on peut prendre du plaisir derrière l'établi.
Manuel Roossens, gérant de l'entreprise L'Art du Bois
Depuis la fin des années 90, le secteur semble être en mal de candidats, et ce malgré l'amélioration des conditions de travail. Dans cet atelier, les semaines sont basées sur un rythme de 35 heures, avec 4 jours travaillés.
On a de moins en moins de demandes. Il y a dix ans, on recevait régulièrement des CV. Le bâtiment a une image assez négative : travail physique, souvent dehors... Mais ce n'est pas forcément vrai. Ici, nous travaillons dans un atelier, il y a le chauffage, on est équipé de casques, les machines sont de moins en moins bruyantes...
Manuel Roossens, gérant de l'entreprise L'Art du Bois
À une quinzaine de kilomètres, à Grand-Bourg (23), cela fait neuf ans que Philippe Vilmin travaille sur les routes, toujours avec la même motivation, pour perfectionner son métier.
La maçonnerie est le métier le plus varié du bâtiment, on peut toucher toute matière, couleur, finition... Même une pierre, ce n'est jamais la même dans chaque région, on ne fait jamais la même chose. On apprend tout le temps, c'est ça qui est génial.
Philippe Vilmin, compagnon maçon à la Fédération Compagnonnique
L'homme de 23 ans questionne le système scolaire qui a sa part de responsabilité dans la baisse d'attractivité du secteur.
Au collège, on ne pousse pas les jeunes à aller dans le bâtiment, je pense que c'est une bêtise. Quand j'étais à l'école, on m'a dit "tu as de trop bonnes notes pour faire maçon". Si c'est ce que l'enfant veut faire, qu'il le fasse ! On a l'impression que pour être maçon, il faut être bête, mais on utilise la lecture de plan, Pythagore, on réfléchit sur les chantiers... On utilise nos mains, mais aussi notre tête.
Philippe Vilmin, compagnon maçon à la Fédération Compagnonnique
Ici aussi, les jeunes sont de moins en moins nombreux à venir frapper aux portes des entreprises, qui peinent à se renouveler. En Creuse, 1 400 entreprises du bâtiment emploient 1 200 salariés... Il en faudrait en réalité le double.
On a une part de responsabilité là-dedans, (...) On n'a pas joué notre rôle de prendre des apprentis et de former des jeunes pour la succession et la relève d'aujourd’hui. Donc, on se retrouve avec 30 ans de retard. La maçonnerie de pierre prend du temps, et ce temps, on ne pourra pas le rattraper.
Stéphane Peyrat, gérant de l'entreprise Peyrat
La FFB Creuse (Fédération Française du Bâtiment) organise les vendredi 14 et samedi 15 octobre 2022 la "Journée Bâtiment fait son show".
L'occasion pour des entreprises creusoises de venir présenter leur secteur d’activité et de rendre attirants leur métier, et ainsi, donner envie à de nouveaux jeunes, comme Antoine et Philippe, de rejoindre le BTP...