Réunionnais de la Creuse : 70 exilés et leurs enfants sur le départ pour l'île de la Réunion

Les Réunionnais de la Creuse se rendront, cette semaine, sur l'île de leurs aïeux pour tenir un congrès, le 5 décembre, à Saint-Denis de la Réunion. Un voyage qui ravive toujours un passé qui ne passe pas.

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C'est toujours une joie, autant qu'une épreuve. Soixante-dix Réunionnais de la Creuse, et leurs enfants, bouclent leur bagage pour un séjour de quelques jours sur l'île qui les a vu naître. Ils se retrouveront lors d'un congrès organisé le 5 décembre à Saint-Denis de la Réunion.

Ceux que l'on a souvent décrits comme les "enfants exilés" n'ont pas abandonné leur combat pour faire reconnaître leur traumatisme. Entre 1962 et 1984, plus de 2000 jeunes Réunionnais ont été arrachés à leur famille par la DDASS. Les services sociaux persuadaient des parents pauvres de leur confier leurs enfants, afin qu'ils soient placés en métropole. Il leur été promis un avenir radieux, des études à l'université et des retours réguliers pour les vacances.

Mais il n'en était rien. Ces enfants déracinés ont été conduits en Creuse dans des foyers ou des familles d'accueil et n'ont revu leur île natale que des décennies plus tard. Certains n'ont jamais retrouvé leurs parents biologiques.

"Mes enfants n'ont pas d'héritage"

Ce scandal d'Etat, longtemps tu, a donné lieu à de nombreux livres et documentaires, mais jamais à une condamnation au plan pénal de la France et des responsables de l'aide sociale à l'enfance en charge de ces exils forcés. Aujourd'hui encore, les Réunionnais de la Creuse et leurs descendants vivent dans le traumatisme de ce déracinement. Marlène Morin a quitté sa famille en 1966. Durant des décennies, elle a gardé le silence et enterré son passé. Puis, un jour, elle a décidé de rouvrir ce chapitre inachevé de sa vie : "Mes enfants me posent des questions donc il faudrait bien essayer d'y répondre. Ils n'ont pas d'héritage, ils ne savent rien", nous confiait-elle en 2017.

Son déracinement a par ailleurs affecté sa relation avec ses enfants. "Je n'ai jamais connu l'amour d'une mère, donc je n'ai pas su le leur transmettre", observait-elle, amère en 2017, dans une interview que nous avions réalisée avec elle alors qu'elle commençait à netreprendre des démarches pour renouer les fils de son passé.  En 2019, les ex-pupilles réunionnais ont saisi le Défenseur des Droits pour dénoncer l'inaction de l'Etat, depuis la publication d'un rapport pointant la "responsabilité morale" des autorités de l'époque.

Une "faute" de l'Etat, selon Emmanuel Macron

Mise en place en 2016 par George Pau-Langevin, alors ministre des outre-mer, cette commission d’information et de recherche historique avait mise en exergue les pratiques et les dysfonctionnements des services de la protection de l'enfance.

Emmanuel Macron avait alors répondu à la publication de ce rapport, en 2019, en envoyant une lettre aux associations des Réunionnais de la Creuse. Le président de la République y reconnaissait une "faute" de l'Etat français et enjoignait l'administration à aidé les enfants déracinés dans leurs démarches. Ces déclarations n'avaient été suivies d'aucun effet concret.

 
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