Après la sécheresse de cet été, l’approche de l’hiver inquiète les agriculteurs. Dans la Creuse comme dans d’autres départements, les éleveurs ont en effet déjà bien entamé leurs réserves de foin pour nourrir leurs bêtes.
Comment nourrir les animaux cet hiver ? Dans la Creuse, c’est la question que se posent tous les éleveurs. A l’origine de leur inquiétude, la sécheresse de cet été, dont les conséquences se font sentir aujourd’hui. A cause de la chaleur, les pâtures ont grillé, et l’herbe ne pousse plus. Résultat : les agriculteurs ont dû entamer leurs réserves de foin, depuis un moment déjà, alors que les troupeaux peuvent normalement manger l'herbe des prés à cette période de l’année.
"On a entamé le stock d’hiver de 30% à peu près", témoigne ainsi Thierry Rochetaillade. Le risque, c’est que les hangars soient vides à la fin du mois de janvier. Il faudra pourtant tenir jusqu’en avril, moment où les bêtes retourneront dans les prés. La solution, acheter ailleurs, n’en est pas vraiment une : "Ça va impliquer de taper dans la trésorerie, et aujourd’hui on ne peut pas se le permettre", commente l’agriculteur.
"Passer à la vitesse supérieure"
Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, était en déplacement dans le département lundi 1er octobre. L’occasion de rencontrer les agriculteurs et de recueillir leurs doléances. Avec une volonté : trouver des solutions sur le long-terme, pour éviter les crises à répétition :
Il faut une bonne fois pour toutes qu’on arrête d’avoir régulièrement ces crises, dont on voit qu’elles ne se solutionnent qu’à court-terme.
En attendant, une demande de reconnaissance en calamité agricole de la Creuse a été faite, mais elle n’aura sans doute pas de réponse avant quelques mois : le Comité de Gestion des Risques Agricoles (CNGRA) ne doit se réunir qu’au mois de janvier 2019 pour étudier le dossier complet. Pour les agriculteurs creusois, le délai est trop long : "Il faut passer à la vitesse supérieure", réclame ainsi la FDSEA. "Si des fonds n’arrivent pas rapidement sur les exploitations creusoises, la profession agricole ne garantit pas que la colère du terrain ne se fera pas ressentir aux portes des administrations creusoises", prévient la fédération sur son site.
Dans l’été, des mesures de restrictions d’eau ont été prises tout le mois de septembre, lorsque le département a été placé en état de "crise renforcée", mais n’ont malheureusement pas suffi. La Creuse n’est pas le seul département à devoir faire face à une sécheresse record : en Corrèze aussi les réserves d’eau sont au plus bas. Début septembre, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont également demandé la reconnaissance de calamité agricole. Celle-ci, à distinguer de l’état de catastrophe naturelle, est reconnue après enquête. Les exploitants ont alors 30 jours pour faire une demande d'indemnisation auprès de la direction départementale des territoires.