Père et fils d'origine sudéoise, Allan et Anders Österlind ont vécu dans la vallée de la Creuse et l'ont immortalisée en peintures. Leurs descendants ont fait don, fin septembre, de deux tableaux au musée d'Éguzon (Indre) et au centre d'interprétation Hôtel Lépinat de Crozant (Creuse), dans le but de promouvoir les œuvres de leurs aïeux.
C'est une histoire de famille écrite sur 150 ans entre la Suède et la Creuse. Père et fils, les peintres d'origine scandinave Allan Österlind (1855-1938) et Anders Osterlind (1987-1960) ont chacun immortalisé les paysages et habitants de la vallée de la Creuse, des ruines de Crozant (Creuse) au village de Gargilesse (Indre).
À l'occasion des Journées du patrimoine fin septembre, deux peintures à l'huile - l'une du père et l'autre du fils - ont chacune rejoint la collection du centre d'interprétation Hôtel Lépinat de Crozant et celle Musée de la vallée de la Creuse à Éguzon (Indre).
"Il avait sa place ici"
Ce sont des dons de l'association A. Osterlind, créée par les descendants des artistes. "Nous avons souhaité donner ce tableau de bouquet réalisé par mon grand-père au musée d'Éguzon pour les remercier du travail accompli lors de l'exposition Anders Osterlind, la force du paysage, qu'ils ont accueillie entre mai et novembre 2023, explique Barbarine d'Ornano, petite-fille d'Anders et arrière-petite-fille d'Allan, à propos de l'huile Vase de fleurs sur fond de paysage, peinte en 1957. Cela permet de continuer la promotion de l'œuvre de notre grand-père."
Le second tableau offert par l'association à l'Hôtel Lépinat, est une œuvre d'Allan, l'arrière-grand-père. "C'est un Portrait de jeune fille, soit le portrait de Gabrielle, la fille de l'aubergiste de l'hôtel Lépinat, qui recevait les artistes qui venaient à l'époque peindre les paysages, raconte Barbarine d'Ornano. Lorsque l'association a acquis ce tableau en vente, c'était pour en faire don au musée. Il avait sa place ici," sourit-elle.
Ce devoir de mémoire, ça a toujours été dans l'ADN de la famille. On a de vraies valeurs de partage de la peinture : on se prête les toiles par exemple, ça va de soi entre nous.
Barberine d'Ornanodescendante des peintres Osterlind
Un devoir de mémoire
L'association A. Osterlind réalise une veille régulière sur les ventes des œuvres des deux aïeux, mais aussi celles d'Yves et Annette, frère et sœur d'Anders Osterlind, et Nanic, fils de ce dernier. "On surveille les ventes, on intervient lorsqu'il y a une erreur d'attribution entre l'arrière-grand-père et le grand-père ou dans le référencement des œuvres," relate la descendante.
Elle et sa famille ont inventorié et numérisé près de 1 800 œuvres d'Anders Osterlind qui sont visibles en ligne. Ils comptent bien faire de même avec celles de son père Allan, qui avait quitté en 1877 la Suède et son académisme pour embrasser la vitalité artistique française de l'époque, impulsée par les impressionnistes.
L'huile, l'aquarelle, les encres, les lithographies
"Allan maîtrisait tout : l'huile, l'aquarelle, les encres, les lithographies. Il a réalisé des aquarelles scotchantes, confie Barberine d'Ornano. Il a nourri son inspiration à travers ses voyages en Bretagne, en Creuse, dans le Midi ou en Espagne."
C'est d'ailleurs en Creuse que naquit son fils Anders en 1887, à Lepaud. Lui s'est concentré sur la peinture à l'huile et sur les représentations de paysages. Pour l'association, ce patrimoine familial ne doit pas dormir dans un coffre ou une cave : "leurs toiles doivent être vues, c'est indispensable pour combattre l'oubli !"