"On a l’impression de ne pas travailler sereinement et correctement" : plus de 30% des maires font face à un début d’épuisement, particulièrement en milieu rural

La santé mentale des maires est au coeur d'une enquête réalisée en collaboration avec l'Association des Maires Ruraux de France. Près d'un tiers de ces élus locaux font face à "un début d’épuisement". En cause : un sentiment d'impuissance, la fatigue mais aussi une forme de lassitude.

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"Du risque de burn-out au bien-être des maires français : Sortir de l’ignorance", c'est le titre de l'enquête mise en ligne le 30 août 2024. Un travail de recherche conçu et financé par l’Observatoire AMAROK, association à but non lucratif et le LABEX Entreprendre de l’Université de Montpellier en collaboration avec l’AMRF (Association des Maires Ruraux de France).

Les principaux enseignements de cette étude au cours de laquelle 2020 maires ont été interrogés en deux "vagues" (en février-mars 2024, puis en juin-juillet 2024) sont les suivants :

 

69,3% des maires affichent une "satisfaction en tant qu’élu", ce qui contraste avec la perception générale

31,4 % des maires font toutefois face à un "début d’épuisement"

3,4 % sont en même en risque sévère d’épuisement. Les femmes maires présentent un risque de burn-out significativement plus élevé. 

Ce chiffre ne m’étonne pas du tout : quand j’ai pris mes fonctions, ma secrétaire était en arrêt maladie, je ne savais pas faire un budget et c’est ma prédécesseure qui m’a aidé.

Didier Thévenet, maire de Roches en Creuse, 380 habitants

France 3 Limousin

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La fonction de maire s'est complexifiée et de nombreux maires se sentent débordés par les impératifs quotidiens. ©FTV / C. Descubes / C. Maillard

"Stressomètre" et "satisfactomètre"

Afin d'évaluer le ressenti des élus locaux, les auteurs de l'étude ont utilisé deux outils : le "stressomètre et le "satisfactomètre".

Au premier rang des satisfactions, on trouve "l'environnement familial et amical" dont dépend en grande partie le moral du maire. Concernant plus directement la fonction d’élu, la notion de « projet » est centrale dans la vie d’un maire.

Ainsi; "la fin d’un projet, marque de sa réussite, est un des satisfacteurs les plus élevés de la vie du maire. En deuxième position, les cérémonies ou célébrations sont des évènements vécus comme étant très positifs. Cette forte satisfaction atteste de l’importance de la fonction de représentation du maire, fonction qui est une source de plaisir, de joie partagée et vraisemblablement de fierté de la part du maire".

Confirmation de Didier Thévenet : pour qui "c’est très stressant, mais il y aussi des moments hyper agréables sur lesquels on s’appuie pour continuer".

Fatigue, sentiment d'impuissance et lassitude

Les principales causes de stress recensées sont la "complexité et la lourdeur administratives. Chaque décision, chaque projet nécessite une connaissance de textes juridiques, souvent en constante évolution. Les maires doivent gérer des domaines variés (urbanisme, éducation, sécurité…) qui impliquent des démarches spécifiques (demandes de subventions, appels d'offres, etc.)". Une multiplication des tâches qui peut rapidement devenir accablante.

Exemple à Roches où le projet de salle des fêtes initié grâce à un legs est devenu un casse-tête entre un appel d'offres à renouveler, une facture qui explose et une chaufferie qui ne fonctionne pas encore normalement. "Il y a plein de contraintes, on a l’impression de ne pas travailler sereinement et correctement, confirme Didier Thévenet. C’est une sorte de bénévolat, mon indemnité de 900€ ça couvre seulement les frais, donc c’est vraiment un sacerdoce".

Le deuxième facteur de stress, c'est "la charge de travail de la fonction et le manque de temps", pouvant conduire à l'épuisement professionnel et à une baisse de motivation.

La gestion des subventions arrive en 3ᵉ position comme étant souvent une "source de frustration et d'incertitude. Les difficultés liées aux subventions, qu'il s'agisse de perte, de délai ou de refus, peuvent sérieusement entraver le développement de projets municipaux et affecter le moral des élus locaux". 

À noter que "les agressions, souvent médiatisées, sont également évaluées à un niveau élevé de stress, mais n’apparaissent qu’à la 6ᵉ position". 

Un indicateur pour les futures élections municipales de 2026 ?

Cet état des lieux intervient à deux ans des élections municipales de 2026, pour lesquelles un maire sur deux souhaiterait ne pas se représenter, selon un sondage Ifop de 2022.

La France compte le plus grand nombre de maires au monde. Ils sont 34 893 selon le RNE (Répertoire National des Elus)

 

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