"On doit stimuler une envie collective" : 2024, une année de développement pour les médecins solidaires

Les membres de cette association née dans la région luttent contre la pénurie de soignants en partageant du temps médical : des médecins généralistes volontaires se relaient pour suivre les patients qui habitent dans des zones en difficulté. En cette fin d’année, Martial Jardel, fondateur de médecins solidaires, répond à nos questions.

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France 3 Limousin : quel est le principe de "médecins solidaires" ? 

Martial Jardel : Le principe, c’est de se dire qu’il faut trouver une issue à ce problème en réfléchissant autrement. En demandant peu à beaucoup de médecins, on arrive à recréer une présence médicale dans des villages, avec un relais de médecins qui viennent toutes les semaines. Chaque semaine, c’est un médecin différent, mais comme on en recrute beaucoup, on arrive à avoir un médecin en permanence.

Quel développement ces derniers mois ?

Nous avons ouvert sept centres de santé "Médecins solidaires", le dernier a ouvert en décembre à Reuilly, dans l’Indre. Sur ces sept, il y en a trois en Limousin, deux en Creuse et un en Haute-Vienne. Dans ceux de Creuse, il y a deux médecins dans chacun des centres, on a donc cinq médecins qui viennent toutes les semaines en Limousin.

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Les membres de cette association née dans la région luttent contre la désertification médicale en partageant du temps médical : des médecins généralistes volontaires se relaient pour suivre les patients qui habitent dans des zones en difficulté. En cette fin d’année, Martial Jardel, fondateur de médecins solidaires, répond à nos questions. ©France 3 Limousin

Quel est le regard des autorités nationales sur l’association ?

On a un soutien très précieux de l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Est-ce que ça intéresse au niveau national ? En ce moment, ça ne change pas grand-chose parce que ça change tout le temps, ce qui est difficile pour les associations. Il faut à chaque fois qu’on aille de nouveau convaincre...

Le modèle du médecin de campagne est derrière nous ?

Ce n’est pas forcément fini, mais c’est urgent d’inventer un modèle complémentaire. Moi, je suis installé au Dorat, dans le nord de la Haute-Vienne, en tant que médecin de famille. J’adore mon métier, c’est très épanouissant, et tant qu’il y aura d’autres professionnels qui voudront s’installer comme ça, il faudra les y encourager. Mais là où il n’y en a pas, il faut qu’on trouve autre chose, on ne peut pas laisser les maires se débrouiller avec la seule option de mettre des banderoles sur les ronds-points. On doit nous, médecins, se creuser la tête. On doit stimuler une envie collective.

A lire aussi : le réseau "Médecins solidaires" est-il une des solutions pour lutter contre les déserts médicaux ?

Le médecin joue un rôle central dans la vie des communes ?

C’est la condition préalable à toute forme de développement économique. À Ajain, où on a installé le premier centre de santé il y a deux ans, le maire peut l’attester, le café a été repris, toutes les maisons sont vendues, le chiffre d’affaires de l’épicerie a augmenté… C’est une commune qui va vers une nouvelle dynamique.

Un vœu pour 2025 ?

Le souhait ultime, c’est qu’il n’y ait plus de problème d’accès aux soins… Mais comme ce ne sera probablement pas pour 2025, c’est que d’ici là, il y ait beaucoup de médecins qui nous rejoignent pour qu’on puisse vraiment changer la donne, et passer au stade systémique. 

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