Un peintre au temps du coronavirus : Mako Moya, du Pérou à la Creuse

Depuis 8 ans, Mako Moya est installé à Saint-Pierre-Chérignat en Creuse. Céramiques, tableaux, peintures sur cartons, cagnotte pour venir en aide aux autres artistes. Pendant le confinement, l'artiste péruvien n'a pas chômé...

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Des projets, des ateliers qui, du jour au lendemain s'arrêtent, des expositions annulées voire reportées. La crise sanitaire a aussi touché les artistes de plein fouet.

Après des études aux Beaux Arts de Lima, un passage à Paris, Mako Moya est venu il y a 8 ans, par amour, en Creuse.

Installé avec sa famille à Saint-Pierre-Chérignat, le jeune peintre péruvien a profité du long confinement pour poursuivre son travail à l'atelier et notamment...gratter la terre.
 

Après tout, l'homme est fait de glaise 

Quand je suis arrivé ici, Sébastien Royère, mon voisin plombier, m'avait passé des carottes de granit qui m'ont servi comme support de peinture. Là, il lui restait un peu d'argile. C'est comme ça que tout a commencé...(Mako Moya)

Pendant le confinement, lors de sa sortie quotidienne autorisée, Mako parcourt la forêt voisine, fouille le sol, en extirpe de la glaise. Sa décision est prise, la terre sera son nouveau territoire d'inspiration.

J'ai fait quelques personnages. Ils sont en train de sécher lentement, pour le moment ils ne sont pas encore cuits mais cela ne va pas tarder. (Mako Moya)

En Limousin, au pays du kaolin, Mako Moya s'essaye à la céramique. Il a même construit son propre four, à l'ancienne, en torchis pour faire passer ses pièces à l'épreuve du feu.
 

Retour à la terre

Mako Moya en a soupé de la bombe acrylique et des peintures chimiques. Pendant la crise sanitaire, il a peint sur cartons quelques tableaux, uniquement à base de pigments naturels.

J'essaie d'utiliser le moins possible de dérivés du pétrole. Toutes mes dernières toiles sont peintes uniquement avec des pigments naturels. Je prépare moi-même les couleurs, les nuances. (Mako Moya)


 Peindre ses paysages sur nos paysages

Comme à Bussière Poitevine, le peintre investit ce territoire limousin où il habite désormais. Depuis son arrivée, en pleine campagne, il a peint de nombreuses fresques sur des murs publics ou de particuliers.

Une manière de s'approprier les couleurs des paysages, des habitants de la région. Une forme de mise en abyme.


Les rondins de bois prennent des couleurs

Peindre sur le granit, la pierre fétiche du Limousin ou sur un tas de bois, Mako Moya sait faire. Lui qui, à Lima déjà, bombe ou pinceau en main, arpentait venelles et avenues pour y laisser une trace éphémère, picturale.

Une démarche qui a séduit le temple du papier, le Moulin du Got à Saint-Léonard-de-Noblat. Il y a 3 ans, pour une 1ère exposition, l'artiste péruvien a peint sur des rondins empilés. En 2019, pour un hommage au bestiaire, c'était une licorne. Cette année, pour illustrer "Influences nippones", Mako a représenté le mont Fuji.
 

Des nouvelles catastrophiques du Pérou

Avec 110 000 cas et plus de 3000 décès dus à l'épidémie, le Pérou est, après le Brésil, le 2e pays d'Amérique latine le plus touché par le coronavirus.

Manque de lits en réanimation, de respirateurs, de tests, de matériel...Les hôpitaux de Lima sont au plus mal a annoncé le Bureau du défenseur du peuple, chargé de veiller au respect des droits de l'homme, ce jeudi 21 mai. 

C'est comme un film d'horreur, l'intérieur de l'hôpital ressemble à un cimetière pour les cadavres, les patients meurent sur les chaises, dans les fauteuils roulants. (Miguel Armas, infirmier à l'hôpital Hipolito Unanue de Lima pour l'AFP)

Mes parents sont là-bas et une grande partie de ma famille. Il y a des enfants morts dans les rues et personne ne fait rien. Au moins, en France, il reste une politique sociale, au Pérou, rien du tout. Imaginez, si un Péruvien veut acheter un test de coronavirus, cela va lui coûter 200 €. Il n'y a que les très riches qui peuvent se payer une santé. (Mako Moya)

Soutenir les artistes en temps de Covid

Malgré la pandémie, Mako Moya a rejoint un collectif qui a lancé une cagnotte pour soutenir la création et ceux qui la font pendant la crise. Trois oeuvres sont proposées à la vente par l'artiste, 30% de ce qui est collecté est reversé à différents fonds de soutien dont le bureau d'aide sociale de la Maison des Artistes.

Mako Moya, un artiste au coeur sur la main, qui a bel et bien trouvé sa place en Limousin...
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