Le manque d'eau se fait sentir en Creuse. Alors que le mois de juillet aura été historiquement sec et qu'un épisode caniculaire se profile, quelques agriculteurs ont déjà commencé à puiser dans les réserves de fourrage.
L'histoire se répète. Comme l'été dernier, la Creuse est confrontée à une sécheresse importante. Comme l'été dernier, les agriculteurs en font les frais. Et comme l'été dernier, certains n'ont pas d'autre choix que d'entamer dès maintenant leurs réserves de foin, constituées normalement… pour l'hiver.
A La Souterraine, Quentin Montagnac a commencé à affourager, c’est-à-dire à donner du foin à ses vaches, dès le 14 juillet. "On est obligé parce que la quantité d'herbe diminue, et il faut qu'elles puissent manger correctement", souligne l'éleveur.
La Souterraine, mais aussi le nord-est du département, déjà très touché l'an dernier : ces secteurs de la Creuse n'ont pas encore bénéficié des pluies bienfaitrices. En plus de donner du foin à ses vaches, Quentin Montagnac doit donc également prendre l'eau du robinet pour les abreuver.
Situation disparate
La situation dans le département est disparate. Dans la plupart des fermes, les animaux mangent encore l'herbe des prés. Mais s'il ne pleut pas dans quelques jours, on envisage d'ici deux semaines de puiser dans les réserves de foin là aussi. Et si les orages sont attendus, ils ne sont pas forcément salvateurs, comme le relève Christian Arvis, président FDSEA 23 : 'De l'eau qui tombe très fort sur un court instant ne fait rien du tout à la nature, elle finit directement dans les ruisseaux. Elle permet aux feuilles de se rouvrir, le soleil arrive derrière, et ça rebrûle encore plus."
Conséquence sévère
Grâce aux bonnes pluies de printemps, cette année la récolte de foin a été abondante, et le stock ne sera pas un problème tout de suite. Mais cela ne cache pas un souci récurrent : les changements climatiques ont une conséquence sévère sur l'élevage creusois.
"On a perdu sur la Creuse 13.000 veaux depuis 3 ans. C'est des veaux qui ne sont pas nés, à cause de la sécheresse", indique Pascal Lerousseau, président de la Chambre d'agriculture du département. Ajoutant : "Les agriculteurs aujourd'hui adaptent le troupeau en fonction du stock de fourrage qu'ils ont. Ça veut dire qu'ils vont décapitaliser, vendre des animaux. Et la ferme creuse s'appauvrit d'année en année", dit-il.
La cellule Eau, anciennement cellule sécheresse, se réunit ce 5 août en Creuse. Elle pourrait décider de renforcer le niveau d'alerte.