Le 24 février 2022, l'armée russe envahissait l'Ukraine. Plus de 100 000 réfugiés sont arrivés en France, et certains en Creuse. À Toulx-Sainte-Croix, deux jeunes Ukrainiennes se sont intégrées, au point de décider de rester.
Polina, 18 ans, et Oléna, 20 ans, sont arrivées en Creuse avec les premiers réfugiés. Cela fait donc un an. Un an loin de leur famille. Un an à se construire une vie, dans le village de Toulx-Sainte-Croix. Leur emploi dans un restaurant a permis de s’adapter en douceur.
"J'aime beaucoup ce travail, s'enthousiasme Polina. Au début, c'était difficile puisque je ne parlais ni français ni anglais, mais on a réussi petit à petit à mieux se comprendre grâce aux cours de langue qu'on a eu. Au départ, ce n'était que quelques heures et maintenant, c'est tous les jeudis avec six heures de cours intensif."
En France, ils seraient 106 000 réfugiés ukrainiens, selon le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (chiffres à la fin 2022). L'accès à l'emploi est parfois difficile. Un problème que n'ont pas rencontré ces deux jeunes femmes.
La guerre toujours dans les esprits
Chaque fois qu'elle voit les images du front, Polina craint pour ceux qu'elle aime. "Ma famille est vraiment très proche de la frontière avec la Russie, se désole-t-elle. Je ne l'ai pas vue depuis un an, mais j'arrive à appeler ma mère tous les jours. Elle va bien pour le moment."
Pour ces deux citadines de 18 et 20 ans, s'adapter à la campagne n'a pas été simple. Le village de Toulx-Sainte-Croix et ses 250 habitants sont à 30 minutes de Montluçon ou de Guéret. Mais les deux Ukrainiennes ont été aidées par les 40 salariés. Avec de l'entraide et du covoiturage, la vie s'est organisée.
"Je veux rester, affirme Oléna. J'aime cet endroit, j'aime ce travail, les gens ici sont formidables. Ma famille ne viendra jamais, ils veulent rester en Ukraine, j'espère que la guerre va bientôt finir."
"Elles ont signé un CDI"
"On échange sur plein de sujets, déclare Émeline Sperandio, la cogérante du Chalet des Pierres Jaumâtres. Mais lorsque j'essaie d'aborder la guerre dans leur pays, ou comment vont leurs familles, elles ne développent pas trop. Elles disent toujours que ça va. On ressent beaucoup cette pudeur et c'est très touchant.
Les deux Ukrainiennes ont fait un pas de plus vers l'autonomie.
"Depuis le 1er février, Polina et Oléna ont signé un CDI, précise l'autre cogérant, Patrice Bardini. Elles ont l'objectif de rester ici. Même après, si elles peuvent rester, elles le feront avec plaisir."