Se rassembler à plus de 10 autour des bars, pour boire des coups, discuter, ou fumer une cigarette, peut coûter cher : 135 euros d'amende. 25 jeunes Corréziens en ont fait l'expérience vendredi 5 juin 2020. Pour la police, ils n'ont pas respecté les mesures sanitaires liées au coronavirus.
Se rassembler autour des terrasses de café peut parfois coûter cher, très cher. 135€ par personne. Et ce n'est pas un poisson d'avril. Normal, nous sommes en juin. Mais ce n'est hélas pas une blague. 25 jeunes verbalisés vendredi 5 juin 2020, place de la Guierle à Brive, parce que la loi d'urgence sanitaire du 11 mai dit que le regroupement de plus de 10 personnes n'est pas autorisé sur la place publique.
"Ce qui s'est passé vendredi, raconte l'élue en charge de la sécurité à la mairie de Brive-la Gaillarde, Dominique Eyssartier, c'est qu'il y a eu un contrôle conjoint avec la police nationale suite à des troubles récurrents sur la place, aux abords notamment des bars. Il y avait beaucoup de bruit, avec des jeunes qui consommaient de de l'alcool, et des produits stupéfiants". "Dans le contexte actuel, la police a une mission claire : faire respecter la loi, réaffirme Emilie Ngasho-Mpanu, la DDSP de la Corrèze. "La liberté de consommer à la terrasse ne signifie pas faire n'importe quoi".
Il faut relire le décret ministériel interdisant les rassemblements de plus de 10 personnes. On l'a suffisamment répété, on ne peut pas dire que les gens n'ont pas compris,
s'étonne la patronne de la police. "Les bars ont eu l'autorisation de rouvrir depuis le 2 juin, mais les patrons de bar doivent faire respecter les gestes barrières, si les débitants ne peuvent pas faire respecter ces mesures de bon sens, dans ces conditions qu'ils n'accueillent pas du public". Elle assure que le contrôle s'est passé dans le calme et que les agents de police ont parfaitement fait leur travail.
Souplesse et fermeté ?
"L'idée pour nous c'est d'abord de faire de la prévention, tempère Dominique Eyssartier, adjointe en charge de la sécurité à Brive. Nous ne recherchons pas à faire de la verbalisation systématique. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé vendredi, sauf que cette fois, les jeunes ont dépassé les bornes. On ne le répètera jamais assez, mais Il y a une « distanciation sociale à respecter », on applique les règles, on le fait sur les marchés, la plupart des bars d'ailleurs le respectent, donc nous ne faisons pas de la généralité".
Un phénomène de relâchement ?
"Après deux mois de confinement, beaucoup de personnes sont tentées de se comporter comme avant, constate l'élue. Il y a un besoin pour la population de revenir à un lien social normal, à une vie normale, ça peut entraîner du relâchement dans le respect strict des consignes de sécurité. Il ne faut pas oublier que la crise n'est pas finie. Ne pouvant pas servir au comptoir, les bars sont obligés d'avoir suffisamment de tables en extérieur pour accueillir tout le monde, faute de place, certains refusent du monde, au détriment de leur chiffre d'affaire". Une équation difficile à résoudre, "même si la santé doit primer", insiste l'élue.
Place des Bancs à Limoges, le petit crachin n'a pas dissuadé les clients de s'attabler dehors. Les 14 tables ont trouvé preneurs, des couples, des jeunes, des femmes, des hommes. On entend des rires. Du brouhaha. La vie qui reprend, avec un peu de joie sur la ville. "Ce n'est pas encore la foule des grands jours, s'exaspère Jean-Luc Roussel, patron du bar 1900, mais le monde revient et c'est heureux, car deux mois de fermeture ça a été un vrai coup dur". Au commissariat de Limoges, l'état-major explique que "c'est déjà arrivé que l'on intervienne dans des bars pour faire un rappel à la loi, mais rassure-t-on, il n'y a eu aucun incident à signaler concernant le non-respect de l'interdiction des rassemblements de plus de dix personnes à Limoges".
Lors des patrouilles, la police a remarqué qu'il y a "une grande majorité de gens qui se conforment aux règles de sécurité et puis d'autres qui se font reprendre. En général, ça se passe bien. On essaie d'être pédagogue". Et comme c'est en répétant que les consignes rentrent, à l'état-major du commissariat de Limoges, on répète qu'il faut que les gens restent vigilants, pour limiter la propagation du virus. "Si les bars n'ont pas d'espace pour accueillir les clients, qu'ils pratiquent la vente à emporter".
Place des Bancs dans le vieux Limoges, les distances de sécurité sont respectées. Le patron du 1900 a tenu à faire appliquer les consignes et pas que dans les mots. "On a fait installer des cloisons de séparation transparents pour garder le côté convivial". A l'entrée, une affiche rappelle le port du masque obligatoire pour le personnel et pour les clients. L'établissement a d'ailleurs acheté 500 masques et visières pour le personnel et parfois même pour les clients qui n'en ont pas. "Nous avons mis en place un nettoyage régulier des tables avant et après le départ des clients car il faut créer de la confiance pour que les gens reviennent".
"La sécurité de nos clients nous importe beaucoup, réitère Jean-Louis Poursel. On a investi dans un lave-verre nouvelle génération qui lave, nettoie et sèche, de sorte que les serveurs n'aient pas à manipuler le verre, ce qui limite tout risque de contamination".
"Des dépenses nécessaires, conclut le patron de bar, "car la santé n'a pas de prix".