Nouvelle mobilisation des Bassines Non Merci après l'apparition de grilles sur un futur site d'implantation de retenue d'eau. Pour Julien Le Guet, porte-parole du collectif, c'est le signe que les travaux vont bientôt commencer.
"C'est une nouvelle provocation des agriculteurs irrigants et de la coop de l'eau." Julien Le Guet est catégorique, le chantier de la retenue d'eau géante à Mauzé-sur-le-Mignon (79) va bientôt commencer : "600 mètres de grillages ont été posés, une entreprise de gardiennage est sur place. On imagine bien qu'ils ne sont pas là pour surveiller l'herbe qui pousse..."
Opposés au projet depuis plusieurs années, les membres de Bassines Non Merci (BNM) réclament un moratoire : "Pluisieurs recours juridiques sont lancés, neuf bassines sont surdimensionnées. La base du protocole n'est pas respectée. C'est clairement un passage en force. Ils n'hésiteront pas à construire des ouvrages illégaux qui ne seront jamais détruits comme le lac de Caussade dans le Lot-et-Garonne".
Nouvelle mobilisation le dimanche 5 septembre
Alors les BNM organisent la riposte. Dès dimanche, nouvelle journée d'action à Saint-Sauvant (86) où des personnalités politiques nationales sont espérées. "À gauche, c'est une lutte prioritaire" affirme Julien le Guet.
Et dans les semaines qui viennent, la tension pourrait monter d'un cran : "Les BNM resteront pacifiques, promet julient Le Guet. Face au risque de débarquement massif de forces de l'ordre, nous aurons une stratégie de piqûres de moustique. Aussi nombreux soient-il, ils ne pourront pas surveiller tous les ouvrages et tous les lieux de décision."
Mais le porte-parole des BNM ne cache pas son inquiétude: " Au premier coup de pelleteuse en revanche, on ne maîtrisera plus rien ! Une résistance active pourrait se mettre en place avec des mouvements activistes de terrain. On ne l'encourage pas mais on ne pourra pas l'empêcher".
"C'est un programme national de pillage des nappes phréatiques"
Dans leur ligne de mire : le rôle du président de la République, Emmanuel macron. "Ce n'est pas qu'une affaire locale, explique Julien Le Guet. C'est bien un programme national de pillage des nappes phréatiques que nous subissons. Toutes les plaines céréalières seront bientôt concernées sous prétexte d'une adaptation aux changements climatiques."
Les BNM veulent donc médiatiser leur combat au maximum et en faire un dossier central de la prochaine élection présidentielle.
>>> RETENUE D'EAU : COMMENT ÇA MARCHE ?
Thierry Boudaud, président de la coop de l'eau, nous explique comment il envisage l'exploitation de ces bassines. La taille moyenne d'une "bassine" est impressionnante. En moyenne, cette installation fait 300 m de large sur 400 m de long. Les digues auront une hauteur de 2 à 3 m de haut, avec une hauteur maximale de sept mètres, le tout, sur une surface de sept hectares. Ces retenues d'eau vont stocker l'équivalent de 2.000 piscines olympiques.
L'objectif de ces installations alimentées par des forages, est de permettre aux agriculteurs de réduire de moitié leur besoin en eau, puisée dans le sol, l'été.
"Cette eau sera prélevée en hiver, dans la nappe phréatique, de manière superficielle. On ne pourra remplir ces retenues que si la nappe est pleine, avec un protocole très strict, avec des niveaux à respecter. On ne prendra que l'eau en excédent, lorsqu'elle est abondante. Ce qui permet de ne pas prélever dans les réserves de la nappe phréatique, lorsqu'elle est fragile pendant l'été."