De l'idée à la commercialisation, comment se déroule la création d'un jeu de société ? Au Flip de Parthenay, de nombreux auteurs viennent présenter leurs prototypes pour les tester et les présenter aux joueurs. Le prochain jeu à succès s'y cache peut-être...
Sur la place du drapeau de Parthenay, trois tentes forment le village "créateurs et jeunes éditeurs" du Flip.
Tous les jours, entre 14 h et 20 heures, plus d'une vingtaine de prototypes, (des futurs jeux de société qui ne sont pas encore édités et produits) passent entre les mains des joueurs et testeurs volontaires.
Pour les auteurs, qui doivent seulement s'inscrire en amont pour profiter d'une table, il faut répéter en boucle les règles du jeu.
Mais ce contact avec les joueurs est une étape primordiale du processus de création, qui permet de peaufiner la mécanique du jeu, ou l'écriture des règles.
"L'auto-édition nous permet de tout contrôler"
Parmi les créateurs, ce samedi 14 juillet, Serge et Manon, 29 ans, sont venus présenter leur dernière création, Efemeris, un jeu d'exploration et conquête de la voûte céleste, au temps des grandes découvertes, plutôt à destination des adultes.
"C'est notre deuxième jeu", explique Serge. "Nous avons auto-édité notre premier jeu, Light Hunters, qui est déjà distribué, et la campagne kick-starter pour Efemeris vient de se terminer, le jeu doit sortir au début de l'année 2019".
En optant pour l'auto-édition via une campagne de financement participatif fructueuse, avec près de 700 contributeurs et 42 000 euros collectés, ces jeunes auteurs sont libres de contrôler tous les aspects de leur projet, notamment la conception graphique. C'est Manon, directrice artistique, qui signe le design à l'identité forte du jeu.
Manon et Serge ont quitté leurs emplois il y a deux ans pour se lancer dans leur studio de jeux, DTDA, basé à Paris. Malgré le succès de leur précédent Light Hunters (2 500 boîtes vendues), ils ne peuvent pas encore vivre correctement de leur projet. "Peut-être qu"après trois ou quatre jeux, ce sera possible", parie Serge.
"J'ai imaginé ce jeu il y a un mois et demi"
Sur une table voisine, Frédéric Lamy, 27 ans, explique les règles de son Casse du siècle à une famille de joueurs venus de Charente-Maritime.
Des cartes photocopiées, des dés, des petites boites en bois : l'aspect de son prototype est plutôt rudimentaire. Normal, "j'ai imaginé ce jeu il y a un mois et demi !" explique le jeune homme, qui travaille comme ingénieur informaticien à Nantes.
Autour de la table, les joueurs jettent leurs dés à un rythme effréné : il s'agit de cambrioler une banque, d'accéder aux coffres, et d'en retirer le plus d'argent possible en un temps limité.
"Une partie dure au maximum 5 minutes" précise Frédéric. Son Casse du Siècle est un jeu familial, pour deux à cinq joueurs à partir de 8 ans.
Sur le Flip, "j'arrive à faire jouer une trentaine de parties chaque jour" indique l'auteur, qui note attentivement les scores de ses premiers joueurs pour s'assurer de l'équilibre de son jeu.
C'est aussi sa deuxième expérience de création : Frédéric Lamy est déjà l'auteur de Brigantin, financé avec succès via Ulule, mené en collaboration avec un illustrateur.
Mais pour le Casse du Siècle, il envisage plutôt le parcours classique, c'est à dire de proposer son jeu à un éditeur, qui se chargera de l'illustration, la production, etc.
Comme une centaine d'éditeurs sont attendus sur le Flip, le jeu de Frédéric se concrétisera-t-il grâce au festival ?