Sept salariées de cet établissement pour seniors situé près de Niort sont en grève depuis le 24 avril. Elles réclament à la direction du groupe propriétaire de l'Ehpad de réfléchir à une autre proposition concernant les nouveaux horaires de nuit, et de créer un sixième poste d'aide-soignant.
Déjà douze jours de grève, et toujours pas de solution en vue. Une partie des soignants de l'Ehpad des Jardins du château, à Aiffres près de Niort (Deux-Sèvres), tient un piquet de grève devant l'entrée de l'établissement depuis le 24 avril. Les grévistes sont sept titulaires - six selon la direction, n.d.l.r - sur dix, toutes des femmes, faisant fonction d'aide-soignantes au sein du centre.
Création d'un sixième poste et maintien des horaires
Au cœur du conflit social qui oppose les grévistes à la direction du groupe propriétaire, Médicharme, détenu par un fonds d'investissement britannique : elles réclament, en vain, la création d'un sixième poste d'aide-soignant dans l'établissement.
On nous dit aujourd'hui "vous allez devoir faire du ménage, des animations", il va falloir qu'on se dédouble en fait, sur tous les postes, sur tous les fronts.
Roaldine DenisAide soignante de nuit et secrétaire de la section syndicale CGT
Ciment de la colère aussi, la décision de la direction de décaler d'une demi-heure leurs horaires de nuit, auparavant établis de 20 h à 7 h, et désormais fixés de 20 h 30 à 7 h 30. Un changement qui, selon les grévistes, aura des conséquences fâcheuses sur leur vie de famille, notamment concernant la garde de leurs enfants.
Pour la directrice de l'établissement, Sophie Burgeaud, ce changement d'horaire est nécessaire au bien-être des résidents, "afin qu'ils puissent diner à une heure correcte, 19h et non plus 17h30", précise t-elle.
La direction opposée à ces revendications
Malgré plusieurs réunions organisées entre les grévistes et le directeur du groupe Médicharme, Pedro Barbos campe sur ses positions et juge la création d'un poste supplémentaire inutile. Le cadre a fait savoir à nos confrères du Courrier de l'Ouest que le changement d'horaire a été validé par l'ARS et l'inspection du travail.
La mobilisation s'inscrit dans un contexte de pénurie générale de personnel qualifié dans le secteur des soins à la personne. Une autre perspective renforce les inquiétudes des grévistes : l'établissement, dans lequel les chambres individuelles sont mises en location à partir de 2772 euros par mois selon le ministère de la Santé, va devoir pousser les murs cet été.
Un regroupement avec un autre Ehpad effectif cet été
Les résidents des Charmilles, un autre Ehpad situé à Melle (Deux-Sèvres), appartenant au même groupe, vont s'installer définitivement dans l'établissement d'Aiffres, qui compte aujourd'hui une cinquantaine de places. Après ce regroupement prévu depuis plusieurs années par Médicharme, au total, il accueillera 87 résidents pour une soixantaine de salariés.
Les grévistes, elles, sont déterminées à améliorer leurs conditions de travail qu'elles jugent dégradées et qui finissent, toujours selon elles, par détériorer les conditions de vie des résidents. Nouveau point de tension dans ce dossier : les accusations de négligence portées par les salariées à l'encontre du groupe font l'objet d'une plainte pour diffamation déposée par la directrice de l'établissement.
Sophie Burgeaud assure que "ça n'est plus possible qu'elles racontent ce genre de choses au sein de la résidence". À cela, Sandrine Fournier, secrétaire de l'union départementale CGT santé et action sociale répond à la directrice. Pour elle, "c'est le groupe Médicharm qui ne forme pas son personnel et qui ne veut pas créer ce sixième poste, donc forcément il y a de la négligence, elle peut faire ce qu'elle veut, elle peut porter plainte, on a l'opinion publique avec nous."