Soins expédiés, maltraitance, l’Ehpad des Jardins de l’Alouette à Pessac, près de Bordeaux, est à bout de souffle. L’équipe soignante est en grève depuis jeudi 16 février pour réclamer plus d’effectifs et redonner aux patients une qualité de soins décente.
Ils n’ont plus le temps. Les soignants de l’Ehpad des Jardins de l’Alouette à Pessac, en Gironde, tirent la sonnette d’alarme. Dans leur établissement, une aide-soignante doit s’occuper en moyenne de dix-sept patients. C’est sept de plus que les ratios imposés.
“C’est inhumain d’avoir autant de patients. Il y a des personnes qui sont grabataires avec des besoins de soins importants, qui ont des escarres”, alerte une aide-soignante.
"On n'est plus satisfait de notre travail"
Repas pris à la volée, toilettes expédiées, les soignants ont du mal à tenir la cadence. “Le soir, par exemple, les patients sont plus agités. Certains se mettent à pleurer. Mais on n'a pas le temps de les écouter, parce qu’il faut aussi s’occuper de ceux qui sont alités. À la fin de la journée, on n’est pas satisfait de notre travail, même si on sait que ce n’est pas notre faute” raconte cette aide-soignante.
Le soir, par exemple, les patients sont plus agités. Certains se mettent à pleurer. Mais on n'a pas le temps de les écouter, parce qu’il faut aussi s’occuper de ceux qui sont alités.
une aide-soignante de l'Ehpad
Insatisfaits, ils doivent aussi faire face aux plaintes des familles, qui évoquent la maltraitance de leurs aînés. “On est obligés de faire de la maltraitance, même si on ne le veut pas. On en reçoit aussi, parce que, par manque d’attention, certains patients peuvent devenir violents envers nous et les autres résidents”, explique cette aide-soignante.
Dans cet Ehpad, les patients, tous atteints d'Alzheimer, peuvent déambuler librement. Une liberté nécessaire qui crée pourtant encore plus de travail aux équipes.
D’autant que ces effectifs ont été calculés à l’ouverture de l’Ehpad. Mais depuis, les patients ont vieilli. Aujourd’hui, une dizaine d’entre eux sont complètement dépendants. “En 2014, c'étaient des patients désorientés, mais valides. Aujourd’hui, un cinquième sont grabataires et nécessitent des toilettes complètes au lit, mais les effectifs n’ont pas bougé”, explique Fabrice Boissimon, secrétaire CGT Hôpital Sud.
15% d'absentéisme
À bout de souffle, les soignants de l'Ehpad se sont mis en grève le 2 février, à l’appel de la CGT Hôpital Sud. Depuis quelques semaines, le taux d’absentéisme, qui avoisinait les 12% depuis plusieurs mois, atteint désormais 15%, soit huit personnes sur 49.
Le CHU a mis des postes en vacances et utilise beaucoup l’intérim, mais c’est du jour au lendemain, c’est très compliqué. Il faut recruter de nouveaux soignants et investir dans du matériel supplémentaire.
Fabrice Boissimon, secrétaire CGT Hôpital Sud
Aux côtés de leur direction, les équipes attendent dorénavant un retour de l’Agence régionale de Santé qui détermine le nombre de soignants dans les différents établissements de la région. “On demande à l’ARS de venir visiter l’Ehpad pour recalculer les effectifs et se rendre compte de la dépendance de nos résidents et augmenter le budget alloué”, précise Fabrice Boissimon.
Rendez-vous en mars
La direction de l’Ehpad assure être en discussion avec l’agence régionale. Une réunion est d’ailleurs prévue début mars entre les deux établissements.
“Nous avons initié un travail avec l’ARS pour conforter les effectifs et améliorer les rations de personnel”, précise Luc Durand, coordinateur général des soins à l’Ehpad.
Selon la direction, une étude de la charge de travail est actuellement en cours. Elle devrait permettre de réévaluer les effectifs. Les premières réponses pourraient être apportées au printemps.