Suicide d'une puéricultrice : "justice a été rendue pour Mélissa", la collectivité reconnait une part de responsabilité

La CGT des fonctionnaires et agents territoriaux de la mairie de Longwy (Meurthe-et-Moselle) et du centre communal d'actions sociales, annonce que le maire de la commune a signé, vendredi 15 novembre, un arrêté reconnaissant la responsabilité de la collectivité dans le décès d'une puéricultrice. Le syndicat et la famille en faisaient la demande suite au suicide d'une des agents de la ville.

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"C'est un soulagement", lâche d'emblée Jawad Mahjoubi, secrétaire général CGT Territoriaux de Longwy. Après plusieurs alertes et mobilisations, le syndicat annonce ce samedi que le maire de Longwy, Vincent Hamen, a signé, vendredi 15 novembre 2024, l'arrêté reconnaissant l'imputabilité au service du décès de Mélissa Mangel. L'auxiliaire de puériculture à la Maison de la petite enfance de Longwy avait mis fin à ses jours le 19 mai 2024 et dénonçait une souffrance au travail.

"C'est un soulagement pour la famille de Mélissa, pour sa mémoire. Sachant que Mélissa aurait eu 38 ans ce dimanche. Ça prouve qu'on n'a jamais menti. On n'a jamais menti aux Longoviciens, on n'a jamais menti à la population qu'on avait sensibilisée sur la souffrance au travail qu'on rencontrait", poursuit Jawad Mahjoubi.

On a de la chance d'avoir une écoute attentive du nouveau maire de Longwy

Jawad Mahjoubi, secrétaire général CGT Territoriaux de Longwy

Cette reconnaissance intervient à la suite d'une mobilisation de plusieurs jours de la CGT et des agents de la ville. "On a de la chance d'avoir une écoute attentive du nouveau maire de Longwy, même si cela a été compliqué. Il a fallu convaincre justement de la nécessité de reconnaitre l'imputabilité et de reconnaitre également les manquements de la collectivité qu'on dénonce depuis plusieurs années", estime le secrétaire général CGT Territoriaux de Longwy.

Le maire, Vincent Hamen, élu le 25 février 2024, suite à la démission de Jean-Marc Fournel, estimait qu'il avait besoin d'éléments pour se positionner. "J'ai rencontré la famille, j'ai rencontré l'avocate. Ils m'ont amené des écrits, des documents qui posaient le fondement de leur réflexion. Du fait que la collectivité n'ait pas de document unique, ni de plan de prévention des risques psychosociaux, elle a manqué à ses devoirs de protection de ses agents et donc elle a une part de responsabilité. Ce n'est pas totalement imputable mais je ne peux pas démontrer que ce n'est pas imputable. C'est le fondement de ma réflexion, je ne peux pas certifier que ce n'est pas imputable, du fait qu'on n'ait pas réussi à faire nos documents légaux, qui peut être auraient pu aider Mélissa mais ça, on ne le saura jamais malheureusement", déclare Vincent Hamen. 

Le début d'une "nouvelle ère" 

Cette décision est un symbole fort. "C'est une reconnaissance pour la mémoire de Mélissa et de ses deux enfants de 6 et 8 ans. Rien ne réparera la perte de leur mère mais cela leur permettra, quand ils seront un peu plus grands, d'avoir des explications sur le geste de leur maman. Cela va aussi permettre aux ayants droit d'avoir une pension de réversion versée par la Caisse nationale des retraites des collectivités locales, la CNRACL, jusqu'à la majorité des enfants", explique Jawad Mahjoubi. 

Le représentant du personnel espère aussi que cette décision signe le début d'une nouvelle époque. "Après la décision qui a été prise par le nouveau maire de Longwy, je pense que certains élus doivent tirer les enseignements de tout ça. Cela fait plusieurs années qu'on dénonce la souffrance au travail, les conditions de travail difficiles, le manque d'écoute qu'on a pu avoir à un certain moment, donc il est temps d'ouvrir une nouvelle ère dans cette collectivité. Et la décision du maire de reconnaitre l'imputabilité au service, ça va permettre d'ouvrir une nouvelle ère. Reconnaitre que ce geste est dû à des manquements de la collectivité, c'est une satisfaction pour nous tous", poursuit le secrétaire général CGT Territoriaux de Longwy.

On va essayer d'être meilleurs car on le doit à tout le monde

Vincent Hamen, maire de Longwy

Les représentants du personnel réclament, depuis 2014, un plan de prévention des risques psychosociaux. Le maire a déjà mandaté le directeur général des services, lancé un audit interne et souhaite maintenant un audit externe afin de pouvoir améliorer la situation et les conditions de travail des agents.

"On est en train de regarder comment nous pouvons mettre en place un audit externe, pour pouvoir faire la lumière sur notre façon de fonctionner, le management. Quels sont les points qu'on doit revoir, qu'on doit améliorer ? Voir aussi ce qui fonctionne, puisqu'il y a des choses qui doivent aller, enfin, j'espère. Le but, c'est d'avoir un audit qui nous donne une vision objective des choses sur notre collectivité, pour pouvoir ensuite avancer, en lien avec les élus, les agents, les représentants du personnel et peut-être même d'autres organismes qui pourraient nous rejoindre pour améliorer les choses", déclare Vincent Hamen, le maire de Longwy, avant d'ajouter : "on va essayer d'être meilleurs car on le doit à tout le monde".

La CGT salue le geste du maire mais promet de rester vigilant sur l'amélioration des conditions de travail et la garantie d'un service public de qualité. Le syndicat annonce un nouveau rassemblement, "pour rendre hommage à Mélissa et à tous les professionnels de la petite enfance, dont le travail est extraordinaire et essentiel". Il aura lieu mardi 19 novembre à 11h, devant la Maison de la petite enfance de Longwy. Une date symbolique puisqu'elle correspond au jour choisi pour une mobilisation nationale pour la défense des conditions de travail dans le secteur de la petite enfance.

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