Habituellement, ce sont dans des temples qu'ils se réunissent. Aujourd'hui, c'est dans un hôtel particulier du 15ᵉ siècle que les francs-maçons ont décidé de se retrouver pour des retraites maçonniques laïques. Immersion
Un lieu chargé d’histoire
Les temples, dans lesquels se réunissent les francs-maçons, les séparent du monde profane. Ils entrent alors dans le monde sacré. Et c’est ici qu’ils échangent, qu’ils se présentent leurs planches, des travaux réalisés par l’un d’eux pour faire réfléchir ses frères ou ses sœurs afin de faire avancer le monde.
« Profane, c’est profanum, c’est celui qui se trouve devant la porte du temple, donc on se sépare du monde profane en entrant dans les temps, explique Franck Fouqueray, organisateur des retraites maçonniques. Cela résonne avec ce lieu. Ici, on se sépare de la ville, du tumulte, du quotidien et en se retrouvant ici, on se coupe du monde pour se retrouver soi-même, donc c’est un travail intérieur, c’est ce que les maçons appellent le cabinet de réflexion ».
À Thouars, ce n’est que pour se reposer qu’ils sont réunis dans cette maison d’hôtes. Les maçons sont invités à faire des retraites maçonniques laïques. Dans un lieu chargé d’histoire
Ici, c’est de la pierre friable. C’est de là que vient le mot « francs-maçons », la pierre friable peut-être travaillée, donc ce n’est pas un hasard que l’on se retrouve ici.
Franck Fouquerayfranc-maçon
Une propriétaire curieuse
Elle n'est pourtant pas maçonne, mais Aline Barbey a eu envie d'en être. De faire partie de cette aventure, unique en France. D'ouvrir sa maison et de la consacrer aux francs-maçons.
"L’idée ne vient pas de moi, on m’a sollicité, j’ai trouvé cette idée très intéressante, parce que, la franc-maçonnerie, c’est un contexte que je ne connais pas du tout, sourit-elle. Je suis curieuse de nature, je sais qu’il y a une réflexion et un travail intérieur et que ces gens sont sur un chemin de recherche personnelle et ça m’a interpellé, je me suis dit oui OK, je prends le pari d’ouvrir ma maison et de dédier ma maison à la franc-maçonnerie ».
Aline propose des retraites de trois à cinq jours, pendant lesquels cette ancienne hôtelière internationale prend le temps d’échanger et de connaître ses clients. Des séjours ouverts aux francs-maçons et leurs accompagnants uniquement, allant de 157 euros par jour à 190 euros par jour en demi-pension.
Symboles et représentations
Ce monastère maçonnique se dévoile au fil des pièces, au détour desquelles de nombreux symboles vont raisonner chez les hôtes. Et si les symboles sont souvent associés à la religion, c'est bien pour des retraites laïques qu'ils ont été érigés ici, notamment dans un atelier de curiosité.
« Tout dans cet atelier de curiosité me parle, s’émerveille Catherine DOMAS, maçonne en retraite à Thouars. Cette assiette par exemple représente un temple avec les pavés mosaïques, les marches, les colonnes, la lune, le soleil ou encore le compas et l’équerre ».
Autre singularité, une bibliothèque exceptionnelle, unique en France, agrémentée de centaines d'ouvrages spécifiques à la franc-maçonnerie.
"À partir du moment où le lieu se prête à une retraite maçonnique, il était important d’avoir des ouvrages qui y sont dédiés. Cela va me permettre de me ressourcer ou de travailler, d’appuyer mes réflexions dessus pour mes futures planches. C’est important".
Leurs différences les rassemblent
Les maçons se regroupent en loges maçonniques, et ces loges en obédiences. Ces deux la sont d'horizons différents, et c'est précisément ce qui les réunit à Thouars.
« Moi, je fais partie de la Grande Loge Mixte, Catherine du Droit Humain, ce sont deux obédiences différentes, mais cela n’a aucune importance ni aucun intérêt d’en parler entre nous. Au contraire même, explique Franck Fouqueray.
C’est comme en loge, lorsque l’on se réunit. Si l’on vient et que l’on trouve des gens qui nous ressemblent, ce n’est pas du tout intéressant. Nous sommes francs-maçons pour avancer ensemble, évoluer. Nos différences vont justement nous permettre de travailler la fraternité, la tolérance."
La maçonnerie, ce ne sont pas des rivaux, ce sont des adversaires, et deux adversaires vont gravir la montagne chacun de leur côté pour arriver au sommet ensemble, conclut Franck Fouqueray, sous le regard bienveillant de Catherine. C’est vraiment ça : trouver ce qui nous unit, pas ce qui nous sépare ».
Le manoir d'Hiram n'a pas encore six mois et pourtant, les réservations sont déjà nombreuses jusqu'à l'année prochaine.