Le procureur de Niort a confirmé en début de semaine que Nneoma, la jeune femme assassinée au mois de juillet 2024, avait déposé trois plaintes contre son ex-compagnon avant sa mort. Ses proches et le collectif "Nous Toutes 79" témoignent.
C'était une décision attendue par les proches de Nneoma. En début de semaine, le procureur de la République de Niort avait annoncé que la jeune femme, d'origine nigériane, avait bien déposé trois plaintes contre le père de ses enfants, son ex-compagnon, avant son décès.
Trois plaintes déposées avant son assassinat
Le corps de Nneoma, âgé de 25 ans au moment des faits, a été retrouvé démembré le 6 juillet 2024 dans un immeuble du quartier de Pontreau, à Niort. Le principal suspect de ce féminicide, son ex-compagnon, est actuellement en détention provisoire et encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Elle avait déposé une première plainte en 2017 auprès de la gendarmerie pour avoir reçu une gifle de la part de l'homme avec qui elle vivait. Une personne qui a accompagné Nneoma dans ses démarches administratives lorsqu'elle est arrivée en France conteste ce propos : "Elle est arrivée dans cette structure parce qu’elle était mineure et non accompagnée. Elle a donc été accueillie au titre de la protection de l’enfance. Quand elle a souhaité être accompagnée pour déposer une plainte pour violences conjugales, elle a eu une ITT de cinq jours, ce qui démontre qu’elle avait reçu un peu plus qu’une gifle. Elle avait son visage tuméfié, avec des ecchymoses", se souvient-elle.
Lorsqu'elle a rencontré Nneoma pour la première fois, elle était déjà enceinte de son premier enfant. Elle était dans une situation critique et avait besoin d’être protégée. "C’était une jeune femme nigériane qui avait du mal à s’exprimer en français, qui ne savait ni lire, ni écrire, et s’est retrouvé donc souvent démuni dans les démarches auprès des forces de l’ordre et de la justice. Elle s’est battue, elle y est retournée plusieurs fois."
"Plusieurs fois, elle venait me parler en pleurant, en me disant qu’elle avait besoin d’aide"
Parmi les proches de Nneoma, son amie Merit. Les deux femmes s'étaient rencontrées dans un foyer pour jeunes en 2017. "C’était comme une sœur pour moi. Je l’ai rencontré en 2017 lorsque j’étais enceinte de mon fils. Après l’obtention de plusieurs documents, on a pu trouver chacune un appartement. On était quasiment voisines. Très souvent, on cuisinait ensemble. Elle était gentille, elle souriait toujours...", se rappelle-t-elle.
Durant plusieurs années, Nneoma lui a raconté les violences qu'elle subissait : "Je me rappelle que plusieurs fois, elle venait me parler en pleurant, en me disant qu’elle avait besoin d’aide et qu’elle voulait partir, que cet homme ne la traitait pas bien. Son compagnon l’avait maltraitée plusieurs fois, que ce soit en présence d’amis ou de la famille, et disait 'je vais te tuer et je vais me suicider'. Elle avait peur, elle avait peur de lui."
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Six mois après son assassinat, Merit ne comprend toujours pas ce qui est arrivé à son amie. "On a eu une certaine distance pendant un moment : quand j’ai appris la nouvelle, j’ai cru à une blague, qu’une chose comme celle-ci ne pouvait pas arriver. Je me sens mal tous les jours : j’ai échoué en tant qu’amie, car elle a été là pour moi quand j’en avais besoin, et quand elle a eu besoin d’aide, je n’ai pas répondu présente. Je me sens très mal depuis."
"Une personne qui vient pour témoigner de la violence qu’elle subit, dès la première fois, on doit dire stop à l’agresseur"
Entre septembre 2017 et janvier 2024, la victime avait déposé trois plaintes, ce que confirme le procureur de la République de Niort. Une victoire pour le collectif "Nous Toutes 79". "On savait pour ces multiples plaintes, et on attendait de la justice qu’elle puisse en dire plus. Cela montre qu’elle avait déposé plainte avant d’être assassinée", explique Emma, copilote de ce collectif.
Pour l'association, le féminicide de Nneoma doit être un exemple de ce que la police et la justice doivent corriger : "On veut toutes les preuves possibles pour que l’on puisse les analyser ensemble avec pourquoi pas, la préfecture, la police, la justice, pour se dire : 'comment fait-on pour que cela n’arrive plus jamais ?' Une personne qui vient pour témoigner de la violence qu’elle subit, dès la première fois, on doit dire stop à l’agresseur. Tous les services de l’État font pression sur les victimes, on dirait que ce sont les victimes qui sont les coupables, on ne fait rien contre les agresseurs, et ça, il faut que ça cesse, il faut arrêter l’impunité."
En fin de soirée, un rassemblement en hommage à Nneoma, organisé par le collectif "Nous Toutes 79", a eu lieu dans le centre-ville et s'est terminé devant le tribunal de Niort. Elle aurait eu 26 ans, ce mardi 7 janvier.