Une mission d'information sur les produits phytosanitaires a été créée mercredi à l'Assemblée nationale, sur fond de débat persistant autour notamment du renouvellement de la licence pour l'herbicide controversé glyphosate, selon une source parlementaire.
Dix députés LREM, dont Matthieu Orphelin, ex-bras droit de Nicolas Hulot dans sa fondation, Jean-Baptiste Moreau (agriculteur), ou Marie Tamarelle-Verhaeghe (médecin) et l'ex-ministre PS de l'Ecologie Delphine Batho, actuelle députée de la 2e circonscription des Deux-Sèvres, participeront notamment à cette mission de 18 membres issus des commissions des Affaires économiques, sociales, et du Développement durable.
Trois LR, dont Gérard Menuel (agriculteur), le MoDem Philippe Bolo, le Constructif Antoine Herth, l'Insoumise Mathilde Panot ou le communiste Hubert Wulfranc en seront aussi membres.
L'élection du président se fera lors d'une première réunion programmée le 26 octobre.
L'Union européenne doit se prononcer le 25 octobre sur le renouvellement de l'autorisation du glyphosate. La dangerosité de l'herbicide est au cœur d'une controverse car le Centre international de recherche sur le cancer (OMS) l'a classé "cancérogène probable" en 2015, contrairement aux agences européennes, l'Efsa et l'Echa.
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a réaffirmé, dans un entretien au Journal du Dimanche, qu'il souhaitait une interdiction du glyphosate "le plus vite possible, en développant des solutions de substitution. Sachez une chose : je ne recule jamais ; parfois, je patiente un peu", avait glissé M. Hulot.
La France a écrit le 10 octobre à la Commission européenne pour réclamer une nouvelle proposition "ambitieuse" sur la définition des perturbateurs endocriniens, après le rejet d'un texte en la matière par le Parlement européen, avait alors indiqué la secrétaire d'Etat Brune Poirson.
Fin septembre, MM. Orphelin et Moreau avaient proposé que "la France porte l'idée d'une interdiction à deux ou trois ans, avec une période transitoire qui permettrait de déployer les alternatives et d'accompagner les agriculteurs dans cette transition".
Pour sa part, Mme Batho plaide pour retirer le glyphosate immédiatement des ventes et ne pas renouveler son autorisation de commercialisation en Europe. "Il n'y a pas de débat à avoir quand on sait que les arguments en faveur de la réautorisation du glyphosate sont fondés sur un rapport qui a copié-collé les argumentaires envoyés par Monsanto", a-t-elle plaidé début octobre dans L'Obs.
La licence du glyphosate dans l'UE expire à la fin de l'année. La Commission européenne a proposé de la renouveler pour 10 ans.