Lutte contre les mégabassines : un "Village de l'Eau" sort de terre à Melle

Dans les Deux-Sèvres, la ville de Melle accueille dès mardi 16 juillet" le Village de l'Eau". Pour cet événement, organisé par les militants opposés aux projets de réserves de substitution, ou mégabassines, jusqu'à 10 000 personnes sont attendues.

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Sur le terrain de la ferme de la Genellerie, mis à disposition par la commune de Melle (79), les militants antibassines érigent les premiers chapiteaux du Village de l'Eau. L'événement, qui débute mardi 16 juillet pour six jours, se veut un "lieu de débats, de convivialité, de formation et de fête", comme l'annoncent les organisateurs qui attendent jusqu'à 10 000 personnes sur le site.

L'objectif de cette mobilisation, portée par plus de 120 organisations environnementales, syndicales et paysannes, est clair, demander "un juste partage de l'eau" et une "bascule agroécologique". Les militants exigent un moratoire contre les réserves de substitution, rappelant que celui-ci figure dans le programme du Nouveau Front Populaire, arrivé en tête aux élections législatives.

"On est dans le village des luttes", explique Judith Rivière, porte-parole de Basines Non Merci !. "C'est un espace qui va accueillir des stands de collectifs en lutte, d'associations et tout un tas de chapiteaux dont trois grands qui vont accueillir des tables rondes, des conférences. On aura les chapiteaux Libellule, Héron et Loutre, ils ont tous des noms d'animaux totem de la lutte."

Au total, sept chapiteaux doivent occuper ce vaste espace pour de nombreuses tables rondes sur l'eau, son partage, ses politiques publiques ou sa qualité, mais aussi la protection de la biodiversité, les mouvements sociaux, la souveraineté alimentaire...

Des ateliers seront également organisés pour préparer les participants et participantes aux deux journées de manifestation, prévues le vendredi 19 juillet dans la forêt de Saint-Sauvant (86) et le samedi 20 juillet à La Rochelle (17).

La sécurité au cœur d'une réunion

Occupé sur le montage du village éphémère, le collectif Bassines Non Merci ! ne s'est pas présenté à une réunion consacrée à la sécurité, convoquée vendredi matin par la préfète des Deux-Sèvres. Cette dernière rappelle aux organisateurs leur responsabilité dans la gestion des risques.

"Sur tous les points qu'on nous demande d'améliorer, on a fait des démarches, on a amélioré ce qu'on proposait", affirme Anne-Morwenn Pastier, hydrologue et membre de Solidaires 79 et de Bassines Non Merci !. "On nous a demandé de protéger l'ire de captage, ce que nous avions déjà anticipé donc il y a tout un réseau de tout-à-l'égout qui s'installe sur le site par exemple."

Le maire sans étiquette de Melle, Sylvain Griffault, temporise face aux reproches de la préfecture en rappelant qu'il était lui-même présent à cette réunion, en sa qualité d'hôte de l'événement, tout comme un représentant de Sud Solidaires qui porte le projet sur le plan administratif. "Comme pour ces questions techniques, on s'appuie en général sur les régisseurs généraux ou les directeurs techniques, je pense que leur place était plutôt aujourd'hui sur place où il y avait une grosse journée de montage que sur une réunion, qui était très importante et Madame la préfète l'a dit, qui était aussi pour continuer à ouvrir le dialogue, mais qui avait plutôt une place de vérification d'un dossier sur lequel je suis responsable." L'édile rappelle qu'une commission de sécurité interviendra lundi prochain avant l'ouverture du lieu au public.

Quant aux risques de débordements, il se dit serein : "Tout le monde ne l'est pas mais choisir d'accueillir ce village-là, après celui de mars 2023 qui, à Melle, s'est bien passé, ne faisait pas forcément de doute pour moi", confie-t-il. "C'est un engagement politique que j'ai moi et qui est partagé par une majorité des conseillers municipaux, et il n'y a pas de raison, si tout le monde garde son sang-froid et son calme, que ça dérive vers quelques événements fâcheux que ce soit."

Les élus mobilisés contre la violence

En fin de journée, vendredi 12 juillet, quelques dizaines d'élus se sont rassemblées à Melle pour manifester leur inquiétude face à d'éventuels débordements en marge du Village de l'Eau. Le président de la communauté de communes du pays mellois a pris la parole pour lancer un appel solennel à la non-violence.

Il n'y a pas de raison, si tout le monde garde son sang-froid et son calme, que ça dérive vers quelque événement fâcheux que ce soit.

Sylvain Griffault

Maire (sans étiquette) de Melle

Présente sur place, Delphine Batho a souhaité partager cet appel : "On a besoin de calme, d'apaisement, de non-violence, pour pouvoir enfin obtenir la reprise d'un dialogue sur ce problème de l'eau qui empoisonne la vie de notre territoire autour d'un conflit qui dure maintenant depuis des années." La députée écologiste des Deux-Sèvres, réélue il y a une semaine, s'oppose aux réserves de substitution, sans pour autant partager les modes d'action du collectif Bassines Non Merci !, et des Soulèvements de la Terre.

>> À LIRE AUSSI : La mobilisation ne faiblit pas pour les anti-bassines qui dévoilent une partie de son programme pour l'appel de juillet

À l'issue des prises de parole des élues, une personne du public a entonné une Marseillaise, reprise en chœur par l'assemblée, à laquelle les militants antibassines ont répondu par la chanson d'Henri Salvador, Les voleurs d'eau. Au cours de cette fin d'après-midi, les différentes parties ont pu discuter, renouer le dialogue sous l'œil des forces de l'ordre.

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