"Les oiseaux des campagnes" disparaissent, les chercheurs de Chizé lancent un cri d'alarme

Deux études scientifiques dont l'une réalisée par des chercheurs de Chizé dans Les Deux-Sèvres démontrent que les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une « vitesse vertigineuse ». Ce déclin serait dû aux pratiques agricoles selon les les scientifiques.



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"Le printemps 2018 s'annonce silencieux dans les campagnes françaises", c'est l'intitulé d'une recherche scientifique de suivi des oiseaux qui vient de sortir.
Deux études arrivent au même constat  : les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une vitesse vertigineuses.

L'une des études été menée par le Muséum national d'Histoire naturelle, l'autre plus localement a été réalisée par le Centre d'Etudes Biologique de Chizé dans les Deux-Sèvres.

Les scientifiques affirment que les populations d'oiseaux se sont réduites d'un tiers en 15 ans.

Moins 60% de moineaux friquet depuis 10 ans, un tiers d'alouettes des champs disparues en 15 ans. Selon les scientifiques, déclin s'est intensifié depuis deux ans et il atteint un niveau proche de la catastrophe écologique".

Les pratiques agricoles à l'origine de ce déclin selon les scientifiques 

"On ne prend pas de grands risques en disant que les pratiques agricoles sont bien à l'origine de cette accélération du déclin", affirme Grégoire Loïs, directeur-adjoint de Vigie-Nature, car les oiseaux ne déclinent pas au même rythme dans d'autres milieux.

En zones agricoles, des espèces comme l'alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan, ont perdu en moyenne un individu sur trois en quinze ans. 

Une étude du CNRS des Deux-Sèvres

Une autre étude, menée par le CNRS depuis 1995 dans les Deux-Sèvres, sur des zones de plaine céréalière typique des territoires agricoles français, enfonce le clou.
"Les populations d'oiseaux s'effondrent littéralement dans les plaines céréalières", constate Vincent Bretagnolle, écologue au Centre d'études biologiques de Chizé. "Les perdrix se sont presque éteintes dans notre zone d'étude..."
Selon ces recherches, en 23 ans, l'alouette a perdu plus d'un individu sur trois (-35%), la perdrix grise huit individus sur dix.
"Ce qui est alarmant, c'est que tous les oiseaux du milieu agricole régressent à la même vitesse. Cela signifie que c'est la qualité globale de l'écosystème agricole qui se détériore", analyse le chercheur.

Grosses ou petites, migratrices ou pas, toutes les espèces sont concernées, probablement du fait de l'effondrement des insectes.
"Il n'y a quasiment plus d'insectes, c'est ça le problème numéro un", souligne Vincent Bretagnolle.

Ecoutez les explications du chercheur Vincent Bretagnolle au micro d'Elodie Gérard et Stéphane Bourin.

Car même les volatiles granivores ont besoin d'insectes à un moment dans l'année, pour leurs poussins.
Cette disparition massive est concomitante à l'intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009, période qui correspond à la fin des jachères imposées par la Politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du recours massif au nitrate et à la généralisation des insecticides néonicotinoïdes, précisent les chercheurs.

Selon deux études récentes, l'Allemagne et l'Europe ont perdu 80% d'insectes volants et 421 millions d'oiseaux en 30 ans.
Les scientifiques français s'interrogent sur les raisons de "l'accélération très forte" de ce déclin constatée en 2016 et 2017, et à ce stade largement inexpliquée. 
Les chercheurs lancent ce constat inquiétant : "On a l'impression qu'il y a une forme d'effondrement en train de se produire sous nos yeux".

Reportage d'Elodie Gérard, Stéphane Bourin et Martine Sitaud avec les chercheurs de Chizé dans le journal.
A découvrir aussi la réaction de Samuel Gaborit de la FDSEA86.

Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue de Protection des Oiseaux est l'invité du JT à 19h.

Reportage d'Élodie Gérard, Stéphane Bourin et Martine Sitaud. Intervenants : Vincent Bretagnolle, chercheur au centre d'études biologiques de Chizé. Samuel Gaborit, FNSEA
 

 

La FNSEA réagit
Interrogé sur l'étude du centre d'études biologiques de Chizé, le président de la FNSEA Philippe Moinard a réagi : "Cela fait 30 ans que nous changeons de modèle, charte de qualité sans OGM, agriculture raisonnée, suppression de 80% des molécules phytosanitaires".
Il déplore toutefois que "le modèle du consommateur ne change pas : toujours moins cher  en grande surface et en restauration collective décidée par nos politiques". 
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