Les accidents impliquant des personnels d'intervention sur le réseau Vinci Autoroutes se sont multipliés ces derniers mois. La société demande aux automobilistes d'être plus attentifs sur la route, pour eux et pour ceux qui sont en charge de leur sécurité.
Comme tous les jours, lorsqu'elle prend son service, Julie Jougounoux, prépare son camion. Elle compte les plots dans son coffre et vérifie qu'elle a bien son matériel avant de prendre la route. À peine installée qu'elle doit partir en mission.
Un danger récurrent
Main gauche sur le volant, main droite en tenant un microphone, cette ouvrière autoroutière est déjà en chemin vers l'intervention. "On a des bandes de roulement de pneus sur l'A10 sens 2 en voie de gauche", entend-on sur la radio. À peine sortie de son hangar, que Julie décide de se rendre au point de rendez-vous donné par les agents de sécurité.
Ouvrière autoroutière consiste à assurer la sécurité des automobilistes. "On ramasse de tout : cela peut être des animaux, des sangles, des pneus, des coffres de toits, des vélos... Il y a vraiment diverses choses, explique Julie Jougounoux. Mon métier consiste à intervenir en toute sécurité et de faire suivre les procédures à respecter, on peut également neutraliser des voies, on peut faire de l'entretien des aires et des gares. Je passe ma vie sur l'autoroute."
Ce métier est un métier à risques, certaines périodes de l'année sont plus compliquées à gérer, estime-t-elle. "Certains moments où il y a plus de trafic comme pendant l'été, à Noël ou durant les vacances de la Toussaint, c'est difficile. Cet été, j'étais avec un collègue, et on a vu un coffre de toit d'une voiture s'ouvrir. Il y avait des objets partout sur la chaussée : des gens traversaient les voies. Pour eux, c'est dangereux. On est intervenu et on a dit aux automobilistes de glisser derrière le corridor de sécurité."
"Des logiciels et des caméras de vidéosurveillance pour surveiller le tracé"
À quelques kilomètres de là, se trouve la salle de surveillance du PC Sécurité de Niort (Deux-Sèvres). Comme tous ses collègues, Julie est en lien permanent avec les agents qui y travaillent. Dans cette pièce, 640 km d'autoroutes sont supervisés. "24 h sur 24, nos agents surveillent, consignent et missionnent les agents sur le terrain en fonction des évènements. Cela peut être du ramassage d'objets ou autres", dévoile Christophe Babin, responsable du PC Sécurité de Niort. "Nous avons pour cela des logiciels et des caméras de vidéosurveillance qui permettent de surveiller le tracé ainsi que des boucles de comptage pour voir si le trafic est arrêté."
Les agents sur le terrain peuvent intervenir à tout moment sur "un ralentissement, qui soit lié à un évènement en particulier, comme des objets sur la chaussée ou un accident", ajoute-t-il. Une boucle de comptage s'active dans cette salle de surveillance et permet de savoir s'il y a quelque chose qui se passe sur un secteur en question.
43 accidents depuis le début de l'année 2024
Si la sécurité des clients demeure la priorité de cette société, les automobilistes ne sont pas toujours très prudents. Depuis le début de l'année 2024, on comptabilise 43 accidents impliquant des équipes d'intervention. Pire encore, Vinci Autoroutes a déclaré quatre accidents au cours des deux dernières semaines.
En moyenne, durant les trois dernières années, c'est un véhicule d'intervention impliqué dans un accident par semaine. Ce n'est juste pas possible.
Fabrice RussoDirecteur régional d'exploitation Ouest Atlantique chez Vinci Autoroutes
Fabrice Russo, directeur régional d'exploitation Ouest Atlantique chez Vinci Autoroutes, est furieux de voir le nombre d'accidents se multiplier. "C'est une situation qui est complètement inadmissible et qui n'arriverait pas, si le corridor de sécurité était respecté. Si les clients, les usagers du réseau autoroutier ralentissent et s'écartent à l'approche des véhicules d'intervention, nous n'en serions pas là."
"C'est révoltant, d'avoir autant de véhicules d'intervention heurtés à ce jour. En moyenne, durant les trois dernières années, c'est un véhicule d'intervention impliqué dans un accident par semaine. Ce n'est juste pas possible. On ne peut pas avoir des hommes et des femmes habillés en jaune, qui interviennent pour la sécurité des personnes qui ont besoin d'être sécurisés et de se dire qu'ils vont être percutés, car les automobilistes ne respectent pas le corridor de sécurité", conclut Fabrice Russo.
Vinci Autoroutes appelle les automobilistes à la plus grande vigilance en vue de ce week-end de départ en vacances. Pour eux, mais aussi pour ceux qui sont en charge de leur sécurité.
Reportage de Frédéric Cartaud et Pascal Simon