“Quand j’ai commencé, c’était un truc de prostituée" : loin des clichés, la pole dance séduit de plus en plus d'adeptes

Longtemps perçue comme une pratique réservée aux clubs de strip-tease, la pole dance s'est largement démocratisée en France ces dernières années. À Bessines, dans les Deux-Sèvres, Marie Gatinaud vient d'ouvrir une nouvelle école du genre. Ses cours affichent complet, avec des élèves de 8 à 60 ans.

“Nous avons 550 élèves pour neuf professeurs. Le planning est archicomplet.” Lorsque Marie Gatinaud a donné son premier cours de pole dance, il y a douze ans, elle ne s’attendait pas à rencontrer un tel succès. “Quand j’ai commencé, c’était un truc de prostituée, de stripteaseuse.” 

Le 1ᵉʳ mai dernier, elle a inauguré son tout nouveau studio, à Bessines (Deux-Sèvres), où le nombre de nouveaux disciples a explosé. “Je propose des sessions de tout type de pole dance : une version sportive dans laquelle on tient les figures pendant plusieurs minutes, un style théâtral où l’on rencontre une histoire, une version très axée sur les mouvements de danse, et une variante exotique, avec des talons.”

“On était souvent rejetées"

Ancienne infirmière en bloc opératoire, la jeune femme a découvert la pole dance alors qu’il n’existait “qu’une seule école en France”. “J’ai fait l’aller-retour pour Paris dans la journée, pour tester ce sport, raconte-t-elle. Ça m’a tout de suite plu.” De retour chez elle, elle poursuit son apprentissage “en autodidacte”, à l’aide “des quelques vidéos disponibles sur YouTube et sur Facebook”.

“À chaque fois que quelqu’un venait chez moi, on me posait des questions sur la barre installée en plein milieu de mon salon. J’ai fini par donner des initiations à mon domicile.” En 2012, elle se lance à son compte. Mais pas toujours facile de convaincre les studios de danse de lui ouvrir les portes. “On était souvent rejetées. Les gens ne voulaient pas accueillir des cours de pole dance. Je transportais mes barres dans le coffre de ma voiture, d’une salle à l’autre.”

La professeure de danse a aussi rencontré de l’incompréhension de la part de certains de ses proches. “J’ai vécu des ruptures : des amis n’ont pas voulu comprendre, se sont montrés jaloux".

On m’a même dit que je faisais un sport de pute.

Marie Gatinaud

Professeure de pole dance

 Malgré ces mots parfois très violents, Marie Gatinaud refuse d’abandonner et “persiste” pour “sa passion”.

Des élèves de 8 à 60 ans

C’est grâce à la médiatisation de son sport, et à un sketch de Florence Foresti, que le public s’ouvre peu à peu à la discipline. “Elle s’est mise en scène avec une barre de pole dance et ça a permis de mettre à mal les clichés qui l’entourent.” De fil en aiguille, l’école de la jeune femme grandit et séduit un public varié, de 8 à 60 ans.

Parmi ses élèves, Juliette, 36 ans. Pratiquante de pole danse depuis maintenant sept ans, elle est devenue “totalement accro à ce sport”. “J’ai l’ai découvert plus ou moins par hasard, sur un salon du tatouage à Nantes. Il y a eu une démonstration : ça attirait l’œil des hommes autour de moi. "

Moi, je n’ai pas vu une femme qui se dénudait, mais une athlète avec des muscles puissants.

Juliette

Pole danseuse

"On voit son corps changer, on ose plus"

Souplesse, force, cardio… La pole dance est un sport complet, “à la croisée de la danse et de la musculature”, explique Wendy, 30 ans, pratiquante depuis deux ans et demi. “Il y a différents niveaux dans l’école, tout le monde est le bienvenu. Il n’y a vraiment pas d’esprit de compétition. J’avais peu confiance en moi quand j’ai débuté, je n’aimais pas mon corps, la pole dance m’a beaucoup aidée.”

“J’en fais au minimum deux fois par semaine. Et ma fille de onze ans aussi !, s’enthousiasme Juliette. On voit son corps changer, on ose plus : à force d’être en brassière-short, on porte un regard différent sur son corps. Que ce soit celui d’une femme de 30, 40 ou 50 ans, peu importe !”

L’année prochaine, Marie Gatinaud va ouvrir un nouvel espace à La Rochelle. “C’est la première fois que je serai propriétaire des lieux : il y aura deux salles, avec six barres dans chaque salle. Je suis très contente !” Selon la fédération française de danse, il y aurait entre 40 000 et 50 000 pratiquants de pole dance en France.

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