Virgile et Rémi pratiquent un sport dont on dit souvent, à tort, qu'il est plutôt pour les filles : la danse. Près de Poitiers, une école de danse veut mettre fin aux préjugés et élargir la pratique à plus de mixité.
La majorité des jeunes garçons hésitent entre le football, le basket, le tennis ou encore le rugby. Virgile et Rémi ont, quant à eux, choisi la danse. Une passion qu'ils pratiquent depuis plusieurs années à l'école Jeunes Amis de la Danse, situé à Saint-Benoît, près de Poitiers.
"Je me sens libéré"
Virgile Vivion pratique le modern jazz. Il vient trois fois par semaine dans cette école. Un moyen pour lui de s'évader et de faire ce qu'il aime depuis tout petit, danser. "Je suis très content quand je danse, je me sens libéré. Je peux faire ce que je veux, alors que normalement, on doit rester dans des cases. Là, on peut un peu plus se lâcher. Danser, cela me permet de penser à autre chose que les cours. Ça permet de m’évader".
Il respire danse, il vit danse. Il est habité par cela.
Anabelle BarrotMère de Virgile, jeune danseur
Que ce soit dans les salles de l'école ou dans sa chambre, Virgile ne s'arrête jamais de danser. Pour sa mère, Anabelle Barrot, la danse est plus qu'une vocation chez lui. "Déjà tout petit, il ne marchait pas, il dansait, collé à la table basse... C'est vraiment une passion. Il respire danse, il vit danse. Il est habité par cela. Dès que l'on mettait un peu de musique, il était parti et il dansait".
Faire face aux doutes et aux jugements
Élevé dans une famille d'artistes, Virgile a toujours été soutenu par ses proches et ses amis. Il a dû pourtant faire faire aux doutes et aux critiques à son égard. "Les gens me disaient : "Oh, tu fais de la danse, tu dois faire de la danse classique, tu dois porter un tutu rose..." Ça ne m'a pas beaucoup plu, évoque Virgile. J'ai commencé à douter de moi, je me posais de questions pour savoir si je continuais la danse ou non. Mais ma famille et mon entourage ont continué à m'encourager et j'en suis là aujourd'hui grâce à eux maintenant".
Virgile et Rémi sont parfaitement intégrés au cours de danse. La présence de deux jeunes hommes est même saluée par les autres danseuses, comme Mathilde Barbeau. "Je trouve que c'est courageux, mais je n'ai pas envie de dire cela non plus. Je n'ai pas envie que cela soit un stéréotype, donc je trouve que c'est plutôt normal qu'ils viennent".
Favoriser la mixité
Rémi Desplebin a longtemps été le seul garçon de son âge à pratiquer la danse au sein de cette école de Saint-Benoît. "Cela ne m'a pas tant choqué que ça, avoue-t-il. Ce serait bien qu'il y ait plus de garçons dans ce cours, comme ça il y aurait plus de mixité".
La danse, c’est pour tout le monde. Il n’y a pas besoin de s’excuser de pratiquer la danse. Au contraire, c’est une activité comme une autre.
François LecellierPrésident de l'association Jeunes Amis de la Danse
Intégrer plus de garçons, un souhait partagé par son école de danse. "Les choses évoluent, il y a de moins en moins de préjugés", souligne François Lecellier, président de l'association et de l'école de danse de Saint-Benoît. "Quand les jeunes arrivent au lycée, il n'y a plus de trop de problèmes. On leur demande même : "Tu fais de la danse ? Depuis combien de temps ?" Au collège et en primaire, la danse est encore considérée comme une activité de filles".
Encourager la création de cours mixtes favoriserait cette mixité, selon lui. "Tout le monde peut danser, garçon comme fille. La danse, c’est pour tout le monde. Il n’y a pas besoin de s’excuser de pratiquer la danse. Au contraire, c’est une activité comme une autre".
L'école Jeunes Amis de la Danse a récemment lancé un concours pour tordre le cou aux préjugés. Des témoignages de jeunes danseurs sont parvenus des quatre coins de la France. Malgré tout, les stéréotypes demeurent bien ancrés dans la majorité des sports de l'Hexagone. D'après la Fédération française de danse, 70 000 licences ont été délivrées par la fédération en 2022, dont plus de 60 000 licences féminines.