Le procureur de la République de Niort a ouvert samedi soir une enquête pour organisation d'une manifestation interdite contre les mégabassines. La justice veut identifier les personnes responsables des violences commises lors du rassemblement à Sainte-Soline.
Julien Wattebled, le procureur de la République de Niort a décidé d'ouvrir une enquête après les graves incidents survenus samedi à Sainte-Soline.
Dans un communiqué publié dans la soirée, il fait état de trois manifestants blessés et en urgence absolue, pris en charge par les secours, pour l'un d'entre eux, le pronostic vital est engagé. Quatre autres manifestants ont été blessés moins gravement. Du côté des manifestants, on parle de plusieurs dizaines de personnes blessées.
Les forces de l'ordre ont également été touchées, 28 gendarmes ont été blessés dont deux en urgence absolue.
Les affrontements avec les manifestants ont été filmés depuis un véhicule de gendarmerie.
Deux journalistes ont également été pris en charge par les secours. Sur le plan matériel, quatre véhicules de gendarmerie ont été incendiés
Les carcasses calcinées sont encore sur le site.
Le procureur explique également que "compte tenu de l'extrême violence des affrontements, aucune interpellation n'a pu être réalisée pendant la manifestation." C'est pourquoi il a ouvert une enquête du chef "d'organisation de manifestation interdite".
Des armes et des projectiles saisis
En revanche, les contrôles d'identité effectués aux abords du rassemblement ont permis l'interpellation de 11 personnes pour des infractions de droit commun, comme trafic de stupéfiants, port et transport d'armes ou même "survol par un pilote d'aéronef d'une zone interdite".
Et de nombreuses saisies ont été réalisées. Le procureur en dresse le détail précis : "62 couteaux, 67 boules de pétanque, 7 artifices, 6 bidons d’essence, 12 pierres et parpaings, 13 haches ou machettes, 5 matraques ou battes de baseball, 20 aérosols ou bonbonnes de gaz, 69 équipements de protection et 95 outils divers"
Une surveillance policière est maintenue aux abords de la bassine
Selon une source proche de l'enquête, la police judiciaire va se rendre sur les lieux pour récupérer les projectiles et effectuer des tests ADN pour essayer de retrouver les auteurs.
Ce dimanche matin le camp est déserté, mais présente quelques stigmates des affrontements de samedi. Les pluies de la nuit l'ont transformé en terrain de boue.
Les organisateurs dénoncent des violences policières
Les organisateurs de la manifestation ont tenu une conférence de presse dans la matinée. Ils estiment que "le déferlement de violence était du côté de la police. Il y avait une ambiance de front de guerre" affirment-ils. Julien Le Guet, le porte-parole de Bassines, non merci ! s'interroge après les propos du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin samedi soir qui évoquait les milliers de grenades lancées sur les manifestants " je ne sais pas comment le ministre de l’Intérieur a pu se vanter d’avoir lancé 4 000 bombes sur le peuple".
Les organisateurs de leur côté parlent de 200 blessés parmi les manifestants, dont une vingtaine mutilés ou défigurés. Pour Benoît Biteau, député européen EELV, les gendarmes et le ministre de l'Intérieur ont réécrit l'histoire. "Vous pensez qu’on est dans l’éthique en gazant des élus qui protègent des blessés ? C’est insupportable ce qui s’est passé ! C’est grâce à Marine Tondelier (secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts, ndlr) qui a appelé le cabinet de Borne, que les secours ont enfin pu passer".
Ce sont les gendarmes qui ont tiré les premiers. Est-ce que vous voulez qu’on revive Sivens ? J’avais alerté l’État !
Benoît Biteau, député européen Europe Ecologie-les Verts
Affrontements lors de la manifestation anti-bassines à Sainte-Soline vus par la gendarmerie
Affrontements lors de la manifestation anti-bassines à Sainte-Soline vus par les militants