"Vacciner, c'est protéger" : quand les éleveurs s'inquiètent de leur bétail face à la fièvre catarrhale ovine

Dans le nord de la France, l'épizootie de fièvre catarrhale ovine, ou "maladie de la langue bleue", progresse. Une situation suivie de près par les éleveurs de Poitou-Charentes, qui scrutent également une souche virulente présente dans le sud du pays.

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Elle se propage dans toute la France. Les éleveurs agricoles sont très inquiets face à la pandémie de la fièvre catarrhale ovine. Si pour le moment aucune contamination a eu lieu dans le Poitou-Charentes, les agriculteurs restent sur le qui-vive.

"La fièvre catarrhale, c'est toujours inquiétant"

Alors qu'un nouveau variant de la fièvre catarrhale frappe le nord de la France, Victor Léglantier, éleveur dans la commune de Saulgé dans le sud de la Vienne, a pour le moment décidé de ne pas vacciner son troupeau composé de 500 brebis. "La fièvre catarrhale, c'est toujours inquiétant. Comme toutes les épidémies, on se pose toujours des questions. Nous n'avons pas été touchés sur l'élevage, donc on reste serein et on continue à faire notre travail normalement. Je n'envisage pas de vacciner parce que les tout premiers vaccins FCO (fièvre catarrhale ovine) a eu de très mauvais retours, avec plusieurs soucis, dont l'avortement sur les brebis."

L'agriculteur préconise alors d'autres méthodes pour lutter contre le principal vecteur de la maladie, le culicoïde : "dans notre secteur, on doit faire face à un insecte, une mouche Wohlfahrtia magnifica, qui pond des asticots carnivores et qui attaquent nos brebis. On est donc obligé de les protéger avec de l'insecticide. On se dit qu'il permettrait éventuellement de protéger contre ce moucheron vecteur de la FCO."

Une maladie qui ne touche pas l'homme et n'affecte pas la qualité de la viande

La fièvre catarrhale frappe durement les départements du sud de la France ces derniers mois. Plusieurs milliers de bêtes ont été touchées par le variant numéro 8. Dans un élevage des Pyrénées-Orientales, un tiers du troupeau a été décimé en un mois. "Cela se traduit par un gonflement de la bouche, puis elle se met à baver. Certaines ont une langue énorme, de couleur bleue. Cela génère des gros aphtes qui les empêchent de manger, de boire... Après, elles maigrissent et meurent. Les brebis dépérissent en une journée, grand maximum deux... Le problème que l'on a, c'est que l'on est démuni, il n'y a rien à faire", constate l'éleveur ovin Stéphane Ryckbosch du Haut Vallespir.

Aussi appelée "maladie de la langue bleue", la fièvre catarrhale ovine touche principalement les ruminants domestiques. Si elle n’affecte pas l’humain et n’a aucune incidence sur la qualité sanitaire des produits de la ferme, comme le lait et la viande, elle atteint gravement les animaux, qui peuvent avoir de la fièvre, des troubles respiratoires ou des œdèmes de la face.

Pour Pascal Robichon, éleveur et président du groupement de défense sanitaire de Nouvelle-Aquitaine, la vaccination de tous les animaux bovins, ovins et caprins est fortement conseillée. "La situation est inquiétante, mais pas dramatique non plus. Il faut vacciner, et vacciner rapidement. Et contrairement à ce que l'on peut entendre, il faut aussi bien vacciner sur les ovins que sur les bovins. Le problème des éleveurs, c'est qu'ils ne sont pas réactifs tant qu'ils ne connaissent pas ce problème. Maintenant, quoi qu'il arrive, vacciner, c'est protéger. Il faut essayer d'augmenter l'immunité rapidement pour booster l'immunité naturelle. Même si la maladie est là et que tu vaccines, tu vas protéger d'autres animaux."

Cet éleveur attend justement les doses de vaccins qui peinent à arriver. Dans les Deux-Sèvres, cinq bêtes auraient déjà été contaminés par le variant venu du sud de la France. Une maladie qui ne touche pas l'homme et n'affecte pas la qualité de la viande.

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