De nouvelles règles pour la vidange des étangs ont été fixées par un arrêté du ministre de la Transition écologique. Plusieurs associations du Poitou-Charentes ont contesté cette décision devant le conseil d'État ces dernières semaines. Mais ce dernier a confirmé l'arrêté ministériel qui interdit actuellement les vidanges. Réaction et explications dans les Deux-Sèvres.
Pour tous les propriétaires d'étangs, la décision du conseil d'État était attendue de longue date. Car plusieurs associations du centre de la France, dont les syndicats des Étangs Poitou-Charentes, espéraient faire annuler l'arrêté du ministre de la Transition écologique, fixant les nouvelles prescriptions techniques applicables aux plans d'eau, en particulier sur les nouvelles modalités de vidange.
Mais les requérants ont été déboutés par le conseil d'État de leur demande d'annulation de l'arrêté datant d'août 2023. Cet arrêté a été mis en place pour réguler la période des vidanges. Le tout encadré par le plan global de la gestion de l'eau. Ce qui a pour conséquence de réduire drastiquement la période où il est possible de vider son plan d'eau.
Les propriétaires inquiets
Pour les propriétaires d'étangs, la colère laisse place à l'inquiétude. En effet, depuis des décennies, cette période automnale est la période privilégiée pour vidanger les plans d'eau.
Il y a un risque de disparition de la profession de pisciculteur
Daniel FerretMembre du syndicat de Valorisation des Etangs en Poitou-Charentes
Sur son exploitation, Frédérik Lemasson, Aquaculteur en eau douce, prélève des poissons chaque année. Mais, désormais, il est contraint de vidanger à des dates précises, sur une courte période, au printemps : " la nouvelle réglementation impose des périodes de vidange et nous interdit de pêcher dans nos étangs sur les périodes les plus appropriées ".
Des vidanges prématurées qui créent des pertes en laissant notamment échapper des œufs.
A contrario, les vidanges trop tardives ont aussi des impacts négatifs : "par rapport à la surface de l'étang, on risque d'avoir trop de poissons et à la fin, ils s'étouffent eux-mêmes. Il n'y aura pas forcément assez de nourriture et les eaux ne seront pas forcément assez claires ".
Frédérik Lemasson dit avoir perdu deux tonnes de poissons en un mois et demi, soit une perte estimée à 11 000 euros.
L'inquiétude ne gagne pas seulement les propriétaires de 3 500 étangs répertoriés dans le département des Deux-Sèvres. Le syndicat de valorisation des Étangs en Poitou-Charentes craint également l'avenir, notamment pour les pisciculteurs : " Il y a un risque de disparition de la profession de pisciculteur. Si on ne produit pas, il n'y a pas de revenus, les professionnels risquent donc de disparaître, c'est mécanique ", constate Daniel Ferret, membre du syndicat.
Dans les Deux-Sèvres, ils sont environ cinquante pisciculteurs professionnels.
Mais, Frédérik Lemasson, qui a repris l'exploitation de ses parents il y a quelques années, est obligé de cumuler son métier de pisciculteur avec une deuxième activité par manque actuel de rentabilité.
Hormis sur dérogation de la préfecture, ces professionnels ne pourront pas vidanger avant le printemps prochain.