Réserves d'eau insuffisantes. La question cristallise les tensions en Aquitaine

Ce 18 octobre, la question de l'eau est au cœur des manifestations agricoles à Bordeaux et Mont-de-Marsan suite à la hausse de la redevance de prélèvement de l’eau d’irrigation, prévue dans le projet de loi de finances. La gestion de l'eau potable est également un enjeu en Gironde, où la population ne cesse de s'accroître.

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Au petit matin, plusieurs groupes d'agriculteurs se sont présentés, ce 18 octobre, devant l'Agence de l'eau à Bordeaux (bassin Adour-Garonne) mais aussi à Mont-de-Marsan. Cette action menée par la FNSEA dénonce la hausse de la redevance de l'eau d'irrigation.

Doubler la redevance

Xavier de Saint Léger, vice-président de la FNSEA de Gironde, estime, comme les autres agriculteurs, être pris à la gorge. "En clair, une ferme près de Mont-de-Marsan qui payait 1200 euros de redevance, va en payer 2400. Et une autre, dans la zone des sables, près des forêts de pins, qui en payait 2000, va en payer 5000. Et ça, c'est inacceptable ! "

Cette action se voulait symbolique pour "marquer leur mécontentement" suite à l'annonce de l'instauration d'un taux plancher défini à 1,41 euros /m³ contre 0,50 actuellement dans certains territoires.  

C'est 153% d'augmentation en moyenne !

Cédric Pointet, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs 33

France 3 Aquitaine

Pour la fédération des agriculteurs, la lutte ne se porte pas sur les bons enjeux. "La culture utilise 3% de l'eau qui tombe tous les ans. Elle n'est normalement jamais en concurrence avec l'eau potable. On trouve ça fort de devoir subir une telle augmentation. In fine, c'est de l'inflation que ça crée même pour le consommateur", souligne le vice-président de la FNSEA de Gironde.

"Il faut nous laisser produire sans nous asphyxier !", souffle Cédric Pointet, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs 33. Pour lui, de telles augmentations font le jeu des importations. "C'est une perte de compétitivité énorme", prévient-il, peu assuré que les agriculteurs soient entendus à l'Assemblée Nationale.

Votée à l'Assemblée

Le projet de loi de finances est en effet encore en discussion à l'Assemblée nationale. Par ces manifestations à Bordeaux ou Mont-de-Marsan, les agriculteurs veulent alerter avant qu'il ne soit trop tard. La mesure au cœur des tensions mesure accorde en effet plus de pouvoir décisionnaire aux agences de l'eau, "il faudrait une limitation, voire un plafond pour ces taxes particulières". 

Et l'eau potable ?

Y aura-t-il de l'eau pour tout le monde et pour combien de temps ? Ces mesures de restrictions d'eau font suite à des mois de sécheresse, de polémiques sur les usages de l'eau, qu'ils soient agricoles mais aussi particuliers. 

Car si l'eau potable est une ressource contrôlée, sa consommation est depuis quelques années particulièrement observée. En Gironde, le SMEGREG (Syndicat mixte d'étude et de gestion de la ressource en eau du département de la Gironde) fournit de l'eau potable, de bonne qualité en quantité suffisante. C'est 120 millions de mètres cubes d'eau prélevés pour près d'1,6 million de Girondins chaque année.

Dans le département, 97 % de l’eau potable est issue de nappes souterraines "éocènes", à ne pas confondre avec les nappes phréatiques de surface. Ces nappes situées entre 50 et 250 mètres de profondeur, datent "de plus de 10 000 ans et circulent tout doucement d'est en ouest sous nos pieds", précise Patrick Eisenbeis, chargé de mission Économie d’eau au SMEGREG

50 millions de mètres cubes prélevés

En Gironde, il n'y a pour autant pas de pénurie, car l'eau est disponible. Dans le département, il s'agit plutôt d'une gestion de l'eau. Selon le syndicat mixte, la population puiserait actuellement "trop dans cette nappe". Il s'agit donc de faire des économies, "en allant chercher de l'eau dans d'autres nappes d'aussi bonne qualité pour équilibrer les prélèvements. Pour l'instant, on prélève 50 millions de mètres cubes dans cette nappe, alors que le bureau régional géologique et minier préconise d'en prélever 38 millions" pour que cela puisse se renouveler.

Depuis 25 ans, "on a fait un gros travail d'économie d'eau", explique-t-il. C'est une grande fierté pour le syndicat. Alors que la population a augmenté de 300 000 habitants ces dix dernières années, la consommation est restée la même grâce notamment aux actions répertoriées sur le site, j'économise l'eau.org qui liste les déperditions d'eau dues à des fuites, mais aussi des gestes du quotidien que l'on peut appliquer chez soi, mais aussi en entreprises.

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