À quelques jours du premier tour des élections régionales 2021 dans les ex-régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, les huit têtes de liste en Nouvelle-Aquitaine ont débattu pour la première fois sur France 3 ce mercredi 9 juin.
À 12 jours du premier tour des élections régionales en Nouvelle-Aquitaine, les huit candidats en lice ont débattu pour la première fois sur France 3 Nouvelle-Aquitaine à la télévision, et ici sur notre site internet. Au coeur de ce débat, les transports, l'économie, l'éducation, la jeunesse, mais aussi l'environnement, la culture et le tourisme.
Pour échanger et débattre, Jérôme Vilain de France 3 Poitou-Charentes et Vincent Hulin de France Bleu Poitou recevaient :
- Alain Rousset (Président sortant du Conseil régional - Liste "Nos territoires, nos énergies")
- Nicolas Thierry (Liste "Nos terroirs, notre avenir" - Europe Ecologie - Les Verts - Génération.s)
- Geneviève Darrieussecq (Liste "L'union fait la région - Union des centres UDI, LREM, MoDem)
- Nicolas Florian (Liste "Union de la droite et du centre" - Les Républicains)
- Edwige Diaz (Liste "Une région au service de la France" - Rassemblement National)
- Clémence Guetté (liste "On est là !" - La France insoumise - NPA)
- Eddie Puyjalon (Liste "Le mouvement de la ruralité, résistons avec Jean Lassalle" - liste du LMR soutenue par Résistons avec Jean Lassalle)
- Guillaume Perchet (Liste "Faire entendre le camp des travailleurs" - Lutte Ouvrière)
Ce qu'il faut retenir du débat en Nouvelle-Aquitaine
Les transports de la discorde
C’est le sujet qui fâche entre les candidats, l’un des thèmes majeurs de la campagne et une forte attente des Néo-Aquitains. La compétence régionale est celle du ferroviaire.
Le président socialiste sortant veut donc faire plus encore que lors du précédent mandat. "Le premier défi, c’est celui d’entrer dans les villes, si vous restez à la voiture vous avez des embouteillages, si vous prenez le train, vous franchissez les embouteillages".
Le patron actuel de la Région est toujours un fervent défenseur de la Ligne à Grande Vitesse au-delà de Bordeaux. Sujet de fâcherie avec les écologistes.
Le candidat écologiste Nicolas Thierry le rejoint sur un point. "Il y a l’enjeu du dérèglement climatique, et on doit pouvoir se déplacer autant qu’on veut de manière propre et non polluante et ça le Fer répond à cet enjeu-là". Mais pas n'importe quel transport ferroviaire. Pas de LGV trop coûteuse pour un bénéfice temps réduit. Cet argent serait pour lui mieux investi dans les trains type TER.
Geneviève Darrieussecq, représentante de la majorité présidentielle, Modem et LREM, appuie ce dossier de LGV vers l’Espagne. La Landaise sait qu'il y a des attentes dans son département d’ailleurs sur l’arrivée de ce TGV plus rapide. Au nom de l’attractivité, "il faut pousser ce projet" affirme-t-elle.
La gratuité des transports est plutôt en tête du programme de Clémence Guetté pour La France Insoumise-NPA. "La mobilisation des gilets jaunes nous a montré que les freins financiers à la mobilité sont très importants".
Fer ou route, la candidate du Rassemblement National, Edwige Diaz, veut d’abord et avant tout "une politique de démétropalisation". Comprenez plus pour les territoires ruraux, moins pour Bordeaux. Un refrain connu aussi au temps des gilets jaunes. Avec le thème de la sécurité, cher au Rassemblement National, et qui revient en augmentant les effectifs de sûreté ferroviaire.
Le candidat de la liste LR, Nicolas Florian priorise sur la route avant tout pour "remettre de l’argent sur le volet routier facteur qui favorise les déplacements".
Eddy Puyjalon, du Mouvement pour la ruralité, est aussi un partisan de la route. "Favorable à la Limoges-Poitiers et Limoges-Périgueux-Langon-Pau pour éviter la thrombose de Bordeaux".
Pour le candidat Lutte Ouvrière, Guillaume Perchet, la gratuité s’impose. Il déplore l'abandon du secteur des transports "au grand patronat".
Les recettes pour relancer l’économie de la région
Ils sont toutes et tous sensibles à la bonne santé de l’économie régionale mais pas avec les mêmes remèdes !
Geneviève Darrieussecq croit beaucoup au plan de relance de sa majorité présidentielle. Elle prône "la simplification, l’agilité et le traitement des dossiers au plus près des territoires".
Pour la droite et les LR, Nicolas Florian “passe par un soutien de tous ceux qui ont des petites structures".
Alain Rousset souhaite doubler les entreprises innovantes. Il défend l’écosystème qu’il a mis en place pour aider les entreprises et développer l’emploi. Il détaille ce qui fait sa fierté.
"C’est le catalogue de La Redoute avec Alain Rousset" lance l’élu régional LR Nicolas Florian. Réponse du président de la région qui l’interpelle ainsi : "catalogue de La Redoute, tu devrais travailler un peu plus quand tu viens à la région…".
Retour aux propositions des autres candidats
Edwige Diaz du RN se voit en "VRP de la Nouvelle-Aquitaine" partenaire des entreprises "pour lesquelles j’ai beaucoup de respect" insiste-elle. De son côté, le candidat écologiste Nicolas Thierry mise sur les emplois émergents en réponse aux nécessaires adaptations au réchauffement climatique et autres pollutions. Pour sa part, Clémence Guetté de la France Insoumise/NPA prône "une région stratège qui prend des vrais choix". Elle rejoint les grands axes défendus par les écologistes pour privilégier les entreprises actrices de l’environnement.
Celui qui se présente au nom de la ruralité, Eddy Puyjalon, mise tout sur l’agriculture.
Quant au candidat des travailleurs Lutte Ouvrière Guillaume Perchet, il garde son thème de prédilection : "Arrêter de financer le grand patronat" en dénonçant les aides accordées à des grands noms du monde de l’entreprise qu’il énumère.
Au chevet de la jeunesse
Les candidats se sont entendus sur un diagnostic, celui de la souffrance de la jeunesse qui vient de traverser la crise sanitaire avec plusieurs difficultés rencontrées : un enseignement en pointillé, un manque de débouchés sur le marché de l'emploi et la précarité. Lycées et universités font partie des compétences du conseil régional. C'est sans doute le thème du débat qui a été le moins clivant même si chacun a pu avancer ses propres solutions, tous ont évoqué le développement de la formation professionnelle et du dialogue avec le monde de l'entreprise.
Passe d’armes sur les compétences en matière de formation
Geneviève Darrieussecq (UDI, LREM, MoDem) souhaite fournir un équipement numérique à tous les élèves de seconde et encourager la pratique du vélo pour les déplacements au quotidien.
Elle souhaite également faire de l'orientation, dès le collège, un levier pour l'avenir des jeunes. Sur ce thème, Alain Rousset lui a rappelé que jusqu'à présent, la région "ne pouvait pas mettre un pied" dans les collèges.
"'L'orientation n'était pas de la compétence du conseil régional. En revanche, votre gouvernement Madame Darrieussecq, nous a retiré la compétence des CFA. Vous parlez de campus des métiers, ils existent déjà ! ". "Vous êtes suffisant, vous avez tout fait monsieur Rousset, et vous ne supportez aucune remarque !" lui a-t-elle rétorqué.
Écoute, sécurité et transports
Nicolas Florian (LR), met en avant la création d'un parlement de la jeunesse pour les 16-25 ans pour leur permettre de s'exprimer sur ses attentes. Les conseils régionaux n'ont pas la main sur la sécurité, sauf si elle entre dans l'une de leurs compétences. La région peut donc gérer l'organisation de la sécurité aux abords des lycées. Une compétence qu'Edwige Diaz (RN) souhaite exercer pour sanctuariser ces établissements pour sécuriser les enseignants, les étudiants et rassurer les parents.
Revenant sur le thème des transports, Nicolas Thierry (EELV - Génération.s) annonce quant à lui vouloir rendre transports en communs gratuits pour les moins de 25 ans.
Environnement
Quand on parle environnement en Nouvelle-Aquitaine, deux épineux dossiers s’imposent inévitablement dans les conversations. L’éolien d’abord avec une colère sourde qui se fait de plus en plus entendre dans le nord de la région. On se souvient que fin 2019, les quatre présidents des conseils départementaux de l’ex-Poitou-Charentes étaient montés au créneau. Dans une déclaration commune, ils demandaient plus de justice territoriale en la matière. En effet, Deux-Sèvres, Vienne, Charente et Charente-Maritime concentraient, selon eux, plus de 90% du parc Néo Aquitain. Ils se faisaient ainsi l’écho des dizaines de collectifs et associations qui, sur le terrain, multiplient les actions en justice pour limiter les nouveaux projets d’implantation.
« Simple question d’altitude », rétorque Alain Rousset qui précise que l’Aquitaine s’est, elle, spécialisée dans le photovoltaïque. Le président sortant préfère, en matière d’environnement, mettre en avant « Neo-Terra », une feuille de route votée en juillet 2019 et élaborée après une vaste consultation des scientifiques sur les enjeux du réchauffement climatique.
Les éoliennes, je trouve ça moche, ça enlaidit les paysages
Beaucoup de candidats expriment leur désaccord avec la politique régionale en faveur de l’éolien. Edwige Diaz rappelle l’opposition ferme du Rassemblement national et son vote négatif au schéma adopté par l’assemblée régionale. Si Nicolas Thierry déclare comprendre le ressentiment de la population sur le terrain et prône un développement de l’offshore, Nicolas Florian propose, lui, un moratoire sur l’éolien.
Sur la question, le plus virulent est sans surprise Eddie Puyjalon. « On n’a pas de débat là-dessus ! On déroule le rouleau-compresseur Europe-Ecologie Les verts, « l’éolien, c’est propre ». Et bien non, l’éolien, ce n’est pas propre, ça tue les gens sur le territoire, ça tue les animaux, ça pollue et ça coûte très cher ».
Guillaume Perchet, lui, pense « qu’on ne sauvera pas la planète sans sortir du capitalisme et que la transition écologique est un argument pour recycler les subventions publiques ».
Autre dossier clivant et source de contestation, la gestion de l’eau est une question que les candidats ne peuvent éluder. Dans les Deux-Sèvres et dans la Vienne, mais aussi en Charente-Maritime, la guerre des « bassines » a fait couler beaucoup d’encre. Leurs promoteurs, maïsiculteurs pour la plupart, préfèrent parler de « bassins de substitution » et arguent d’un besoin vital d’irrigation pour leurs exploitations. En face, les opposants dénoncent une privatisation de ce bien commun financée par de l’argent publique et un désastre écologique. Une controverse qui, avec les mêmes arguments, a divisé la population de Caussade où, sous l’égide de la chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, un lac artificiel a été illégalement creusé. La visite de Geneviève Darrieussecq le 27 mai dernier dans le petit village de Saint-Pierre-de-Caubel a été largement commentée par ses adversaires durant cette campagne.
La ministre candidate ne s’y attarde pas et parle plutôt de « politique de sécurisation de l’accès à l’eau potable et à une réflexion sur les usages industriels et agricoles de la ressource ». Alors que Nicolas Florian se dit « favorable à tout ce qui peut aider l’agriculture » et que Eddie Puyjalon propose la construction de nouveaux barrages, Clémence Guetté se montre sans surprise une farouche opposante aux fameuses « bassines ». « Ça ne profite qu’à 8% des agriculteurs. Il faut en finir avec ça et promouvoir une gestion économe de la ressource en eau. Comme les trames vertes et bleues, il y a beaucoup de solutions et il faut les mettre en place urgemment ». Une position que partage dans les grandes lignes Nicolas Thierry.
Alain Rousset se veut à ce sujet plus nuancé et, sans s’opposer aux stockages de substitution, souhaite les conditionner à un changement des pratiques agricoles pour « baisser les intrants ».
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