Les hirondelles ont investi deux bâtiments de la ville en ruine. Leur démolition a été reportée, le temps que les hirondelles aient fini de couver
Une démolition repoussée pour cause de construction. La construction, c'est celle de 7 petits nids d'hirondelles des fenêtres, dans les avant-toits de deux bâtiments du centre-ville de Bergerac en ruine qui, eux, sont voués à la destruction.
50% des hirondelles françaises ont disparu
Par le passé, les discrets habitats des volatiles n'auraient guère posé de problème aux pelleteuses, mais les temps ont changé. Victime des activités humaines (voir ci-dessous), l'hirondelle est menacée. La Ligue de Protection des Oiseaux estime que sa population a baissé de 50% en quelques années, et le phénomène ne semble pas ralentir.
L'hirondelle est désormais protégée, et la protection de l'oiseaux concerne aussi son nid. Sa destruction volontaire est passible d'une amende maximale de 15 000 €uros. La démolition du garage de moto et du cabinet médical désertés de la rue Saint-Esprit, à l'angle de la place du Moulin-de-Piles, menaçait justement sept nids en construction qui ont été répertoriés par la LPO dans les avant-toits. Leur destruction aurait pu être passible, dans l'absolu, de 150 000 €uros d'amende et de peine de prison. Les volatiles se sont visiblement installés ici pour bénéficier de la proximité du port qui leur permet de collecter la boue nécessaire à la construction des nids.
Trêve de nidification
Ces "hirondelles des fenêtres" sont l'une des 4 espèces présentes dans le département. Alertée par les ouvriers et la LPO, la mairie a décidé de surseoir à la démolition le temps de la nidification. Les travaux reprendront à la fin de l'été, quand les hirondelles auront quitté le nid. Les bâtiments détruits doivent permettre de créer une petite place végétalisée. Reste à savoir où, au printemps prochain, nicheront les hirondelles de retour, d'habitude fidèle à leur nid d'origine.
Un combat depuis 20 ans pour la survie de l'espèce
Pour la LPO, l'heureuse initiative de la mairie de Bergerac a surtout un impact symbolique face à l'ampleur du désastre, mais elle crée tout de même une "jurisprudence" en la matière. De son côté, la Ligue continue d'œuvrer pour mieux comprendre et si possible endiguer l'hécatombe. Depuis 2001 elle lance des enquêtes participatives pour recenser les nids d'hirondelles des villes (Hirondelle rustique, Hirondelle de fenêtre, Hirondelle de rivage et Martinet noir) en faisant appel aux bonnes volontés de leurs habitants.
Les principales causes de la disparition de l'hirondelle sont principalement humaines
- L'élevage hors sol et la disparition des prairies, les champs traités aux insecticides qui tuent les insectes ou les rendent empoisonnés
- la destruction des haies et le drainage, la disparition des marais et zones humides qui gêne le regroupement des hirondelles avant la migration
- la disparition des étables, granges, stabulations et vieilles bâtisses où les oiseaux faisaient leur nid
- l'étalement urbain
- les ouvertures condamnées dans les habitations pour empêcher la construction des nids et la présence de fientes
- le changement climatique qui occasionne des chutes brusques de température, des sécheresses inhabituelles. L'hirondelle, ne trouvant plus d'insectes pour la nourrir, sacrifie alors sa progéniture
mais aussi, dans une moindre part, naturelles
- les moineaux concurrencent les hirondelles et peuvent "voler " leur nid et détruire les œufs
- certains rapaces (buses, faucons) chassent les hirondelles
- les chats, les fouines et les lérots sont aussi des prédateurs "naturels" de l'hirondelle.
- Le taux de mortalité élevé : sur 10 naissances dans les nids, deux hirondelles seulement survivront assez longtemps pour revenir se reproduire l'année suivante