Un site préhistorique exceptionnellement riche découvert sur un terrain à construire : "pour la Dordogne, ce site est le site de la décennie !"

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Des témoignages directs du paléolithique dans un exceptionnel état de conservation
En Dordogne, les fouilles archéologiques sont souvent fructueuses, illustration à Creysse où des silex prometteurs sont mis au jours ©France 3 Périgords - Anne-Laure Meyrignac & Delphine Roussel-Sax

En Périgord, la préhistoire n'est jamais très loin. Lors d'un chantier de fouilles préventives, des archéologues ont mis au jour un atelier de production d'outils préhistoriques d'une rare abondance

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Cela se passe sur le lieu-dit Les Rivelles à Creysse, en Dordogne, tout à côté de Bergerac. C'est un terrain nu, un site sur lequel doit s'élever prochainement une maison. Mais comme souvent en Dordogne, les futurs habitants ne seront pas les premiers à occuper les lieux. Il y a 25 à 30 000 ans, nos lointains ancêtres avaient déjà séjourné ici même. 

En 2021, un diagnostic préalable aux travaux a révélé des traces de cette présence. Une quantité inhabituelle de morceaux de silex, visiblement façonnés par la main de l'homme.

Préserver les vestiges

Alerté, le service régional de l’Archéologie (Drac Nouvelle-Aquitaine) décide de missionner une équipe de l'Inrap (l'Institut national de recherches archéologiques préventives) pour creuser un peu la chose.

Sur une surface de 750 m², les fouilles vont alors révéler un site préhistorique d'une qualité peu commune. Des milliers de fragments de silex, témoins d'une intense activité humaine datant du Paléolithique supérieur (-28 000 / -23 000 ans).

Pour la Dordogne, ce site est le site de la décennie !

Émeline Deneuve

Conservatrice du patrimoine en charge de la Dordogne de la DRAC

Un site exceptionnel

"La densité de mobilier archéologique (pièces laissées par l'homme NDLR) est ici exceptionnelle," s'extasie Émeline Deneuve, conservatrice du patrimoine en charge de la Dordogne de la DRAC. "La qualité du mobilier, son état de fraîcheur, de préservation, c'est vraiment quelque chose qu'on ne rencontre pas tous les jours". Et de fait, la quantité de pièces retrouvées atteint parfois les 400 pièces au mètre carré, un joli puzzle.

Précieux silex

Les chasseurs-cueilleurs qui ont séjourné ici ont visiblement profité d'un gisement de silex d'excellente qualité pour façonner pendant des semaines des lames et lamelles en silex, bases nécessaires à l'élaboration d'outils, armes et ustensiles divers. Ils ont laissé sur place les chutes de cette activité, précieux témoignages de leur savoir-faire.

Ils sont allés ramasser les blocs de silex, ils ont produit leurs outils, les perçoirs, les grattoirs, les burins qui leur ont permis de chasser, de transformer les carcasses animales pour se vêtir et pour survivre à cette période de très grand froid.

Michel Brenet

Responsable de fouilles Institut National Recherches Archéologiques Préventives

Silex multi-usage

Ces milliers de vestiges lithiques prouvent effectivement l'importance de cette activité de production d'artefacts. Armes, grattoirs, outils pour découper, percer, étaient vitaux dans cette période de grand froid pour chasser, obtenir sa subsistance et se procurer de quoi affronter la période glaciaire.
Petite frustration : l'homme préhistorique n'était pas gaspilleur. Si les chutes sont abondantes, les outils eux-mêmes ont tous été emportés du site, aucun n'a été retrouvé sur place pour l'instant. Et pour cause, l'outil, précieux et rare, trouvait vite son utilité, et le plus souvent dans l'entourage immédiat. "
On est sur le plateau du Pécharmant. C'est un plateau qui est légèrement surélevé par rapport au plateau de la Dordogne. Les chasseurs-cueilleurs chassaient des troupeaux de rennes, de chevaux qu'on pouvait trouver dans la vallée de la Dordogne, de l'Isle ou de la Vézère.", explique Michel Brenet.

Direction laboratoires et musées

Précieusement indexées, répertoriées, ces pièces sont très précisément situées sur une carte du lieu avant d'être extraites. Car leur localisation donne également des précisions sur la manière dont elles ont été travaillées. Elles seront ensuite mises en boîtes afin d'être étudiées en laboratoire. Il faut faire vite, le chantier de fouilles se termine fin juin. À moins qu'une découverte majeure ne justifie un complément de travail. Un éventuel petit sursaut préhistorique, avant que la modernité reprenne ses droits et que le site des Rivelles n'entame une nouvelle page d'histoire.

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