REPLAY. Débat des départementales en Dordogne : le département peut-il larguer son ancrage historique à gauche ?

En Dordogne, cinquante conseillers départementaux doivent être choisis dans 25 cantons les 20 et 27 juins prochains. Actuellement présidé par le socialiste Germinal Peiro, le département est resté ancré à gauche depuis 26 ans. 

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Qui pour faire trembler la gauche en Dordogne ?

Qui serait de taille à faire vaciller la majorité du Président sortant Germinal Peiro, candidat à sa propre succession ? À coup sûr, l'opposition devrait former une coalition si elle souhaite faire basculer le département à droite. Et encore, l'opération semble compliquée. La Droite, le Centre et le RN ne présentent que 31 des 96 binômes en lice pour ces prochaines élections. Et hormis le RN présent dans 16 cantons, aucun parti d'opposition n'est présent sous sa propre étiquette dans plus de la moitié des cantons.

Opposition éparpillée

LREM ne présente que deux listes sous son nom propre et une liste Modem, les Républicains ne présentent que cinq listes. Sept listes s'affichent Divers Droite et neuf autres listes arborent l'étiquette "Divers".
En outre, dans trois cantons Lalinde, Vallée Dordogne et Périgord Central, les électeurs n'ont le choix qu'entre des forces de gauche, écologistes, ou "divers". 

Tentative de fédérer une force d'opposition, dix binômes (étiquetés droite ou divers) de sensibilité droite, centre ou gauche progressiste se sont regroupés sous la bannière Renouveau Dordogne. Une alliance qui espère peser entre les deux tours, en laissant la porte ouverte aux alliances. 

Dans un contexte pareil, le nouveau chef de file de la droite en Dordogne, Basile Fanier, ne tentera pas l'union de l'opposition. Il a d'ores et déjà indiqué qu'il refusait toute alliance avec LREM.

Rififi au RN

De son côté, le RN est en crise existentielle, suite au "parachutage" du candidat girondin Jacques Colombier aux régionales, très mal vécu par les responsables locaux qui ont fini par être remerciés. Où l'on verra si les sympathisants sont attachés aux hommes ou au parti.

Dordogne : la sédition départementale du Rassemblement National 

Dordogne, bastion socialiste historiquement indéracinable ?

En mars 2015, la gauche était à la tête de 61 départements français. Mais sous un gouvernement socialiste contesté, les projections lui annonçaient une véritable débacle départementale. La Dordogne gérée par Bernard Cazeau avait certes peu de chance de basculer, mais elle partait avec une majorité divisée.

Trois des cinq représentants des principaux partis en présence étaient apparentés aux forces de gauche, mais Germinal Peiro (Parti Socialiste), Patrick Cousin (Europe Écologie les Verts) et Francis Colbac (Communistes et Front de Gauche) ne cachaient pas leurs divergences internes face à Dominique Bousquet (UDD-UMP) et Robert Dubois (Front National).
De plus, tout comme le Président Bernard Cazeau, la moitié des 50 candidats sortants ne se représentait pas. Et cette année-là, la loi sur la parité obligera le département à féminiser de moitié son assemblée. De quoi faire trembler la gauche historique locale.

Voir ou revoir le débat

Une majorité 38/50

Le département est pourtant resté une nouvelle fois fidèle à son histoire. 
Depuis la Libération, hormis un intermède RPR entre 1992 et 1994, il a toujours été SFIO puis PS. En mars 2015, à quelques exceptions près, les Périgourdins ont à nouveau voté majoritairement à gauche. Trente-huit des 50 conseillers départementaux actuels en sont issus, 34 socialistes ou apparentés et 4 communistes. Le PS Germinal Peiro, élu dans la Vallée Dordogne, a pris la tête du Conseil Départemental le 2 avril 2015, soutenu par une confortable majorité. 


L'opposition de droite ne compte que 12 Conseillers Départementaux, 2 UDI, 5 Les Républicains, et 5 DVD. Les cantons actuellement tenus par l'opposition sont Bergerac 1 (Adib Benfeddoul et Gaëlle Blanc), Haut-Périgord noir (Francine Bourra et Dominique Bousquet), Pays de Montaigne et Gurson (Thierry Boidé et Christel Defoulny), Périgueux-1 (Natacha Mayaud et Laurent Mossion) Périgueux 2 ( Thierry Cipierre et Joëlle Huth), et Saint-Astier (Élisabeth Marty et Pascal Protano)
 

Beynac, un pont trop loin ?

À la veille de ces nouvelles élections départementales, s'il est un dossier qui peut inquiéter la confortable majorité actuelle, c'est sans doute Beynac. Certes, les déserts médicaux, la perte des Services Publics, la lutte contre la précarité, la sauvegarde du tourisme ou la fracture numérique alimentent la campagne, mais la déviation de Beynac c'est LE dossier qui a déchiré le département ces dernières années... Et au sein des forces de gauche, c'est devenu la principale pierre d'achoppement entre socialistes et verts.

Le projet né il y a trente ans et porté par ses trois prédécesseurs a été remis sur les rails avec la plus grande énergie dès son entrée en fonction par l'actuel Président du Conseil Départemental. Il a depuis donné lieu à un interminable et coûteux bras de fer, déchaîné partisans et opposants jusque sur la scène médiatique nationale, avant de finir par être retoqué par la justice, sans recours possible. Restent un pont inachevé à démolir, une addition à régler et de solides rancœurs à solder. Très clivant, le dossier aura au moins le mérite d'intéresser le grand public, parfois abstentionniste, au rôle du Conseil Départemental. Et, dans un sens ou dans l'autre, il pèsera dans l'élection.

Le cru 2021

Cinquante conseillers départementaux doivent être choisis dans les 25 cantons suivants : Bergerac-1, Bergerac-2, Brantôme en Périgord, Coulounieix-Chamiers, Haut-Périgord noir, Isle-Loue-Auvézère, Isle-Manoire, Lalinde, Montpon-Ménestérol, Pays de la Force, Pays de Montaigne et Gurson, Périgord central, Périgord vert nontronnais, Périgueux-1, Périgueux-2, Ribérac, Saint-Astier, Sarlat-la-Canéda, Sud-Bergeracois, Terrasson-Lavilledieu, Thiviers, Trélissac, Vallée Dordogne, Vallée de l'Isle et Vallée de l'Homme

Liste des binômes candidats en Dordogne - élections départementales juin 2021 -

Les atouts de la Dordogne : tourisme et agriculture

Troisième plus grand département métropolitain, la Dordogne est également le troisième département le plus boisé de France. Relativement peu d'industrie et de services, mais des forêts, des sites naturels remarquables, des grottes préhistoriques, d'innombrables villages pittoresques, un considérable patrimoine bâti et 5 000 km de cours d'eau font du département un site touristique de renom à la gastronomie et aux vins réputés. Près d'un quart du Produit Intérieur Brut est issu du tourisme.

Autre ressource locale, l'agriculture, grandes cultures, élevage et viticulture. Les deux ressources sont complémentaires : la Dordogne est le premier département français en matière de tourisme à la ferme et de vente directe. Un marché qui se porte de mieux en mieux en Dordogne grâce aux nombreuses conversions au bio et au regain d'intérêt pour la consommation locale de qualité.

La densité de population est assez faible. Le département ne compte que 413 500 habitants, dont environ 105 000 sont rattachés à la communauté d'agglomération du Grand Périgueux. Une démographie à la peine : en 2019, on a enregistré 2972 naissances pour 5 578 décès. La Dordogne est moins peuplée aujourd'hui qu'au 19ème siècle.

Sur les 20 000 km de routes qui traversent ce territoire rural, on ne compte que 100 km d'autoroute et 130 de nationales. Cinq lignes ferroviaires traversent le département pour relier une quarantaine de gares, et un aéroport principal, à Bergerac, éclipse celui de Périgueux.

Le département en quelques chiffres ►

Les enjeux du département en 2021

Rural, agricole et touristique, le département possède les inconvénients de ses atouts. Doté d'un budget annuel global dépassant les 500 Millions d'€uros, le Conseil Départemental doit faire face à de multiples contraintes. Hormis l'épineux dossier du contournement de Beynac, les principaux dossiers du département sont liés à sa spécificité.

  • Ruralité : le département souffre d'une désertification dans les secteurs les plus isolés, et d'une baisse de démographie que les nouveaux arrivants, néo-ruraux, émigrés anglo-saxons ou nouveaux retraités n'ont jamais réussi à combler. Conséquence de cette perte de vitalité démographique, les coupes claires dans les services publics, trésoreries, postes, écoles qui accélèrent le phénomène, en rebutant les candidats à l'installation.
     
  • Les déserts médicaux (et vétérinaires) vont de pair, les médecins généralistes vieillissants ne trouvent pas de successeurs, et les spécialistes subissent l'attractivité de Bordeaux où les espoirs de carrière sont plus nombreux. Situation particulièrement sensible alors que la population des zones rurales est de plus en plus âgée.​​​​
  • L'enclavement de ce département central est un autre dossier d'importance. Enclavement ferroviaire, routier, aéroportuaire, mais aussi numérique. Sur ce point, via le syndicat mixte Périgord Numérique, le département a lancé un vaste plan de déploiement de la fibre optique et d'éradication des zones blanches, particulièrement nombreuses jusqu'alors. L'objectif étant d'atteindre le tout numérique d'ici 2025.
     
  • Agricole, la Dordogne jouit d'une image de terroir de qualité qui profite à ses filières reconnues, fraises, truffes, noix, foie gras et magrets, etc. mais ici comme ailleurs, la crise agricole continue à faire des ravages dans les élevages laitiers notamment.
     
  • Touristique, le département sait aussi la fragilité de cette ressource essentielle, près d'un quart des recettes du département, des dizaines de millions d'€uros chaque année. Hôteliers, restaurateurs, personnels des campings, des sites touristiques, loueurs : les milliers de professionnels qui dépendent de cette manne financière ont dû affronter coup sur coup le Brexit et la crise du Covid. Le Conseil Départemental a largement mis la main à la poche pour relancer la machine.
     
  • Précarité : en Dordogne, seuls 42% des ménages sont imposables. En 2018, le taux de pauvreté (personnes ayant un revenu mensuel inférieur à 1063 €uros, la moyenne est à 855 €uros mensuels) atteignait 16,3%  contre 14,8 % au niveau national. Depuis le début de la crise sanitaire, la barre des 10 000 bénéficiaires du RSA a été franchie. Le RSA qui coûte 60 Millions d'€uros au département chaque année a dû être abondé de 3,5 Millions d'€uros supplémentaires l'an dernier. 
  • Lascaux IV. Ouverts en 2016, la reproduction du site originel Lascaux IV et le Centre International de l'Art Pariétal qui l'accompagne sont incontestablement le succès emblématique du Département de ces dernières années. Un pari osé, et réussi. Véritable fer de lance du tourisme départemental, Lascaux IV permet aujourd'hui au département de rayonner à l'international, tout en renforçant l'attractivité touristique locale.

Débat des élections départementales ce lundi 14 juin à partir de 23 heures, animé par Sébastien Bouwy, avec : 

  • Germinal Peiro –Président PS sortant avec "La Dordogne unie » - présente dans 25 cantons
  • Thierry Cipierre – Divers - Renouveau Dordogne (présent sur 10 cantons) Conseiller départemental sortant
  • Dominique Bousquet – LR - Conseiller départemental sortant
  • Phillipe Chassaing- LREM  - Député 1ere circonscription - Renaissance  Périgord
  • Jacques Auzou – PC  (en duplex de Périgueux) Maire de Boulazac - Vice-président (sortant)  en charge des transports
  • Alice de Mascarel  (non élue) - Porte-parole d’EELV en Dordogne
  • Florence Joubert - Secrétaire départementale RN
  • Juliette Lasserre-Mistaudy  LFI
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