Les 44 hectares du plan d'eau de Rouffiac vidangés de leur liquide et de leurs poissons, une opération impressionnante du Département de la Dordogne. Au programme tri des poissons, renouvellement de l'eau, et prévision des crues "millénales"
L'opération pourrait paraître incongrue à un moment où la sécheresse n'a jamais été aussi importante. Cependant, le Département de la Dordogne tient à ne pas se laisser déborder, au cas où. Et avec les caprices erratiques de la météo, on peut le comprendre.
Base de loisirs de luxe
Le plan d'eau de Rouffiac est l'un des plus importants du département. 44 hectares au milieu d'un parc de 100 hectares au Nord-Est de la Dordogne. Une base de loisirs aquatiques où l'on peut pratiquer pêche, baignade, voile, ski nautique, mais aussi VTT, tir à l'arc ou spéléo, un camping trois étoiles, et un lieu de promenade boisé et verdoyant gratuit et accessible à tous.
Ouvrage sous surveillance
Le barrage de la retenue artificielle propriété du Département a été construit en 1983. L'ouvrage contient en moyenne 900 000 m3 d'eau. Comme pour toutes les retenues d'eau artificielles, ses ouvrages ont besoin d'une inspection et d'un entretien suivi. Des vidanges régulières y sont donc programmées, la dernière remontait à 2018.
Une opération à usage multiple. Il s'agit aussi bien de veiller à la qualité de l'eau de baignade que de contrôler le développement de la population aquatique et bien entendu de contrôler et adapter les ouvrages.
Qualité de l'eau, enjeu de santé publique
Le renouvellement de l'eau à Rouffiac est préventif. Depuis plus de deux mois, toutes les activités aquatiques sont interdites au lac de St Cyr, dans la Vienne. En cause, les cyanobactéries, des cellules potentiellement toxiques qui se développent en cas de déséquilibre du milieu (chaleur, eutrophisation de l'eau, etc.). Vidanger un plan d'eau c'est renouveler sa qualité pour éviter ce genre de prolifération. La qualité de l'eau évacuée est elle aussi surveillée pour ne pas impacter les cours en aval.
Surveiller la population aquatique
Après deux bonnes semaines d'abaissement progressif de l'eau, il a été possible de commencer à prélever les poissons et effectuer un premier tri. Du 23 au 28 octobre, cette pêche de sauvegarde est une occasion très attendue par la Fédération de Pêche. Elle permet de vérifier la bonne santé des populations et la progression des brochets, brêmes et autres espèces. Depuis dimanche, les bénévoles s'affairent donc à comptabiliser les 4 à 5 tonnes de poissons déjà prélevés, avant de les parquer dans un étang proche où ils attendront de pouvoir regagner leur plan d'eau d'origine. Au passage les prédateurs indésirables tels que les poissons-chats (un nuisible prolifique qui s'est échappé du Museum d’Histoire Naturelle de Paris en 1871 avant de coloniser toutes les eaux françaises) sont écartés.
Se préparer aux crues
La dernière crue d'importance remonte à 1993. L'ouvrage a bien tenu, et pour cause, il a été prévu pour résister aux crues centennales. Seulement voilà, le yoyo climatique étant déjà incontrôlable, on doit s'attendre au pire. Après les crues centennales, on se prépare aux crues "millénales", un phénomène que les spécialistes de l'OCDE prennent très au sérieux. L'ouvrage doit pouvoir répondre à cette hypothèse et à l'obligation de mise aux normes qui lui est demandé. Il s'agit de redimensionner l'évacuateur de crue, le canal de dérivation qui permet de chasser l'eau excédentaire en toute sécurité, avant qu'elle ne déborde de l'ouvrage.
Reportage sur place France 3 Périgords - Florian Rouliès & Anne-Laure Meyrignac
Remise en eau automnale
La remise en eau débutera le 29 octobre et se fera naturellement avec les pluies. Mais le niveau sera maintenu bas jusqu'à la fin novembre afin de permettre la fin des travaux. Montant de l'opération, 5 à 600 000 €uros, une goutte d'eau par rapport aux dégâts qui pourraient être causés si le plan d'eau venait à déborder.