Comment produire suffisamment de foie gras en 2023 ? La question se pose après les abattages massifs de 2022, pour cause de grippe aviaire. L’une des réponses apportées par la filière pourrait être le gavage des canettes. Le sujet fait débat chez les producteurs et industriels.
Il n'est pas question de sexisme dans les élevages. Et pourtant… La pratique du gavage des canettes y avait été interdite, depuis 30 ans, car les foies de canettes grasses n'ont pas la même qualité notamment visuelle que leurs homologues issus des volatiles masculins.
Or, la période sensible que les producteurs connaissent actuellement avec la grippe aviaire, incite à réexplorer cette pratique, tout en ouvrant un débat sur les usages. Il est possible, par exemple, de remettre en question le sexage qui entraîne la destruction pure et simple des femelles à l'éclosion.
Le même gavage
"Le travail, c'est le même, un peu moins fort qu’un canard… ", explique Jean-François Roudié, producteur de palmipèdes gras à Saint-Avit-de-Vialard en Dordogne. En effet, car si les animaux se gavent un peu différemment, l’adaptation n’a pas été difficile pour cet éleveur.
Les palmipèdes femelles ont fait leur retour dans la filière gras depuis l’été 2022, pour l’instant à titre exceptionnel. "Avant, les couvoirs n'avaient pas besoin de sexer, on achetait les canetons tout-venant. Mais dans les années 90, pour des raisons économiques, le secteur industriel a fait interdire le gavage des canes".
Il n'y a pas lieu d'euthanasier des animaux, les femelles, parce que le résultat est très positif.
Jean-François Roudié, producteur de palmipèdes gras en DordogneFrance 3 Périgords
Un cahier des charges
Mais le retour des femelles dans la filière gras implique forcément les désagréments pour lesquels elles en avaient été jusque-là écartées. "la problématique sur les canes, c'est qu'il y a régulièrement des foies qui sont très marbrés ou veinés", explique l'éleveur, même s'il ajoute que ce n'est pas un problème pour lui qui a un atelier conserverie :"ce foie-là va servir pour les préparations".
Mais l’emploi des canes ne s’accorde pas avec le cahier des charges de la charte interprofessionnelle, ni avec le label de l’indication géographique protégée (IGP). Une demande de dérogation est en cours.
La suite à donner à cette réintroduction fait débat chez bon nombre d’éleveurs et d’industriel. "Savoir si cette période particulière qui nous a obligé à nous intéresser aux femelles n'est pas l'occasion de se poser la question de l'arrêt de leur euthanasie en couvoir".
Regardez le reportage de Florian Rouliès et Pascal Tinon.