À Grignol, Sabine laboure sa terre à l'ancienne, avec sa jument. Loin d'être rétrograde, Sabine affirme que sa méthode est une solution d'avenir. Plus propre, plus durable plus écolo, et surtout bien plus agréable, le labour animal offre effectivement bien des réponses aux exigences actuelles
À cheval sur l'écologie
Le passé a de l'avenir, et en agriculture encore plus qu'ailleurs. Sabine l'agricultrice, Fabienne la jument et l'âne Mistral en sont persuadés. À eux trois, ils cultivent 3600 m2 de terre maraîchère à Grignol, près de Neuvic. Pour Sabine Grassian, installée depuis un an, utiliser ses bêtes de trait permet de concilier son activité, son amour des chevaux, et son respect de la nature. La technique est ancestrale, les ustensiles éprouvés, ne reste plus qu'à redécouvrir ce savoir-faire utilisé par des centaines de générations d'agriculteurs avant elle
On se sert de tout dans le cheval ! Il va me donner du fumier, il va travailler... Ça hennit, ça vous appelle, ça fait des câlins... Un tracteur, pas trop ! C'est que du bonheur !
Grosse cylindrée et petits sabots
Salades, radis, betteraves, le trio produit une vingtaine de légumes en rotation sur la parcelle, et la production est ensuite vendue sur les marchés. Le gros-œuvre, c'est pour la jument Fabienne, mais le travail d'orfèvre c'est pour Mistral, un âne docile, plus gracile et "maniable" entre les rangs d'oignon.
Un savoir-faire à cheval oublié
Si la traction animale ne date pas d'hier, son abandon depuis une centaine d'année ne facilite pas l'apprentissage pour ces jeunes agriculteurs soucieux d'environnement. Les lycées agricoles d'aujourd'hui forment plus à l'entretien du tracteur qu'à celui des chevaux-outils.
L'utilisation des animaux de trait connaît un regain d'intérêt depuis une dizaine d'années environ. Dans de petites exploitations maraîchères ou viticoles, pour du débardage en terrain difficile, les avantages écologiques, économiques et pratiques lui donne parfois l'avantage sur les engins mécaniques. Le plus souvent, l'animal vient en complément de l'engin motorisé. Cette solution "hybride" est souvent recommandée pour concilier les avantages des deux méthodes.
L'attrait du cheval de trait
Un cheval de trait dressé coûte environ 3000 €uros. Dans les conditions d'aujourd'hui, un cheval dressé peut travailler de l'âge de 5 à 16 ans, à raison de 5 heures par jour, 6 jours sur 7. Soit 10 ans pendant lesquels il coûtera en moyenne 700 €uros par an, achat, soins et ferrage compris, la nourriture se trouvant le plus souvent sur place. Une excellente rentabilité comparée aux prix de revient des engins agricoles, à condition de se sentir capable d'abandonner le siège du tracteur pour atteler le cheval.
Reste enfin un facteur impossible à quantifier : le plaisir que l'on peut ressentir à retrouver ces gestes ancestraux, à travailler en plein air et en totale communion avec la nature sans odeur de fuel ou bruits de moteur, et à partager ces moments avec un compagnon à 4 pattes. Mais là, c'est une question de goûts, ça ne se discute pas.
Trois sites pour aprofondir le sujet, celui du réseau amoricain des équidés utilitaires "Faire à Cheval", les éléments très concrets de l'expérimentation menée à "La petite ferme de Chanon", chiffres et données précises à l'appui et le site de l'Énergie Cheval, une énergie d'avenir. Le contenu est dans le titre.