Artisanat. Le pari réussi de quatre amis qui ont repris la bonneterie du Périgord

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Bonneterie du Périgord, le défi de quatre copains qui ont repris cette entreprise familiale ©France 3 Périgords - Bertrand Lasseguette & Pascal Tinon

À la Tour-Blanche-Cercles, en Périgord, une bonneterie fait de la résistance grâce à quatre amis, venus du ribéracois. Ils ont fait cause commune pour reprendre la bonneterie traditionnelle en perte de vitesse. En deux ans, ils ont redressé la barre, et sont sur la voie du succès.

Lille, Roubaix, Vosges, le lin, le coton, la laine, la soie : le textile a fait la fierté de l'industrie française, bâti des empires et fait vivre des générations d'ouvriers et de familles. Mais ça, c'était avant, entre le milieu du XIXᵉ et le début XXᵉ siècle. Rattrapée, puis amplement dépassée par les concurrents étrangers, l'industrie textile française a bel et bien trébuché dans les années 70 et sombré dans les années 90. Entre 1986 et 2004, le secteur textile a perdu deux tiers de ses effectifs. Un naufrage industriel dont les rescapés se sont compté sur les doigts de la main.

L'exception française

Dernière bouée de sauvetage pour le textile hexagonal, l'atout du savoir-faire, de la technicité, du luxe et de la qualité à la française. Notre joker multiservice qui marche aussi bien dans l'alimentaire que la restauration, les articles de luxe, la mode ou les cosmétiques. Parce que nous le valons bien.

Une septuagénaire en pleine forme

La bonneterie Moulin Neuf a été fondée en Dordogne en 1948. Elle tire son nom d'un lieu-dit de Saint-Antoine-Cumond où elle était basée jusqu'en 2017, avant de s'installer à la Tour Blanche-Cercles, à mi-chemin entre Périgueux et Angoulême. Elle fait partie de ces entreprises qui doivent leur survie à la qualité de leurs outils et de leur production. Comme les autres, cet atelier textile a connu de multiples mésaventures. Dernièrement, et pendant deux ans, la marque "Les Tricots de la Tour" avait fait le pari original et écologique des tissus en chanvre. Mais l'expérience n'a pas été concluante et la marque n'a pas survécu. 

Renaissance

Depuis deux ans, le site a été repris sous l'appellation Bonneterie du Périgord par quatre copains de Ribérac. Christophe Dessalles, Jean-Christophe Boccon-Gibod, Marc Lefer et Étienne Desviel se sont lancés dans l'aventure en mai 2022 avec l'idée de sauver ces machines et ce savoir-faire local. Une trentaine d'engins des années 60 d'une grande robustesse, capables de produire des mailles devenues rares, et une dizaine de couturières et d'ouvriers qualifiés. Un véritable trésor patrimonial, trop beau pour disparaître. "Ça fait depuis les années 80 que je travaille dans l'usine textile", confirme la couturière Véronique Franck, "à chaque fois que ça a coulé, ça a repris ! ll y a toujours eu quelqu'un !"

Une clientèle assurée

L'idée était bonne, la clientèle n'a pas tardé à suivre. À commencer par les marques extérieures : 90% de la production made in Périgord leur est destinée. "On s'est assuré en quelque sorte que les anciens clients allaient pouvoir repartir avec nous. C'est comme ça que très vite, on a eu quatre, cinq clients qui nous ont dit, oui, on va vous faire confiance, parce qu'il y a un savoir-faire en fait", explique Jean-Christophe Boccon-Gibod. La production a même séduit des acheteurs coréens et japonais.

Du particulier aux JO 2024

Les particuliers peuvent, eux aussi, s'habiller directement en vêtements périgourdins puisqu'il existe une marque propre à l'entreprise, une ligne de tee-shirts, pulls, polos, chemises et débardeurs estampillés "Authentique 1948". Toujours à la recherche de nouveaux débouchés, la Bonneterie du périgord sera présente lors des JO 2024 avec des tee-shirts et des shorts techniques fabriqués pour Adidas afin d'équiper des boxeurs anglais.

Carte locale et écoresponsable 

Ici la qualité du fabriqué en France est partout. La bonneterie conçoit ses produits de A à Z, elle dessine ses modèles, les tricote, les découpe, les assemble et ne fait appel à des sous-traitants (eux aussi français) que pour des opérations spécifiques comme la teinture.

Tradition ancienne, mais préoccupation d'aujourd'hui, les procédés de fabrication et la matière première sont le plus respectueux de l'environnement possible, avec une ligne d'habits bios et écoresponsables, et des fournisseurs et sous-traitants locaux, quand il en existe. Les déchets sont même recyclés dans les Landes. Bref, une activité traditionnelle pleine d'avenir. Les bonneteries du Périgord envisagent de recruter cinq nouvelles couturières prochainement.

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