C’un savoir faire ancestral : la tannerie. A Saint-Pardoux-la-Rivière, en Dordogne, le cuir est traité naturellement, avec des produits écologiques. C’est l’une des trois en France.
Les stigmates des fils barbelés sont encore bien présents sur certaines peaux, et c’est ce que Marek Sus veut éviter à tout prix : "Il y a des cicatrices ouvertes, beaucoup de cicatrices dans la partie arrière de la peau, cette peau est encore une peau qui n’est pas du tout utilisable pour nous."
En 1991, lorsqu’il reprend cette tannerie végétale, il découvre une matière fragile et vivante : le cuir, et des principes de traitement quasi abandonnés : l’utilisation d’extraits végétaux. Ici, du châtaigné, du mimosa et du québracho, venu d’Amérique du sud. Ils donnent force, souplesse et éclat naturel au cuir.
"Dans l’Antiquité, on ne mettait pas de poudres avec la peau, on mettait tout simplement des morceaux de bois, des écorces. Le perfectionnement de ce tannage végétal est apparu dans les années 1950", explique le propriétaire des Tanneries de Chamont.
Mais les années 1950 marquent aussi un pas décisif vers l’industrialisation et le tannage au chrome, un produit polluant mais trois fois moins cher. Dans ces tanneries, on a conservé ces vieilles machines et le tannage végétal. Comme deux autres tanneurs français, Marek Sus fait de la résistance.
"Il faut traverser la peau avec le tannin et de cette façon, la peau est tannée et est imputrescible", raconte fièrement Marek Sus.
Du cuir, pas de plastique
Dans des vapeurs de pot-au-feu, de café torréfié, ou encore de noisette, le cuir retrouve sa noblesse et son naturel. Ainsi au contact de la seule pierre, les peaux retrouvent une toute nouvelle brillance.
Car dans cette tannerie, 70% des cuirs sont de premier choix. Une exigence indispensable pour des clients faisant tous partie de l’industrie du luxe comme Repetto ou CWD, le sellier nontronnais. Une exigence d’autant plus importante que les imperfections ne sont jamais masquées, tout comme les veines du bois.
Le propriétaire déplore le traitement habituellement fait aux peaux : "A travers cette coloration, on voit la surface du cuir. Vous achetez du cuir, vous n’achetez pas un cuir plastifié à la surface qui ne ressemble pas du tout au cuir."
Et ça les chevaux l’ont bien compris. Allergiques au chrome, ils sont aujourd’hui les premiers usagers de ce cuir végétal. 90% de la production des cuirs de Chamont part en effet aujourd’hui dans la sellerie. Un procédé trop rarement appliqué aux produits portés par les Hommes.