Ils datent du XVIIe siècle et ornent l'Hôtel national des Invalides : douze canons s'offrent une cure de jouvence à Périgueux (24). Ils constituent une partie des innombrables pièces d'artillerie qui évoquent les grandes batailles de l'armée française.
Ces douze canons n'avaient jamais été restaurés depuis leur fabrication. Des pièces massives qui ornent l'Hôtel national des Invalides. Ce sont les artisans spécialisés de la SOCRA de Périgueux 524) qui ont en charge leur restauration. L'entreprise, qui fêtera ses 60 ans d'existence l'an prochain, est spécialisée dans la sauvegarde et la restauration du patrimoine historique.
Trophées historiques
Les articles du jour sont des pièces massives en bronze, dont huit, lourdes de plus de trois tonnes. Ces canons aussi pesants que chargés d'histoire sont des prises de guerre de l'armée française ornées des aigles impériaux prussiens. Ils ont d'abord connu la guerre de succession d'Autriche (1740-1748) à Prague, avant que les Autrichiens les rapatrient à Vienne. Fin 1805, la Grande Armée de Napoléon 1ᵉʳ est victorieuse en Autriche. Prises de guerre, ces canons prendront le chemin de Metz, puis de Strasbourg, non pas pour être exhibés comme des trophées, mais dans l'objectif de les fondre !
Rénovation canon
Canons voyageurs
Huit des douze pièces échapperont à la fonderie et prendront finalement, au milieu du 19ᵉ siècle, la route du musée de l'armée aux Invalides, à Paris. Là, ils seront présentés comme une "batterie du triomphe", trophées de guerre destinés à l'édification des générations à venir. Au passage, Hitler en aura fait ses propres prises de guerre en les expédiant à Berlin avec d'autres trophées venus d'Allemagne. Ils retrouveront leur place aux invalides en 1946. Après plus de deux siècles d'exposition, ils s'offrent leur première petite pause dans les ateliers périgourdins de la SOCRA pour y subir une sérieuse restauration.
Canons d'ailleurs
À leurs côtés, deux pièces encore plus exotiques. Un canon ottoman qui offre la particularité d'arborer l'inscription suivante en français : "Fondu par le fondeur en chef de la fonderie du Roy de France à Alger l'an 1775". Curieux aussi, ce canon indochinois dont les poignées prennent la forme de dragons typique du bestiaire asiatique.
Les douze canons resteront dans les ateliers périgourdins jusqu'à la fin de leur restauration, et regagneront Paris à l'automne prochain.