Guerre en Ukraine et crise énergétique : vers une pénurie des bouteilles de vin ?

Le prix de l'énergie et la guerre russe ont presque doublé le prix de la bouteille vide et épuisé les stocks. Les professionnels de l'embouteillage, dans le rouge, revoient leurs tarifs et s'inquiètent pour l'avenir

Les Vignerons Coopérateurs du Périgord ont créé le centre d’embouteillage et de stockage de vins UNIDOR à Saint Laurent des Vignes, près de Bergerac, en 1961. 17,5 millions de bouteilles, soit 120 000 Hl de vin y sont embouteillés chaque année, principalement en Bergerac, pour un chiffre d’affaire de 20,8 M€.

Situation inédite

Unidor embouteille pour son propre compte et pour une centaine de viticulteurs ou de coopératives environnants. Depuis le début de l'année, le Président Directeur Général d'Unidor, Jean-Marc Fontaine, est confronté à une situation qu'il n'avait jamais rencontrée en 28 ans carrière.

Alors que les prix avec les distributeurs étaient entendus depuis février, il a du renégocier ses tarifs à la hausse avec les distributeurs. Une hausse de 5% à 13 % deux mois plus tard, pour compenser l'augmentation du prix des bouteilles. 

Aujourd'hui on est obligé de répercuter cette hausse des matières sèches, de l'énergie également, sinon notre activité ne serait plus rentable.

Jean-Marc Fontaine, Directeur Général d'Unidor

Le prix du verre avait déjà augmenté de 12 à 15% en février, mais il s'envole depuis : + 44 % en avril, + 29 % en mai, et + 36% en juin. Et rien ne semble arrêter cette flambée.

Unidor, le plus gros embouteilleur de vin du Bergeracois, 17,5 Millions de bouteilles à l'année, est inquiet de l'explosion du prix des bouteilles de verre, et du risque de pénurie ©France 3 Périgords - Bertrand Lasseguette & Vanessa Fize

La guerre et l'énergie

En cause, le prix de l'énergie qui compte pour 40% du prix de la bouteille finale et la guerre russe en Ukraine, les deux pays étant d'importants fournisseurs de verre pour l'Europe.

En France, une bouteille sur 4 est importée, et sept usines ukrainiennes qui vendaient leurs flacons dans toute l'Europe avant la guerre sont aujourd'hui à l'arrêt.

Les verreries françaises n'en profitent pas

L'activité devrait profiter aux verreries françaises, mais elles aussi  subissent le coût du pétrole et du gaz. Ajouté aux contraintes environnementales, elles sont en difficulté, certaines sont déjà à l'arrêt.

Conséquence, les trois géants du verre, Verallia, Vidrala et O-I répercutent les frais, et n'ont aucune raison de faire des remises en ces temps de pénurie. La bouteille qui coûtait 25 à 30 centimes à Unidor atteint désormais 40 centimes, et la flambée continue. 

Verre de rosé blanc et verre de rouge vert

Le phénomène est moins sensible pour les bouteilles de verre vertes destinées au vin rouge et partiellement produites en verre recyclé. Mais il est incontournable pour les bouteilles en verre blanc, indispensables pour l'embouteillage des vins blancs et rosés. Or à Unidor, le blanc et le rosé constituent la moitié de la production.

Livraisons incertaines

Pire, non seulement les prix se sont envolés, mais les délais de livraison s'allongent. De une à deux semaines habituellement, il faut compter plusieurs mois aujourd'hui. Avec l'incertitude d'être finalement livré. Une situation que des grèves de transporteurs routiers en Espagne et au Portugal n'ont pas arrangé.

Du verre de toutes les couleurs

L'effet peut être multiple, une augmentation du prix à l'étalage pour commencer, mais aussi une modification des contenants pour s'adapter, bouteilles différentes, en couleur ou en forme, recours au "bag in box", etc. Après tout, qu'importe le flacon..

En attendant, le temps presse pour les viticulteurs, il faut absolument conditionner la récolte de l'an passé et vider les cuves, pour pouvoir accueillir la récolte de l'année à venir.

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