Les agriculteurs de Dordogne sinistrés par la grêle demandent des mesures exceptionnelles à la Préfecture

L'épisode de grêle de la région de Ribérac en juin dernier a ravagé les exploitations des agriculteurs. Certains ont tout perdu et n'ont plus les moyens de rebondir. Aux abois, ils manifestent aujourd'hui devant la préfecture de Périgueux

La manifestation sur place, France 3 Périgords - Émilie Bersars & Florian Rouliès

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Les agriculteurs de Dordogne touchés par la grêle en juin dernier ont manifesté ce 24 janvier devant la préfecture à Périgueux ©France télévisions

Intersyndicale soudée devant la préfecture

Ce 24 janvier, à l'appel des Jeunes Agriculteurs, de la FDSEA, de la Coordination Rurale et de la Confédération Paysanne de Dordogne, plusieurs centaines d'agriculteurs ont décidé de faire pression sur l'État, le seul intervenant selon eux encore capable de sauver leurs exploitations ruinées par le passage de la grêle en juin dernier. Un cortège d'une soixantaine de tracteurs parti de Ribérac à 8h ce matin a traversé la ville pour rejoindre la préfecture à Périgueux vers 11h.

Le 21 juin, un paysage de désolation

 Le 21 juin dernier au matin, le constat était terrible dans les communes du Ribéracois. Un paysage de désolation, des voitures martelées, des toitures criblées, des cultures hachées par des grêlons d'une taille impressionnante. Sur son passage, la tempête de grêle n'a épargné personne.

Sept mois plus tard, les particuliers n'ont toujours pas fini de remettre en état les toitures, mais pour les agriculteurs, la situation a souvent empiré. Les bâtiments et les récoltes ont été détruits, il a fallu parer au plus pressé, protéger ce qui pouvait l'être, et généralement cela n'a pas suffi.

Entre 25 et 45 millions d'euros de pertes

La cellule de crise de la chambre d'agriculture de la Dordogne a reçu les appels de plus de 260 agriculteurs dans le bergeracois et le ribéracois. Au vu des déclarations, elle estime que 12 500 hectares de culture ont été détruits, représentant (à raison de 2 000 euros l'hectare) une perte de 25 millions d'euros. Et on est encore loin de la réalité, estiment les syndicats qui tablent sur 45 millions d'euros

Car aux pertes déclarées, il faut ajouter les frais de remise en état des bâtiments et du matériel, et l'investissement nécessaire pour tenter de sauver la saison qui débutait. Les éleveurs ont dû également acheter du fourrage, les pâturages ont souffert, les stocks de foin exposés aux intempéries ont été perdus, et les réparations de fortune exécutées dans l'urgence n'ont souvent pas tenu. 

Un fonds d'urgence dérisoire ?

Officiellement, 187 exploitations touchées en Dordogne ont bénéficié d'une aide. Il y a eu des exonérations de taxe foncière (à hauteur de 2,7 millions d'euros sur le département), une prise en charge des taxes dues à la MSA et l'État a par ailleurs participé au fonds d'urgence qu'il a abondé à hauteur de 4,7 millions d'€uros à côté de la MSA (1 million d'€), la Région et le Département (180 000 €). Selon les syndicats agricoles, la somme réunie ne couvrirait que 13% des pertes déclarées, ou 7% des pertes réelles.

Assurance anti-grêle

Pour l'État, la grêle étant un risque assurable, il avait également renvoyé les agriculteurs vers leurs assurances. Sauf qu'une grande partie des agriculteurs n'avait pas souscrit cette assurance. Par manque de moyens et de trésorerie, pour des raisons de coûts excessifs de cette assurance, mais aussi parce que jusqu'à maintenant le risque n'avait jamais été si considérable.

Anticiper le Fonds de Solidarité National

Les agriculteurs de Dordogne entrevoient une solution : débloquer le Fonds de Solidarité National, successeur du Fonds de Calamité Agricole créé en 1964 pour couvrir ce genre de risque. Un Fonds qui pourrait profiter à tous les agriculteurs, mais qui, pour cause de refonte, ne sera mis en œuvre qu'à partir de la saison 2023. S'il avait déjà été acté, il aurait permis à l'ensemble des agriculteurs couverts par une assurance récolte qui auraient subi plus de 50% de perte d'obtenir une indemnisation.  Les agriculteurs de Dordogne comptent donc demander à la préfecture d'avancer la mise en place du FSN de quelques mois pour prendre en compte les dégâts 2022, une anticipation vitale pour la pérennité de leur activité.

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