La ligne aérienne qui relie l'aéroport de Périgueux-Bassillac à la capitale fait polémique. Les partisans avancent le service public et le désenclavement de la préfecture, les opposants dénoncent l'addition salée pour les contribuables, l’Europe pourrait aider à trancher bientôt.
La polémique enfle autour de la liaison aérienne Périgueux - Paris entre le Président de la Chambre de Commerce et le Grand Périgueux
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©France 3 Périgords
Vous l'ignoriez peut-être, mais vous pouvez rejoindre la capitale depuis Périgueux en avion, via l'aéroport de Bassillac. Il faut dire que la structure gérée et entretenue par le Grand Périgueux depuis 2015 ne jouit pas d'une notoriété ni d'une fréquentation populaire débordante. Rien à voir avec le très dynamique aéroport de Bergerac qui atteint des sommets. Ce dernier vient de battre un nouveau record de fréquentation au mois d’août avec près de 60 000 passagers soit 6,03% d’augmentation. Le meilleur mois jamais connu depuis son ouverture.
Non, à Périgueux, hormis l'aviation de loisir, la compagnie Twin Jet propose depuis 2006 une unique liaison commerciale. Deux vols directs vers Orly du lundi au vendredi 11 mois sur 12, avec un ticket d'entrée à 155 € par personne, et une liaison Week-end pour les particuliers. Soit un peu plus de 830 vols par an, 5600 passagers transportés l'an dernier. De quoi tout de même proposer aux décideurs locaux de relier Paris en 1 h 20 et pour l'agglomération de conserver un certain prestige.
Mais ces vols de 19 places ne font pas le plein, ils ne sont en moyenne remplis qu'au tiers. Créée il y a 11ans sur le motif d'un "service public", la liaison accuse aujourd'hui un déficit annuel d'environ 1,335 M d'euros annuels, pour 1,3 M de recettes. Le déficit est financé pour plus de la moitié par le Grand Périgueux, un peu plus d'un tiers par le Département, enfin une plus faible partie par la Chambre de Commerce. Enfin jusqu'alors la communauté d'agglomération bergeracoise participait également, à hauteur de 40 000 euros mais elle a décidé d'arrêter les frais.
Dès lors la rentabilité semble à beaucoup douteuse, au regard du service public rendu.
L'Europe chargée d'harmoniser les règles de l'ensemble des services aériens européens peut accorder des autorisations aux liaisons déficitaires qui sont vitales au développement économique. Mais elle-même se pose désormais la question, et la pose à son tour au Grand Périgueux.
Le contrat de la compagnie Twin Jet devait arriver à échéance à la fin de cette année, après l’arrivée de la LGV à Bordeaux. Un désenclavement par le rail qui aurait pu compenser le désenclavement aérien. Mais devant les interrogations, au printemps dernier une nouvelle procédure de délégation de service public a été votée par le Grand Périgueux. Elle n’impliquait ni l’avenir ni l’arrêt de la liaison mais devait redéfinir le cadre, et lancer un nouvel appel d’offres à la mi-juillet pour choisir éventuellement une nouvelle compagnie moins-disante pour une durée d’exploitation de 3 ans. Cet appel d’offre a également été gelé et en attendant la compagnie Twin Jet a bénéficié d’une prolongation de 6 mois d’activité.
Les "pour" avancent qu'un arrêt de la ligne mettrait un terme à des années d'effort de développement économique et qu'il faut au contraire augmenter les liaisons, baisser les tarifs et rendre cet aéroport accessible par exemple aux touristes. Ils avancent également que la LGV ne désenclave pas Périgueux.
Les "contre" rétorquent que trop peu de chefs d'entreprise, le coeur de cible de l'aéroport, empruntent cette ligne trop chère. En ces temps de crise ils préconisent d'augmenter les rotations avec la LGV bordelaise ou d'utiliser la LGV d'Angoulême.
L'aéroport Périgueux-Bassillac en chiffres :
3 hangars qui peuvent accueillir 38 avions légers ou ULM. privés
9 places de parking aviation légère et 3 places de gros porteurs
307 668 litres de carburant aviation distribués
1366 atterrissages ou décollages dont 1258 pour Twinjet
48 mouvements pour transport d’organes (hôpital de Périgueux vers la France entière) ou transport sanitaire