Depuis un mois, 90 000 abeilles ont élu domicile sur le toit du centre commercial La Feuilleraie à Trélissac, près de Périgueux.
Trois ruches installées sur le toit d’un centre commercial en Dordogne : l'idée pourrait paraître incongrue, opportuniste voire un peu démagogique. Le centre commercial La Feuilleraie (et l'enseigne Leclerc) souhaitent bien sûr valoriser leur image en montrant qu'ils participent à leur façon à la lutte contre la disparition de la biodiversité. Mais après tout, toutes les idées sont bonnes à prendre par les temps qui courent. Et surtout, le projet n'a pas attendu un effet de mode pour voir le jour, se défend Valéry Gheleyns, le directeur. C'est l'aboutissement d'une idée qui flottait dans l'air depuis une dizaine d'année.
Zone commerciale rurale
Il faut dire que la Feuilleraie bénéficie d'un environnement naturel inhabituellement riche pour un centre commercial. En bordure d'agglomération sur l'axe Périgueux-Limoges, il est proche de la rivière l'Isle, entouré de forêts, de prairies et de jardins fleuris. Le rayon d'action moyen d'une Apis Mellifera étant de 3 km, les butineuses commerciales ont largement de quoi récolter à proximité immédiate. À condition bien sûr de ne pas chercher à butiner sur les 22 500 m2 de hangars métalliques et de parking de la zone commerciale.
Le reportage sur les toits ▼ France 3 Périgords - Florian Rouliès & Anne-Laure Meyrignac. Montage Sophie Giraud
La ruche de ville avantagée ?
Autre avantage, lui aussi paradoxal, les ruches de ville se porteraient mieux que les ruches de campagne. En milieux péri-urbains, les abeilles ont moins de probabilité de butiner des champs aspergés d'insecticides, notamment de néo-nicotinoïdes dont on connaît les ravages sur les abeilles (mais qui ne sont toujours pas formellement interdits).
Des abeilles plutôt girondes
Pas de petit apiculteur ni d'abeilles périgourdines : pour finaliser cette installation on a fait appel à "A place to Bee", une entreprise de Gironde spécialisée dans l'implantation et l'exploitation de ruches pour les entreprises. Après une période d'adaptation pendant laquelle les apiculteurs girondins feront une visite de contrôle toutes les deux semaines, ils espaceront les inspections à une visite mensuelle.
C'était un peu notre pierre à l'édifice pour essayer d'enrayer cette chute de biodiversité. Donc on a cherché longtemps des ruches localement, n'ayant pas trouvé on a été chercher un peu plus loin. Toujours est-il que depuis un mois nos ruches sont en place.
Valéry Gheleyns, directeur de la galerie commerciale
Des abeilles dans les rayons
Les trois ruches ont été déposées sur les toitures d'où les employés de bureau et le personnel de passage peuvent les surveiller. Ce qu'ils ne manquent pas de faire avec beaucoup d'intérêt. Les ouvrières auront aussi leur vitrine parmi la soixantaine d'enseignes du centre. Leur progression sera exposée sur les réseaux sociaux et elles feront l'objet d'animations, notamment au moment de la récolte du miel. De quoi épater la galerie.
La galerie va faire son miel
Ces trois colonies riches d'une trentaine de milliers d'ouvrières chacune pourraient produire environ 200 pots de bon miel l'an prochain. La récolte doit se faire avec la participation d'apiculteurs d'un jour venus d'Ehpad ou d'écoles à proximité, et la vente du miel devrait profiter à des associations. Résultat, du miel de grande surface mais entièrement local et artisanal... une rareté.