Papeteries de Condat : les salariés lèvent le piquet de grève, le dialogue renoué avec la direction.

Ce mercredi 13 septembre, à l'issue d'une nouvelle entrevue avec la direction, les salariés ont décidé de mettre fin au blocus du site qui durait depuis 17 jours. Pour autant, tout est loin d'être résolu

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"Ils nous ont fait des propositions concrètes. Sur certains points, ils se rapprochent beaucoup des demandes que nous avons faites" Les paroles de Philippe Delord, délégué CGT des papeteries de Condat, résument bien la situation et ce qui a poussé ce mercredi les salariés, à une courte majorité, à lever le blocus du site entamé il y a 17 jours. 

Parmi les avancées obtenues, des propositions de départ à la retraite plus avantageuses. Les salariés licenciés à moins de 48 mois de la retraite pourraient toucher un montant de 70 % de leur salaire brut des 30 derniers mois d'activité. Meilleure proposition aussi pour les autres licenciés, qui toucheraient cinq cents euros par année d'ancienneté, soit deux fois et demi plus que la proposition initiale de la direction.

Avancées communes

La direction avait conditionné la suite des négociations à cette levée du blocage, les syndicats l'ont accepté en " voulant montrer qu'on était des personnes responsables et qu'on voulait que les négociations avancent" précise Philippe Delord. Deux réunions sont planifiées la semaine prochaine pour tenter d'aplanir les points de dissension qui subsistent.

Pas de maintien de la ligne 4 possible avec Lecta

Parmi les incompatibilités de point de vue, il y a la possibilité du maintien de la ligne 4 de production de papier couché, la seule encore en service en France. Avec 40% de perte de commandes en quelques mois, l'éventualité a été rejetée sans ambiguïté par Alain Gaudré, le président de Lecta. "On n'a pas le choix, on est obligé de fermer cette machine 4, se défend-il. Le monde est en train de se digitaliser à grande vitesse, et cette grande vitesse a été très supérieure à ce que tout le monde avait pu prévoir". 

Si vous regardez dans la presse, les usines de papier pour impression qui ferment, c'est malheureusement toutes les semaines.

Alain Gaudré, le président de Lecta,

France 3 Aquitaine

Ecouter l'interview du président de Lecta Condat Alain Gaudré, au téléphone d'Émilie Bersars

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Alain Gaudré, président de Lecta Condat explique les raisons de l'arrêt de la ligne 4 et pourquoi il n'est pas possible de maintenir l'activité ©France télévisions

L'hypothèse d'un repreneur

Les syndicats en ont déduit que si la ligne 4 devait être sauvée, cela se ferait sans Lecta, c'est-à-dire par le biais d'un repreneur. Mais Alain Gaudré a indiqué par ailleurs que Lecta ne souhaitait pas pour l'instant céder le site.

Le ministère appelé au secours

C'est donc un projet de reprise qu'ont proposé les représentants du personnel au ministre délégué à l'industrie Roland Lescure lundi dernier. N'ayant pas été reçus par le Ministre des Finances Bruno le Maire hier, ils comptent le solliciter à nouveau dès aujourd'hui pour être reçus dans les dix jours.

Course contre la montre

Car le temps presse, le Plan de Sauvegarde de l'Emploi doit se terminer le 11 octobre. Lors des discussions avec la direction lundi prochain, les syndicats tenteront d'obtenir un report de trois semaines.  Ce vendredi, le cabinet d'expertise mandaté par les personnels remettra son rapport à Roland Lescure. Malgré ses démarches, il n'a toujours pas de repreneur à proposer pour le moment. 

Les salariés espèrent y parvenir avec le soutien du Gouvernement, en jouant sur le maintien de l'outil industriel national et sur un "label France" du site, qui semble intéresser le ministère.

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Philippe Delord, délégué CGT des papeteries de Condat ne perd pas espoir. D'un côté les discussion avec la direction semblent avancer depuis ce matin, de l'autre il compte toujours sur la possibilité d'un maintien du site par un repreneur, avec le soutien de l'État ©France 3 Périgords - Émilie Bersars &

Un espoir auquel tous ne croient pas, tant la direction paraît décidée à aller au bout de la démarche, quitte à assouplir les conditions de départ de son "Plan de Sauvegarde de l'Emploi". C'est le cas d'Olivier, désabusé de se retrouver dans cette situation après 33 ans de bons et loyaux services. "J'ai tout donné ici.  Tout ce qu'on m'a demandé, j'ai toujours été là. Et aujourd'hui, on nous jette comme des malpropres", se désole-t-il. 

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Employé des papeteries depuis 33 ans, Olivier Rouhaud, ne croit plus à la survie du site. Selon lui, trouver un repreneur en un mois relève de l'impossible et il fera partie des 187 sacrifiés du plan social ©France 3 Périgords - Émilie Bersars &

Un risque de "couler le site" ?

Selon les personnels, leurs experts sont clairs : si la ligne 4 ferme, la ligne 8 restante qui tourne déjà à un rythme très réduit, ne sera pas viable. Condamner la ligne 4 revient donc à condamner à terme la totalité du site des papeteries. Pourtant, " des alternatives existent, on les a proposées, mais on n'a pas été entendus" se désole Romain Laurent, délégué syndical FO. Il explique qu'avec 11 jours d'activité programmés pour cet été, la ligne 4 pouvait fonctionner avec 3 équipes en 3/8 jusqu'à ce que le marché reprenne et que la nouvelle chaudière CSR, beaucoup plus économique, entre en fonction. Le coût de revient baisserait alors suffisamment pour que Condat redevienne compétitif face à l'Espagne. Une possibilité qui ne convainc pas la direction du groupe multinational Lecta, dont le quartier général opérationnel et des usines sont en Espagne. L'Espagne, où elle a déjà du mal à maintenir une activité pleine.

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