Le mini-salon de l'agriculture qui permettait aux éleveurs d'amener leurs animaux au centre de Périgueux une fois tous les deux ans n'aura plus lieu. L'évènement créé par l'ancien maire en 2015 était pourtant un succès.
C'est en 2015 que l'ancienne municipalité tenue par Antoine Audi avait lancé l'évènement. Une année sur deux, en septembre, une exposition animalière sur les allées Tourny de Périgueux où les éleveurs venaient à la rencontre des citadins. Sorte de comice agricole revisité, de salon de l'agriculture périgourdin ou de show-room des éleveurs locaux, l'événement avait le mérite de faire se recontrer les urbains et les animaux de la ferme ailleurs que dans leurs assiettes.
En trois éditions, la formule avait rencontré le succès, et semblait satisfaire aussi-bien les exposants que les visiteurs qui venaient en masse et en famille au rendez-vous.
Péri'Meuh et Péri Meurt
C'est une nouvelle pilule amère avalée depuis le début de l'année par l'ancien maire Antoine Audi depuis qu'il a cédé sa place à Delphine Labails. La troisième pour être précis, après la Dalle Montaigne et la Manufacture Gourmande. Sauf que ces deux programmes précédents n'étaient restés qu'à l'état de projets plus ou moins avancés, alors que Péri'Meuh sur les rails depuis 5 ans avait rassemblé plus de 30 000 visiteurs à la dernière édition. D'où l'indignation de l'ancien édile qui voit une nouvelle fois son ouvrage détricoté.
Je crois que c'est très très dommage de supprimer ça, parce qu'elle remplace Péri'Meuh par son projet politique, et aujourd'hui je ne vois rien venir, donc Péri'Meuh ça devient Péri-Meurt !
Un point de vue plus politique qu'autre chose ?
De leur côté, les éleveurs en sont encore sidérés. Pour une fois qu'ils avaient la possibilité de se montrer sous un jour un peu favorable, qu'ils pouvaient contrecarrer l'agri-bashing en venant à la rencontre de la ville, patatras.
Je pense que c'est un point de vue plus politique qu'autre... Vu les discussions qu'on avait eu lors de Péri'Meuh en 2019, on avait bien senti que ce n'était pas sa vision de l'agriculture...
Convaincus que l'idée n'en reste pas moins bonne, les agriculteurs veulent perpétuer l'évènement dans une autre ville du département moins emblématique, mais plus accueillante.
Moins de vaches, plus de livres
Delphine Labails défend pourtant son argument. Tout d'abord en choisissant de se faire interviewer à quelques kilomètres de Périgueux... devant un troupeau de bovin. Preuve selon elle que les périgourdins n'ont pas vraiment besoin d'un salon pour croiser des vaches.
Autre argument, elle propose de faire passer l'agriculture par la moulinette de la culture. Concrètement, le salon du livre gourmand deviendra annuel, et elle assure que l'élevage y aura sa place. Selon elle, il suffit pour cela de bien respecter la thématique du salon : dans les livres gourmands il y a de bons produits, et les bons produits, c'est la bonne production locale. Des produits du terroir intellectualisés qui ont l'avantage d'être plus simple à mettre sous chapiteau.
Du coup, faute de voir les vaches en vrai, les petits périgourdins qui ne quittent pas la ville pourront toujours les imaginer en lisant la recette du bœuf mironton. Pas sûr que ce soit vachement mieux.
Quand Péri'Meuh se transforme en arène politique
Qu'on le veuille ou non, le débat s'est bel est bien transformé en argumentaire politique et fait ressortir de vieilles rancœurs. Témoin ce communiqué pour le moins énervé de la section du Parti Socialiste de Périgueux.
Un maire n’est pas un président de comité des fêtes. A voir comment Antoine Audi sur-réagit à la réorientation de Péri’meuh, on ne peut que s’interroger sur les priorités de l’ancienne majorité. S’indigner à ce point pour une manifestation qui a lieu tous les deux ans pendant trois jours témoigne surtout de l’immense vacuité du dernier mandat. Cette indignation masque un bilan catastrophique. La fermeture de trois écoles (Vésone, Agonac, les Barris) en un seul mandat est certainement plus préjudiciable aux Périgourdins que la réorientation d'une manifestation bi-annuelle. Si par ailleurs, celle-ci avait eu un quelconque impact sur l’attractivité commerciale de notre ville, la rue Taillefer ne serait sans doute pas aujourd’hui dans cet état et notre ville n’aurait pas tant décliné. Un maire n’est pas un président de comité des fêtes. Il oriente, imagine et structure des actions qui vont permettre à la ville de se développer. Le symbole d’Antoine Audi restera cette piste cyclable sur les Boulevards qui commence nulle part et termine on ne sait où.
L'intéressé appréciera cette réaction... proportionnelle à sa réaction