La rumeur enflait depuis quelques temps, après que ce coureur ait réalisé des prouesses lors de courses cyclistes amateurs. Un moteur électrique était dissimulé dans son vélo. Les services de contrôle anti-dopage ont interpellé l'homme et trouvé le mécanisme dissimulé, comme soupçonné.
Le club de Mussidan où évoluait le coureur fautif de dopage technologique est affecté par l'affaire
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Christophe Basson de l'Association Française de Lutte contre le Dopage explique le mécanisme de la tricherie
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Gérard Blondel, Pdt de la fédération de Cyclisme de Dordogne réagit au premier cas français de Dopage technologique cycliste révélé ce week-end dans le département
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A 43 ans, le cycliste amateur de Dordogne enchaînait les victoires sur son vélo... truqué !
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Th Vildary, journaliste à Tout le Sport explique dans le 12/13 le procédé et il révèle l'ampleur de ce dopage d'un nouveau style qui touche toutes les strates du cyclisme sportif
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C'est une première en France, et une publicité dont se serait bien passé la Fédération Française de Cyclisme et le club de Mussidan (24) où évoluait le coureur de 43 ans. Ce "dopage mécanique" a été révélé dimanche sur une course de 3e catégorie -avec 16 engagés- à Saint-Michel de Double, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Périgueux.
Cyril F., modeste coureur amateur de 43 ans, a été interpellé lors de cette petite course, réservée aux troisièmes catégories et juniors. Visiblement les soupçons pesaient suffisamment sur ses prouesses pour que la Fédération française de cyclisme et le correspondant régional de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) Christophe Bassons aient décidé d'alerter le parquet de Périgueux. Et de mener l'enquête "suspicion de tricherie" qui va finalement aboutir à cette opération.
Depuis plusieurs semaines Cyril F. enchaînait des exploits sur des courses pourtant difficiles. En un mois et demi, il avait remporté des victoires étonnantes. Pas plus tard que la semaine dernière, il s'était brillamment illustré lors d'une épreuve de première catégorie du département, le Grand Prix des Eyzies, à la grande surprises des coureurs les plus émérites.
Des aveux rapides
Mais cette fois-ci, l'Agence Française de Lutte contre le Dopage a décidé d'en avoir le coeur net. Elle a donc mis en place un dispositif pour piéger le fraudeur. Alors qu’il caracolait en tête de la course, Cyril a été victime d'une crevaison. L'occasion rêvée pour les gendarmes de procéder à un rapide contrôle. Deux gendarmes de la brigade de recherches et un mécano ont accompagné Christophe Bassons lors de l'interception. Pris sur le fait, Cyril F. aurait rapidement reconnu la tricherie. Il aurait avoué avoir acheté ce vélo séparément et monté le moteur lui-même. Un matériel saisi pour être démonté et analysé. L'homme, lui, a été emmené à la gendarmerie de Périgueux pour y être auditionné.
Une première place nationale, une deuxième européenne !
C'est le premier cas avéré de triche technologique en France qui fait l'objet d'une arrestation. Un seul autre cas d'interpellation a eu lieu précédemment, en Belgique.
Des doutes depuis plusieurs semaines
C'est tout d'abord le vélo qui a attiré l'attention. Alors que le coureur possédait jusque là un vélo haut-de-gamme, un vélo carbone S Works de plusieurs milliers d'euros, il venait d'en changer pour un banal vélo acier noir, dépourvu de marque connue. Un vélo qu'il aurait expliqué à ses amis avoir acheté sur Internet, en Chine, pour 1500 euros.
Mais un bien curieux vélo, doté d'un contacteur et d'un cable inexplicable.
Des moteurs vendus à des milliers d'exemplaires
En fait l'un des deux bidons dissimulait une batterie, alors qu'un moteur était installé dans le tube de la selle. Le moteur utilisé serait d'origine Autrichienne. Un moteur vivax de 250 watts qui est très largement diffusé dans le monde cycliste, mais, évidemment réservé aux cyclistes de loisir. Rien que l'an dernier il s'en serait vendu près de 10 000 en italie.
Et maintenant ?
Les gendarmes vont s'attacher à établir la durée de cette triche, l'aide éventuelle apportée par un complice, et évaluer le montant des primes que le coureur aurait pu percevoir grâce à ce système. Il pourrait s'agir d'un montant de plus d'un millier d'euros. Selon le Procureur de Périgueux les faits remonteraient au mois d'août dernier et visiblement le coureur n'a pas fait ça que pour s'enrichir. Selon le président de la FFC, il risque plusieurs années de suspension et sur le plan pénal, il peut également être poursuivi, pour "délit de fraude sportive" , un délit reconnu depuis 2012 par le Code pénal français.
Le cyclisme français veut montrer l'exemple
Reste que ce premier cas avéré de dopage technologique a valeur d'exemple et d'avertissement aux sportifs bricoleurs qui pourraient évoluer à tous les niveaux de la compétition. Elle montre que les services de répression des fraudes sont avertis et peuvent sévir le cas échéant. Mais au vu de la facilité avec laquelle cette tricherie a pu être montée, pour une somme dérisoire et sans prendre grand soin de la dissimuler, on peut craindre que l'idée en soit venue à des sportifs plus aguerris et moins scrupuleux. C'est justement ce que les services de répression des fraudes voudraient désormais attaquer.
Une ficelle un peu trop grosse
Quand à Cyril F., il paiera son manque de "professionnalisme dans la tricherie" et le manque de prudence dans l'affichage de ses performances. Ses proches nous ont affirmé qu'il n'a pas fait cela dans le but de s'enrichir mais simplement pour avoir un peu de reconnaissance et "ne pas se sentir dépassé". N'empêche ce premier cas fera office d'exemple, et la peine devrait s'en ressentir pour faire jurisprudence, alors qu'il est fort possible que des tricheurs moins "amateurs" ont sans doute déjà eu la même tentation...
Communiqué : la Fédération Française de Cyclisme réagit
La Fédération Française de Cyclisme veut nettoyer le cyclisme amateur des fraudeurs