Ce mercredi soir, la mairie d'Auriac-du-Périgord présentera à ses administrés un projet de parc photovoltaïque d'une vingtaine d'hectares déposé par une société privée. Certains riverains dénoncent déjà ce projet, trop grand et impactant selon eux
De la Jamaïque au Périgord
L'Australie, la Jamaïque, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Suède, la Scandinavie, la Turquie... et maintenant, Auriac-du-Périgord.C'est un opérateur international de l'éolien et du photovoltaïque qui louche sur la petite commune de 430 habitants, nichée dans la vallée de la Vézère, à 7 km des grottes de Lascaux, entre Hautefort et Sarlat.
RES est un groupe international qui se vante d'être à l'origine de projets pouvant produire plus de 13 GW. L'équivalent selon lui de l'économie de 17 millions de tonnes de CO2 chaque année.
Des projets tous azimuth
En France, RES a notamment participé au projet éolien en mer de 500 MW à St Brieuc ( Bretagne ), au projet solaire du Puits Castan (Vaucluse) de 5 MW et au projet Souleilla-Corbières de 20,8 MW, le plus grand projet éolien en France lancé en 2002.
En Nouvelle-Aquitaine, l'opérateur a déjà réalisé plusieurs projets en Gironde (Hourtin), dans la Vienne, les Deux-Sèvres ainsi qu'en Dordogne, à Thiviers. Actuellement, un projet photovoltaïque similaire est d'ailleurs en cours d'étude à proximité d'Auriac-du-Périgord, sur des terrains communaux de Condat / Vézère.
20 000 panneaux, 11 000 Mégawatts
À Auriac-du-Périgord, le projet porte sur un parc de 12 hectares au milieu d'un terrain privé de 27 hectares, au lieu-dit Mazerat. Soit environ 20 000 panneaux.L'argumentaire de RES table sur une production de 11 000 MégaWatts par an, l'équivalent de la consommation de 5 000 foyers, soit 23% de la population de l'intercommunalité. Et l'économie de 23 tonnes de CO2. Le terrain sera loué au propriétaire pour une durée de 25 ans à l'issue desquels l'opérateur s'engage à remettre le terrain dans son état initial.
Des panneaux démontables
Et en attendant, les installations doivent permettre de conserver une activité de pâturage pour ovins, les panneaux étant suffisamment élevés pour le permettre.Le projet d'Auriac-du-Périgord est né en 2018. En décembre dernier, les premières études d'impact, paysagères et sur la biodiversité ont été entamées. Elles doivent se terminer à la fin du mois ce qui permettra à RES de déposer un permis de construire et de lancer une enquête publique au printemps 2020, après les élections municipales.
Si le processus aboutit, il faudra ensuite environ un an aux services de l'État pour instruire le dossier avant que la Préfecture ne rende sa décision.
Oui... mais
Ça, c'est le scénario prévu par RES, mais tout le voisinage ne signe pas des deux mains. Actuellement en train de se structurer en association de défense, certains riverains se sont déjà inquiétés de la proximité des habitations, et des risques de gêne visuelle. Suffisamment pour que RES ait déjà revu sa copie initiale à la baisse, le projet initial d'une vingtaine d'hectares de panneaux s'étant limité à 12.Les arguments des opposants
- L'implantation géographique illogique
L'intérêt du photovoltaïque étant de produire de l'électricité au plus proche du lieu de sa consommation, les opposants trouvent aberrant d'installer une centrale photovoltaïque d'une telle taille en zone rurale. En tout cas éloigné du centre urbain utilisant la production. Ils craignent que le choix de l'implantation du projet ait au contraire été fait en fonction de l'isolement du site.
- La disparition de dizaines d'hectares de zone agricole
Un contresens à l'heure où l'on se pose la question de l'avenir des ressources alimentaires.
- L'impact environnemental
Situé dans une zone connue pour la richesse de sa faune et sa flore, le projet nécessite un défrichage mettant à mal une zone partiellement boisée d'arbres anciens. Des arbres par ailleurs déjà eux-mêmes "puits" de carbone.
- L'impact touristique
Le site retenu dans la vallée de la Vézère n'est qu'à 7 km de Lascaux, le site majeur et hautement symbolique du tourisme de Dordogne.
- La gêne pour le voisinage
Les riverains craignent une gêne visuelle, mais aussi la contrainte d'être obligés de défricher chez eux à proximité des panneaux.
Avancer prudemment
Pour la mairie, l'heure est avant tout à la consultation et à la prudence. Dans son bulletin municipal d'août dernier, elle rappelait qu'il ne s'agit en l'état que d'un projet, et que de nombreuses études d'impact sur les habitations et l'environnement sont en cours ou allaient devoir être menées avant de présenter le dossier aux services de l'État afin d'obtenir les agréments nécessaires.La déclaration de projet devrait être déposée avant la fin de l'année après qu'aient été rendues publiques les études d'impact. Des éléments techniques qui permettront au conseil municipal de se prononcer pour ou contre l'implantation. S'il est favorable, il procédera à une révision du Plan Local d'Urbanisme pour en permettre la réalisation dans le cadre d'un projet d’intérêt général, assorti d'une enquête publique.