Mime, théâtre, musique... chaque année en Périgord, les festivals rythment l'été. Mais en cette période d'incertitude, les organisateurs des différentes manifestations sont fébriles. Ils attendent des annonces gouvernementales pour décider ou non du maintien de leur programmation.
"Pour l'instant, tout est maintenu". Cette phrase est répétée comme un mantra par la plupart des organisateurs de festivals en Dordogne. "En l'absence de consignes de la part de l'Etat, on garde le cap" assure-t-on par exemple du côté de MIMOS, qui draine chaque année, selon l'équipe directrice, près de 80 000 spectateurs dans la capitale périgourdine.
"Le concert d'ouverture aura bien lieu le 4 août dans l'abbaye de Saint-Amand-de-Coly", annonce pour sa part le Festival du Périgord Noir, dédié à la musique classique.
En réalité, tout le monde attend
Mais derrière ces annonces rassurantes se cache une inquiétude croissante. Et tous les regards sont désormais tournés vers l'Elysée, où Emmanuel Macron prendra la parole lundi soir. Jusqu'à quand durera le confinement ? Quelles seront les modalités du déconfinement ? Les rassemblements seront-ils de nouveau autorisés cet été ? Autant de questions qui conditionneront la tenue ou non des festivals estivaux partout en France.Franck Duval, adjoint au maire de Sarlat, ne peut dire à l'heure actuelle si les spectales prévus cet été dans la cité auront bien lieu. "Le déconfinement sera probablement progessif, suppose l'élu. Les manifestations publiques seront-elles autorisées cet été ? A titre personnel, je ne suis pas très optimiste." Le directeur artistique du festival, Jean-Paul Tribout, ne peut pas se prononcer, lui non plus : "Pour l'instant, il est urgent d'attendre : nous pouvons nous permettre d'hésiter jusqu'en juin. A ce moment-là, il faudra prendre la décision de maintenir ou d'annuler"."Le Festival des jeux du Théâtre aura-t-il lieu ? Bonne question..."
Certains prennent les devants
"Une chose est sûre, notre grande édition anniversaire n'aura pas lieu telle que nous l'avions imaginée", regrette Alain Labatut, le directeur du festival de Montignac "Cultures aux coeurs", consacré aux musiques et danses du monde.A l'occasion des 40 ans de la manifestation, une programmation riche et ambitieuse avait été concoctée : Mexique, USA, Colombie, Chili, Taiwan... 350 à 400 artistes venus des quatre coins du globe auraient dû se retrouver à Montignac du 27 juillet au 2 août. Mais aux contraintes nationales s'ajouteront les restrictions internationales, et les organisateurs préfèrent prendre les devants. "Nous sommes en pleine réflexion", explique le directeur du festival. "Si les consignes sanitaires nous le permettent, nous ferons tout de même une édition 2020, mais recentrée, avec davantage d'artistes locaux".
Le poids économique d'une annulation
Malgré l'incertitude, les organisateurs de festivals ont déjà engagé des frais importants en prévision de leur édition 2020. Et les sommes grimpent vite : le budget de MIMOS approche chaque année les 500 000 euros. Pour l'instant, les contrats ne sont pas encore signés avec les artistes, mais certains postes sont déjà dûs, comme les salaires ou la communication.A Montignac, le festival Cultures aux coeurs fonctionne avec 400 000 euros annuels. "Certaines sommes ont déjà été déboursées et, là encore, nous sommes dans le flou, avoue le directeur du rendez-vous de musiques du monde. Nous ne savons pas dans quelle mesure nous serons remboursés pour les annulations des billets d'avions, par exemple".
Jean-Paul Tribout, du festival de théâtre sarladais, ne compte pas sur les assurances : "Nous serions en présence d'un cas de force majeure, elles ne dédommageraient sans doute pas".J'ai discuté avec un collègue directeur de théâtre. Dans son contrat d'assurance, le motif d'épidémie était présent. Son assurance lui a rétorqué que ce n'est pas une épidémie, mais une pandémie !
Et au-delà des finances des festivals, c'est bien tout un secteur qui est menacé. Comédiens, techniciens, professionnels du tourisme comptent sur ces rendez-vous d'été pour assurer leurs revenus. Tous demeurent impuissants. Pour l'heure, une chose à faire : attendre... depuis chez soi.