Ils sont maires sortant tous les deux, et comptaient bien laisser la charge à d'autres en 2020. Mais ils ne peuvent pas, moralement. Car personne ne veut leur succéder, et ils se sentent l'obligation de ne pas abandonner leurs administrés.
Ils ont tous les deux dépassé l'âge de la retraite. Une retraite qu'ils auraient bien aimé passer à se consacrer à leur vie et à leur famille. Et pourtant, dans quelques semaines, ils seront dans les bureaux de vote, à attendre un résultat qui ne fait guère de doute : ils seront tous les deux réélus maires... malgré eux.
C'est que pour l'un ou pour l'autre, ils ne se sentent pas la lâcheté d'abandonner ce poste qu'ils ont occupé et auquel personne d'autre ne veut prétendre.
Je ne voulais pas y venir... mais on ne peut pas laisser la commune sans personne !
À Berbiguières, petit village niché dans une boucle de la Dordogne, 186 habitants au sud-est du département, pas de remplaçant pour José Chassériaud, 65 ans. L'enseignant à la retraite reconduira donc une liste, épaulé par 4 anciens conseillers municipaux et 7 nouveau-venus. Il a pourtant déjà beaucoup donné à sa commune, après deux mandats de 1er adjoint et deux mandats de maire.
Je ne comptais pas repartir... J'ai 74 ans. Si on amène 6 ans de plus, ça fait 80 ans.
À 4 kilomètres de là, même situation, même problème. Jean-Pierre André aussi, aurait bien laissé la charge à d'autres. Et à 74 ans, il aurait bien mérité de se reposer. Mais il ne veut pas non plus abandonner le poste et la responsabilité de ses 103 habitants. Et il n'ose même pas penser à ce qui se passera dans 6 ans.