Littérature : privés de salons, les petits éditeurs ont du mal à s'afficher

Si le confinement a été propice à la lecture, il n'a pas profité à tout le monde. La suppression des salons, festivals, foire aux livres et séances de dédicace a causé grand tort aux petits éditeurs en les privant d'une part essentielle de leur communication.

Dans le monde de la culture, il n'y a pas que celui du spectacle qui souffre de la situation sanitaire. Qu'ils soient purement régionalistes ou bien généralistes, les petits éditeurs locaux et indépendants ont vu leur notoriété fondre à vue d'œil cette année.

Et pour cause, l'une de leur principale vitrine sur le monde extérieur est restée close depuis des mois. Plus de festival, plus d'expositions, plus de rencontres entre auteurs ni entre les auteurs et leurs lecteurs, finis les échanges, les conférences et les séances de dédicace qui permettaient au public de faire de nouvelles découvertes littéraires, aux auteurs d'être découverts. Et aux éditeurs de fonctionner normalement.

Pour certains, cela représente une perte de 25% de leur chiffre d'affaire habituel. Pour se faire connaître et acheter, à défaut de foires et de salons, il ne reste que la vente par internet ou via les librairies. Mais, dans le monde de l'édition comme ailleurs, les plus modestes ne sont pas les mieux lotis.

Tout confondu, la filière du livre représente plus de 80 000 emplois en France, avec des situations extrêmement variées. C'est particulièrement le cas pour l'édition où les mastodontes historiques côtoient les petites entreprises personnelles les plus modestes.

Si de grandes maisons d'édition peuvent supporter le manque à gagner, et même profiter du confinement pour augmenter leurs tirages en s'appuyant sur leur notoriété, les plus petites ont du mal à rogner sur leurs marges. Ici, pas de best-sellers écrits par des célébrités qui garantissent le minimum, pas de grand groupe ni de confortables capitaux pour attendre que la situation s'améliore.

Dans une tribune collective publiée dès avril dernier, les maisons d'éditions indépendantes tiraient la sonnette d'alarme, rejointes par de nombreux libraires et auteurs.

Jacky Tronel a lancé sa maison d'édition Secrets de Pays il y a 6 ans. Chiffres à l'appui, il résume bien sa problématique, un des ses livres à la main : " Pour l'envoyer par la poste, c'est 9,12 €uros. Un livre vendu 22 €uros, quand c'est un libraire qui me le commande, il y a 30 % pour le libraire, 10% de droit d'auteur, vous voyez ce qu'il peut rester !"

La fibre littéraire chevillée au corp, Jacky Tronel persiste malgré tout. Il a sorti plusieurs ouvrages en pleine période de crise, et les projets suivant sont déjà dans les cartons. Tant que ces petites maisons existeront, certains auteurs pourront continuer à étoffer le paysage culturel français, et offrir une alternative à l'édition "industrielle". Il serait vraiment malheureux pour la richesse de la pensée que l'édition indépendante soit une des prochaines victimes de cette pandémie.

 

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